Par deux fois, la famille Herbet est convoquée à la préfecture de Marseille. Dès le premier courrier, Célestin, le fils aîné, a pressenti un danger. Dans un pays où, cinquante ans plus tôt, on encourageait les immigrés à s'assimiler, voici qu'un fonctionnaire demande à ses parents de reprendre leur nom d'origine. C'est le point de bascule. Ce patronyme, devenu synonyme d'altérité, bouleverse la vie de toute la famille, la met en danger, la fait cible des milices citoyennes qui s'organisent. Célestin, qui entretient un rapport particulier avec le réel, s'échappe une nuit par les toits.
Commence alors un long voyage, une succession de jours durant lesquels le jeune homme se faufile dans une région quadrillée de contrôles policiers. Au cours de cette cavale, il va devoir apprendre le renoncement, comprendre l'exil.
Denis Lachaud compose depuis vingt ans une oeuvre forte et singulière, ancrée dans l'actualité. Et écrit encore une fois, avec cette fable contemporaine glaçante, toutes les déviances de l'humanité.
Une femme vit dans un pavillon caché au fond d'un jardin arboré.
Face à elle, son compagnon s'installe pour le petit-déjeuner, un certain Roland, qui paraît pointilleux : ses gestes, sa voix, sa façon de toucher les cheveux d'Ingrid, tout semble se produire selon un rituel auquel elle se plie à la perfection.
Au sol, un trait de peinture délimite l'espace de la cuisine, le souligne. Un trait blanc que cette femme ne franchit jamais pour s'avancer dans le couloir le temps d'accompagner Roland chaque matin jusqu'à la porte d'entrée. Un trait qui semble tracé dans sa tête...
Ingrid reste à l'intérieur de la grande maison. Rosalie, leur fille, est avec elle. Autour de son lit des livres recouvrent les murs. Il n'y a pas de fenêtre dans sa chambre.
Que se passe-t-il dans la tête d'Ingrid, cette femme au léger accent nordique ? Pourquoi demeure-t-elle ainsi immobile, retenue, enfermée, empêchée ? Quel trouble relationnel peut ainsi régir deux vies jusqu'à l'invisibilité ?
Ce livre se situe au centre de cette énigme. Un roman inquiétant, des personnages envoûtants que Denis Lachaud interroge à l'extrême pour circonscrire l'ampleur et le rôle de la contrainte comme moteur ultime de la révélation de soi. Un roman vertigineux, en déséquilibre parfait sur le fil de la violence, fil blanc tel un trait silencieux, qui déconstruit l'individu tout en ouvrant en lui un passage insoupçonnable vers le double jeu salvateur.
En 2016 Antoine Léon est arrêté, il est condamné à vingt et un ans de prison. En 2037, le groupe des 68 s'installe dans le jardin Marcel Proust à Paris. Ces jeunes gens ne veulent plus d'une démocratie nauséabonde et violente. Leur histoire est celle du passage à l'acte qui ne serait plus issu d'une idéologie mais bien du vécu de l'individu, celui d'un être simple, d'un quidam, d'un vivant. Celui d'un être qui marche puis court vers la possibilité du sursaut. Un sursaut qui se décuple et qui pourrait bien enfin changer le monde.
Dans les années soixante-dix à paris, une famille allemande vit dans le refus de ses origines.
Les wommel ont trente-cinq ans, ils sont installés en france depuis près de dix ans. leur fils ernst va entrer en sixième et, contrairement à son frère aîné, il ne peut accepter le silence qui entoure leur histoire. il décide d'apprendre l'allemand, la langue de ses parents, celle qu'ils ne parlent jamais.
Comme un passeport pour le passé, cet apprentissage devient très vite le moyen par lequel ernst espère retrouver ses racines.
A quatorze ans, il part en allemagne avec sa classe et rencontre rolf, son correspondant, avec qui il vivra une tendre amitié. ce pays lui est enfin ouvert, il y retournera chaque année. avec la complicité de son camarade allemand, ernst persévère dans ses recherches et finit par retrouver son grand-père, qu'il croyait mort...
Déraisonnable :
Un soir, alors qu'elle joue Marie Tudor de Victor Hugo dans un théâtre parisien, une actrice disparaît. Elle part en mission. Elle erre entre Paris, le bois de Vincennes et la banlieue pendant quarante-huit heures, avant que la police la retrouve, épuisée, hagarde.
Florence souffre d'un trouble bipolaire, mais elle ne le sait pas encore. Ce trouble vient néanmoins d'abîmer sérieusement sa carrière.
Dans Déraisonnable, Florence explore son histoire, ce qu'elle est capable a posteriori d'identifier comme les premiers symptômes de la maladie, puis les crises émaillant son parcours d'actrice, le moment du diagnostic, un premier traitement qui ne lui convient pas et finalement, à l'aube de la cinquantaine, la stabilisation de son état par le lithium.
Chemin faisant, elle replonge dans son enfance tourmentée, revisite les traumatismes qui ont pu concourir à la fragiliser. Elle dissèque avec une grande acuité son rapport au monde de la psychiatrie, soignants et institutions.
Mon mal en patience :
Un auteur observe la vie quotidienne dans différentes unités psychiatriques. Il s'intéresse tout autant aux équipes de soignants qu'aux patients séjournant à l'hôpital. Il assiste aux entretiens entre psychiatres et patients, aux réunions d'équipe pendant lesquelles le responsable d'unité fonctionnelle, les internes, externes, infirmières, aides-soignants et agents hospitaliers discutent ensemble de l'état des personnes hospitalisées dans le service, de son évolution, tentent d'établir un diagnostic pour les nouveaux...
L'auteur suit les ateliers de pratique artistique, danse et théâtre, il s'entretient avec eux en tête dans leur chambre. Alors qu'il cherche à saisir tous les aspects de la pathologie schizophrénique, un monde s'ouvre à lui.
«La Magie lente» : C'est l'histoire d'un homme, violé par son oncle pendant plusieurs années. C'est le lent et difficile travail de mémoire d'un homme, pour réussir à reconnaître ce viol et surtout à le nommer.
«Survie» : C'est l'histoire d'une survivante. Notre histoire. L'histoire de la fin du monde et de l'arrivée du prochain.
«La Rivière» : Trois frères entreprennent de vider une maison de famille. Disparition des parents ? Vente d'une résidence de vacances ? On le découvrira au fur et à mesure. Chacun trie ce qui lui paraît souhaitable de jeter ou de garder. Et, parmi les trésors anciens mis à jour, apparaissent des objets qui ravivent des souvenirs. Un jouet oublié, un instrument de musique... Peu à peu, ils plongent dans leur passé.
Frédéric, dix-sept ans, suit ses parents à travers l'Europe, d'un déracinement à l'autre, profondément menacé dans son propre équilibre. Mais après Paris, Oslo et Berlin, la famille débarque à Tel-Aviv et le jeune homme découvre la singularité d'Israël - un pays et une langue qu'il pourrait peut-être enfin faire siens, parce que si proches de lui dans leurs rapports complexes à l'identité, au territoire et à l'appartenance.
Un enfant de cinq ans vit avec ses parents en banlieue parisienne, dans la cité des fleurs, un immeuble isolé au milieu des rails d'une gare de triage.
La nuit, tom entend le hurlement des trains aux abords de son lit. au matin, il joue seul dans les escaliers car il est rejeté par les enfants de l'école qui l'appellent " tapette ". au fil des années, tom se réfugie dans l'imaginaire. auprès de son amie véronique, il se sent en sécurité, mais à huit ans sa vie bascule. lors d'un voyage scolaire, les garçons de sa classe parviennent enfin à lui faire payer sa différence.
Jouant du vrai et du faux, denis lachaud aborde le thème du choix identitaire dans ce qu'il peut avoir de plus ambigu. entre fiction et réalité, désir et résistance, ce roman construit en puzzle réserve bien des surprises.
Pauline, tombée dans le coma à la suite d'un accident, est plongée au cour d'intenses et étonnantes discussions entre son cerveau.
Son inconscient et ses organes. tout ses sens sont en alerte. pauline se souvient, rêve et cauchemarde jusqu'au réveil tant attendu.
Une jeune femme s'éprend, lors d'un dîner, de celui qu'elle pense être l'homme de sa vie.
Très rapidement, elle se marie, et s'enferme bientôt dans un rôle qui ne lui ressemble pas : elle arrête de travailler, devient "l'épouse de", et laisse son désir s'évanouir sans réagir. quatre ans plus tard, elle quitte son mari. l'indépendance retrouvée lui offrira l'occasion de considérer sous un nouveau jour cette histoire d'amour. comment une trentenaire d'aujourd'hui peut-elle être libre et libérée, avoir des amants, un mari, ou les deux à la fois, ne pas forcément désirer un enfant, avoir un métier, du pouvoir ? c'est avec sensibilité que denis lachaud tente de répondre à ces questions, en confrontant son personnage aux insidieuses limites de sa liberté.
L'Archipel.
Pour les élèves, la classe est un lieu habituel, un espace banal dans lequel s'inscrit le quotidien. Pour les deux comédien·ne·s, la classe est un archipel. Chaque table est une île, des îles suffisamment proches les unes des autres pour qu'on puisse sauter d'un bond de l'une à l'autre et jouer juste au-dessus des élèves assis à leur place, comme à leur habitude?; jouer avec cette extraordinaire proximité.
Un jeune homme et une jeune femme entrent dans la pièce comme s'ils sortaient d'un semi-remorque. Ils sont originaires d'Afghanistan, Albanie, Bangladesh, Côte d'Ivoire, Érythrée, Inde, Mali, Maroc, Pakistan, Soudan ou Tunisie... Ils sont venus se mettre à l'abri dans un espace fermé le temps de reprendre leur souffle. Tout ce que racontent ces deux personnages de leur vie et de leur périple résonne avec ce que les élèves vivent jour après jour, résonne avec le phénomène de l'apprentissage. Il est question de difficulté, d'effort, de courage, de désespoir, d'enthousiasme, d'euphorie, de déception, de fatigue, de repos, de pugnacité...
NBA.
N est d'origine africaine subsaharienne, B d'origine caucasienne et A d'origine maghrébine.
N, B et A sont trois hommes, ou bien N, B et A sont trois femmes.
N, B et A ont moins de trente ans.
Une mère de famille décide de tout quitter pour se retrouver elle-même. Elle rejette définitivement ses enfants devenus adulte et son mari. Son dialogue intérieur, entre l'une et l'autre, les deux facettes d'une seule femme, précise les raisons de cette radicale séparation.
Dans une grande ville portuaire, sur les bords de l'océan, l'industrialisation a peu à peu supplanté l'activité ancestrale des pêcheurs, d'énormes paquebots en fabrication dans la forme profonde sont à l'image de la puissance et de l'évolution des lieux.
Rue des marsouins tout est différent, cette impasse est protégée de la frénésie des ports par un escalier qui se jette vers la mer. les enfants grandissent dans la rue en toute sécurité, sans déranger personne. leurs parents se côtoient, se fréquentent pour certains, ou s'ignorent simplement. mais l'été va peser sur les habitants de l'impasse. la violence ordinaire va s'insinuer dans le clan des enfants, bouleverser les destins sans faire de vagues.
Une violence imperceptible par les parents, mais à la hauteur de leurs propres mensonges, et de ce territoire impalpable et pourtant si maîtrisé du paraître. entre peur de l'interdit et faux-semblants, qu'en-dira-t-on et jeux de rôles, rue des marsouins l'été passe en silence.
l'avion vient de tomber.
tout n'est plus que débris et silence. un homme sort de la carlingue éventrée, aperçoit lindsay qui, comme lui, semble avoir survécu, et s'empresse de lui porter secours. lentement ces deux êtres s'enfoncent dans la forêt, se soutiennent, tentent d'éloigner cet enfer qui ne les quittera plus. après de longues heures de marche les secours arrivent enfin, épuisé l'homme perd connaissance en laissant lindsay face au présent d'une vie à jamais modifiée.
mais la peur partagée est un lien singulier, une dépendance qui vous attache à l'autre sans la moindre mise en scène, le moindre échange, sans la moindre séduction préalable. et si lindsay joue la comédie depuis de nombreuses années sur les scènes londoniennes, si sa quarantaine l'autorise parfois à entrevoir les arcanes du désir, le destin cette fois a placé sous ses pieds un drôle d'échiquier sans masque ni parade et sans texte étudié.
prendre le train, traverser la manche, rejoindre l'homme de la forêt, cet étranger intime, celui qui saura comprendre l'enjeu de cette chance ultime : avoir survécu, tel est le projet de lindsay. un roman dans lequel la peur est soudain dans l'oeil du cyclone puis de nouveau s'apprivoise à travers le regard d'un personnage haut en couleur, tendre et excessif comme un enfant ayant perçu le sens de la vie et l'espoir de grandir.
J'existe dans trois lieux différents : la maison, l'école et le terrain de foot. J'ai pas choisi les deux premiers mais j'y vois aucun inconvénient. Dès que j'ai eu l'âge qu'il faut avoir, je me suis inscrit au foot. Foot est le mot qui dit pied en anglais et vraiment je pense que le foot, c'est le pied. Voilà un sport qui a l'air simple comme bonjour quand on regarde un match à la télé mais sur le stade, avec les chaussures à crampons et tout, c'est beaucoup plus compliqué.
Jean essaie d'imaginer la maison sur le terrain. Il a vu les plans. Il essaie d'imaginer le sol transparent, il y parvient. Il voit alors la maison posée sur de fins pieux métalliques aussi longs qu'elle est haute (douze mètres), la maison vole dans un ciel blanc, prête à se visser sur une immense table de salle à manger.
Jean se concentre. La table disparaît. La maison survole le terrain et l'homme inépuisable bondit au-dessus des ronces. Jean se détend.
Jean a une personnalité complexe. Il est sans cesse ballotté entre l'homme inépuisable qui régule ses journées et l'homme imprévisible qui les perturbe. Sur les conseils de son praticien, il participe à la construction d'une maison collective écologique. Ainsi débute une thérapie originale.
Denis Lachaud poursuit son exploration de la schizophrénie, et nous livre la chronique d'une tentative de reconstruction de cet édifice délicat qu'est l'équilibre psychique.
Les dessins d'Ulrika Byttner se superposent, s'entrelacent, forment une nuée de messages où l'oeil se perd, tandis que notre esprit réinvente le sens des choses et les liens qui les animent.