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P.O.L.
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D'où vient l'amour en nous ? Comment se construit cette forme particulière et unique, si différente chez chacun d'entre nous que souvent nous ne la comprenons pas chez l'autre : l'amour ? Le passé la crée peu à peu, tissage de récits déformés, de fables inventées, de mythes personnels, histoires de famille : nous héritons l'amour comme on nous lègue un meuble.
Et puis les livres, ce qu'ils nous ont appris de la passion, de la souffrance et du plaisir - pages bâtissant des sentiments, des sensations, un monde, éternel roman du coeur entre illusion et vérité, corps et âme. L'amour, c'est des mots.
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Un cinéaste, ayant entendu la narratrice lire à la radio un court récit intitulé L'homme de ma mort, lui demande si elle accepterait de développer pour lui cette histoire, qu'il voudrait adapter à l'écran. Après des hésitations dont elle s'explique, elle entreprend de lui raconter en détail cet épisode de sa vie. La narration est constituée presque uniquement d'une suite d'e-mails adressés au cinéaste, qui vit à l'étranger. Ces messages font alterner des récits au passé, des propositions de scènes cinématographiques dialoguées, des fragments réflexifs sur la difficulté ou l'incapacité d'aimer. Le sujet du film (et donc du roman) est en effet celui-ci : un homme, Arnaud, s'éprend passionnément d'une femme (la narratrice, baptisée Hélène), donne tous les signes d'un amour vrai, puis, presque aussitôt, se déprend d'elle et manifeste indifférence, haine ou mépris. Tous les signes s'inversent sans motif apparent.
La narratrice tente de cerner l'inconstance, la versatilité du sentiment amoureux, la douleur de ce qui ne dure pas. Elle cherche un sens à ce qui, semble-t-il, n'en a pas. Elle scrute sans relâche la frontière entre ces deux phrases : je t'aime/je ne t'aime plus, entre ces deux images : l'éclat du premier regard (le flash amoureux) et le dégoût du dernier regard. Comment « l'homme de ma vie » devient-il « l'homme de ma mort » ? Qu'est-ce qui s'est passé entre les deux ? Qu'est-ce qui a passé ? Tout le roman est vrillé autour de cette question : pourquoi « ça ne marche pas ? ». Il se présente comme une sorte de polar psychique : on enquête sur la disparition de l'amour, on interroge les témoins ou les complices (les parents d'Arnaud, la soeur d'Hélène, etc.), on tente d'établir les responsabilités (Qui est coupable ? Est-ce toi, est-ce moi ? Ou bien ni toi ni moi ?), on en cherche les causes aussi profond que possible, quitte à aller voir du côté de l'inconscient.
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Rencontrer un mot comme on rencontre quelqu'un.
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Les mots ont un grain - comme on dit le grain de la voix, le grain de la peau, bien sûr, mais aussi, au fond, comme on parle des fous, des marginaux : chacun d'entre eux est un original, une pièce unique.
D'avoir été prononcés tant de fois, déformés par les lèvres ou polis par les livres, de nous avoir émus dans la beauté des oeuvres ou la bouche d'autrui, ils ont acquis la densité et la profondeur merveilleuse d'une terre dont nous rêvons d'être un jour les archéologues : les mots sont faits de notre vie qui sédimente.
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Je suis l'homme.
N'est-ce pas merveilleux ? Un homme qui s'avance et qui dit : je suis l'homme. Il faudrait pouvoir se planter en face, yeux dans les yeux, et dire : je suis la femme. Rien d'autre - simplement ceci, tel que je vous le dis maintenant, tel que vous l'entendez : je suis la femme.
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Est-ce bien raisonnable, lorsqu'on a écrit un roman autobiographique, d'assister au tournage du film qui en est tiré, et, sur le plateau, de s'intéresser à un homme simplement parce qu'il porte le prénom d'un autre ? Ne devrait-on pas plutôt oublier le passé, aller de l'avant ? Personnellement, l'avenir ne m'a jamais tellement réussi ; mais cette fois, j'ai un plan.