Le soleil lui chauffe la nuque. L'été ne veut pas finir. Sans prévenir, les cloches de l'église se mettent en branle, quatre coups amples, tonitruants, répercutés dans le ciel de la vallée.
Automne 1988. Il y a le clocher, la place du village, des vignes à perte de vue. Près de la cabine téléphonique, assis sur leurs mobylettes, des jeunes s'ennuient.
Les gosses ont repris le chemin de l'école. Les anciens s'inquiètent de la météo, des vendanges. Un monde en apparence immuable ;un monde pourtant proche de sa fin.
Survient l'incendie. Une grange part en fumée. Accident ? Acte criminel ? Les esprits s'échauffent, de vieilles rancunes e réveillent, les rumeurs courent. Tous les regards se portent sur Gildas, le mauvais garçon, le marginal.
Gazoline, c'est le roman d'un village, d'une époque, dans lequel une poignée de fi lles et de garçons brûlent, sous l'oeil de leurs aînés, d'un farouche désir de grandir.
On les laisse patienter un bon moment, muets comme des ombres, dans cette cathédrale du Code pénal. Certains occupent leur hébétude sur l'écran de leur téléphone, d'autres s'intéressent à leurs chaussures.
Cour d'assises de Paris. Walid Z., un jeune de quartier parvenu par de brillantes études à se hisser jusque dans l'intimité de la bourgeoisie parisienne, risque la peine de mort par décapitation.
Que vient faire la guillotine dans ce décor si familier ?
Pendant trois jours, les témoins se succèdent à la barre. À mesure que s'esquisse le portrait d'un ambitieux et qu'on interroge sa culpabilité, se dévoile une autre France, parfaitement crédible, où l'extrême droite a pris le pouvoir. Implacable, ce roman choral se déploie comme la suite tragique de notre « roman national » - son ultime chapitre.