L'action d'Ulysse se passe en un jour, à Dublin, en 1904. Le personnage d'Ulysse est un petit employé juif, Leopold Bloom ; Stephen Dedalus, jeune Irlandais poète, est Télémaque ; Marion, femme de Bloom et qui le trompe, est Pénélope. Rien n'arrive d'extraordinaire au cours de cette journée. Bloom et Dedalus errent dans la ville, vaquant à leurs affaires, et se retrouvent le soir dans un bordel. Chaque épisode correspond à un épisode de L'Odyssée.
Mais la parodie débouche sur une mise en cause du monde moderne à une époque de muflisme. Joyce exprime l'universel par le particulier. Bloom, Dedalus, Marion sont des archétypes. Toute la vie, la naissance et la mort, la recherche du père (Dedalus est aussi Hamlet), celle du fils (Bloom a perdu un fils jeune), toute l'histoire sont contenues en un seul jour. C'est à Rabelais, à Swift que l'on peut comparer l'art de Joyce qui a écrit, dans Ulysse, la grande ouvre épique et satirique de notre temps.
Un pont ? Bien sûr que les habitants de Beaugency en voulaient un, mais que leur en coûterait-il ? «Pas un sou, dit le diable, tout ce que je demande, c'est que la première personne qui passera le pont m'appartienne.» Une légende drôle et malicieuse à raconter aux petits, et que les plus grands liront avec plaisir.
Après la publication en 1907 de poésies de jeunesse, James Joyce publie en 1914 un recueil de nouvelles commencé dès 1902. Il s'agit de Dublinois. Quelle surprise pour les lecteurs de découvrir ces quinze nouvelles, si sages, si classiques, si claires.Dans ce livre, Joyce décrit, avec un sens profond de l'observation, les moeurs de la bourgeoisie irlandaise, l'atmosphère trouble et le destin tragique de la société de l'époque. Les thèmes favoris de Joyce, l'enfance, l'adolescence, la maturité, la vie publique sont ici incarnés par divers types d'habitants de Dublin, «ce cher et malpropre Dublin» que Joyce aimait tant.
Dans ce roman autobiographique, l'auteur raconte son enfance et sa jeunesse à Dublin, son éducation chez les jésuites, ses révoltes contre ces mondes clos et sa libération par la vocation artistique. Le style va du réalisme brutal à la plus grande poésie, de l'ironie à l'émotion. Joyce y donne avec clarté sa vision du réel et de l'imaginaire.Premier succès achevé de Joyce, terminé vers 1914, ce roman de formation est un document capital sur Joyce et annonce ce que sera, en 1922, Ulysse.Cette édition du Portrait de l'artiste en jeune homme remplace l'ancienne édition de Dedalus.
Traduit pour la première fois dans sa version intégrale, Finnegans Wake, oeuvre rebelle, s'exprime par épiphanies, telles que définies dans Ulysse - c'est-à-dire ces instants où les mots comme des photons reconstituent la figure d'interférence, visible seulement dans sa frange brillante. Pour certains, la révolution est à peine suffisante. Ils partent, hantent les asiles dont ils font une bibliothèque, habitent les prisons où flotte le feu de leurs rêves, créent un pseudo-langage qui n'est plus entendu mais reconnu de leurs seuls semblables. Errants jusqu'à l'inconsistance, telle la révolutionnaire russe Alexandra Kollontaï : «... Comme j'aimais Kuusa en septembre... l'odeur des pins et, comme des toiles d'araignées tendues entre eux, les nuages chargés de rosée, au matin.»Philippe Lavergne.
Légendaire par ses héros éponymes, l'oeuvre de Joyce l'est encore par la manière dont elle a affirmé sa présence dans la littérature. Oeuvre canonique, référence obligée de la critique, elle s'impose maintenant au lecteur moderne avec toute la force que souhaitait son auteur. Elle est, pour tous les hommes du vingtième siècle, ce qui doit être lu et relu : tel est bien le sens de son accès à la Bibliothèque de la Pléiade, accès qui fut agité pour la première fois, en vain, au moment où l'Irlande, elle, de légende, redevenait histoire. Il est cependant moins important de s'interroger sur une incompréhension passée que sur une méconnaissance aussi actuelle que générale : car il est peu d'oeuvres qui aient aussi bien réussi à décourager son lecteur. Que se passe-t-il donc dans cet agencement de textes, qui leur confère cette insistance, faite de présence fabuleuse et d'inaltérable faculté de s'éluder ? C'est sans doute qu'ils participent à cette «restitution des lettres» qui est le propre de toutes les Renaissances. Peut-être ce dernier vocable prête-t-il à malentendus. Disons alors ceci : l'oeuvre de Joyce culmine sur un livre, Finnegans Wake, auquel fut consacré la moitié de son existence d'écrivain. Plus explicitement encore que son prédécesseur Ulysse, il est placé sous le signe du Phoenix. Mais il est révélateur que ce Phoenix soit un parc, un champ, un lieu en définitive identifiable au livre lui-même. Tel est bien ce que Joyce n'a cessé de viser : la restitution des lettres au livre, à ce champ symbolique de l'homme qui n'existe que pour être donné à lire, et donner à relire.
Légendaire par ses héros éponymes, l'oeuvre de Joyce l'est encore par la manière dont elle a affirmé sa présence dans la littérature. Oeuvre canonique, référence obligée de la critique, elle s'impose maintenant au lecteur moderne avec toute la force que souhaitait son auteur. Elle est, pour tous les hommes du vingtième siècle, ce qui doit être lu et relu : tel est bien le sens de son accès à la Bibliothèque de la Pléiade, accès qui fut agité pour la première fois, en vain, au moment où l'Irlande, elle, de légende, redevenait histoire. Il est cependant moins important de s'interroger sur une incompréhension passée que sur une méconnaissance aussi actuelle que générale : car il est peu d'oeuvres qui aient aussi bien réussi à décourager son lecteur. Que se passe-t-il donc dans cet agencement de textes, qui leur confère cette insistance, faite de présence fabuleuse et d'inaltérable faculté de s'éluder ? C'est sans doute qu'ils participent à cette «restitution des lettres» qui est le propre de toutes les Renaissances. Peut-être ce dernier vocable prête-t-il à malentendus. Disons alors ceci : l'oeuvre de Joyce culmine sur un livre, Finnegans Wake, auquel fut consacré la moitié de son existence d'écrivain. Plus explicitement encore que son prédécesseur Ulysse, il est placé sous le signe du Phoenix. Mais il est révélateur que ce Phoenix soit un parc, un champ, un lieu en définitive identifiable au livre lui-même. Tel est bien ce que Joyce n'a cessé de viser : la restitution des lettres au livre, à ce champ symbolique de l'homme qui n'existe que pour être donné à lire, et donner à relire.
On sait que Nora joua un rôle essentiel dans la création des grandes figures féminines de l'oeuvre de Joyce : Gretta, Bertha, Molly, Anna Livia renvoient sans cesse en écho au mystère de la féminité, sur lequel il n'a cessé de s'interroger et dont Nora représentait pour lui le modèle vivant à travers ses infinis avatars.
Les lettres de James Joyce à Nora se concentrent sur deux grandes périodes. 1904, d'abord ; l'année de leur rencontre : de juin à décembre 1904, une douzaine de lettres font une chronique passionnée et émouvante de la naissance d'une relation amoureuse, avec ses envolées romantiques, ses moments de doute et ses morsures de jalousie. L'autre moment fort de cette correspondance, ce sont les lettres qui vont d'août à décembre 1909. Joyce est à Dublin et Nora est restée à Trieste. Les conversations que Joyce va avoir avec ses anciens amis à Dublin vont rapidement semer en lui le doute sur la fidélité de Nora et donner naissance à une série de lettres qui, dans leur mélange de passion amoureuse, de jalousie, de franchise sexuelle et parfois d'obscénité, sont un extraordinaire document.
Au titre-jeu de mots, ce recueil a paru pour la première fois en 1927, vingt ans après Musique de chambre, qui lui avait valu l'admiration de poètes déjà reconnus, notamment Ezra Pound et T.S. Eliot. Avant d'être romancier, Joyce est d'abord poète ou... poémier.
Pour lui, la poésie est un jeu, «art mineur», dit-il, mais aussi un laboratoire de recherches linguistiques. Tout le ressort de l'oeuvre romanesque se retrouve là, dans ces po(è)mmes. Pourtant, sans jamais cesser d'être des jeux de l'esprit, ceux-ci distillent un sentiment de désenchantement. Ils sont en effet marqués du sceau d'une dérive, physique (Dublin, Trieste, Zurich et Paris) et morale. Ils sont amers. Les pommes d'or du jardin des Hespérides réservent des surprises... «Tout un monde dans une coquille de noix.» Édition bilingue.
James Joyce est peut-être l'écrivain qui a concentré plus que tout autre son oeuvre autour de lui-même et des circonstances de sa vie. Stephen le héros est ce qui reste d'une première autobiographie.Stephen est l'auteur lui-même, et ce récit couvre ses deux années d'université à Dublin. Lui et ses amis se passionnent pour tout ce qui a trait à l'art, à la littérature, à l'amour. Nous voyons aussi Joyce s'indigner de la paralysie spirituelle des Irlandais et de l'ineptie de l'Église catholique d'Irlande.Stephen le héros est nécessaire pour comprendre celui qui allait devenir l'auteur d'Ulysse, et l'un des écrivains majeurs de la littérature universelle.
« Little Chandler accéléra l'allure. Pour la première fois de sa vie, il se sentait supérieur aux gens qu'il croisait. Pour la première fois son âme se révoltait contre l'inélégance de Capel Street, si morne. Aucun doute, si on voulait réussir, il fallait s'en aller. À Dublin, on ne pouvait rien faire. » - Une occasion d'entrer de façon aisée dans l'oeuvre de l'auteur d'Ulysse.
- Une série d'instantanés photographiques d'existences dublinoises au début du vingtième siècle : un modeste employé de bureau soudain pris de rêves de grandeur (Un petit nuage), un vieux garçon près de découvrir enfin l'amour (Un cas douloureux), une bande de jeunes et joyeux fêtards lors d'une nuit de goguette (Après la course), deux séducteurs en goguette arpentant le bitume (Deux galants), les aléas d'une idylle entre la fille de la patronne et l'un des locataires d'une pension de famille (La pension de famille).
Written over a seven-year period, from 1914 to 1921, this book has survived bowdlerization, legal action and controversy. The novel deals with the events of one day in Dublin, 16th June 1904, now known as "Bloomsday". The principal characters are Stephen Dedalus, Leopold Bloom and his wife Molly.
Exils, seule pièce de Joyce qui ait survécu, recèle des trésors. Véritable laboratoire donnant accès au coeur de l'oeuvre, elle explore hardiment la cruauté et la jalousie des amants. Jouant sur la structure du marivaudage classique - deux hommes et deux femmes se trouvent pris dans un quadrille où la tromperie le dispute à la franchise la plus crue -, elle interroge sans relâche la relation amoureuse. Annonçant le théâtre de Beckett et de Pinter, la pièce ne conclut jamais. Une vertigineuse spirale d'introspection et de questionnements de plus en plus angoissés amène à poser la question ultime : que veut dire se donner à quelqu'un?
Entre 1901 et 1904, James Joyce annonce à plusieurs reprises son désir de composer un recueil d'épiphanies. Plus tard, une définition de son projet apparaît dans Stephen le Héros.
In "Dubliners", completed when Joyce was only 25, the author produced a definitive group portrait. The book is rooted in an accurate apprehension of the detail of Dublin life. The author also wrote "Ulysses" and "Portrait of the Artist as a Young Man".
"Il brûlait d'être seul avec elle. Lorsque les autres seraient partis, lorsque lui et elle seraient dans leur chambre d'hôtel, alors ils seraient seuls ensemble. Il m'appellerait doucement :
- Gretta !
Peut-être n'entendrait-elle pas tout de suite : elle serait en train de se déshabiller. Puis, quelque chose dans sa voix la frapperait. Elle se tournerait et le regarderait." Deux des plus célèbres nouvelles du grand écrivain irlandais.
Depuis 1903, Joyce est à Trieste. Grâce à l'intervention de Svevo, Joyce peut enseigner l'anglais à l'école Supérieure de Commerce.
Durant les premiers mois de l'année 1913, il soure à nouveau de ses yeux et fait d'autres tentatives an de faire publier Dubliners tout en avançant dans l'écriture du Portrait et commençant Ulysse.
Est-ce par lassitude de voir son premier livre refusé ou par peur de se voir vieillir - il a passé la trentaine -, toujours est-il que, malgré son lien avec Nora dénitivement noué, il va s'amouracher d'une de ses élèves, Amalia Popper. C'est une jeune et jolie juive. Son attirance n'est que physique et il garde toutes ses distances. Comme, jeune homme, il avait aimé en secret Mary Sheehy, il se prend d'adoration pour Amalia lui faisant une cour discrète, digne d'un collégien. Cela durera plusieurs mois et, surtout, cette expérience provoque l'écriture de Giacomo Joyce. Son manuscrit, conservé par Stanislaus, ne sera publié que de façon posthume. Cet étrange poème en prose est des plus précieux ; il représente une étape majeure entre l'écriture du Portrait et celui d'Ulysse.
Sa révision de la syntaxe et de la ponctuation est omniprésente présageant le chef-d'oeuvre à venir. Ce texte va mélanger, selon son voeu de jeune homme, le tragique et le comique, le trivial et le sublime. Nous y voyons naître son autodérision. Entre idéalisation et répugnance, la polysémie domine et les ellipses fulgurantes.
Bien davantage que dans ses Épiphanies, dans Early Poetry nous trouvons, déjà, le Joyce de Chamber Music, des Pomes Penyeach, de Giacomo Joyce et le Stephen Dedalus du Portrait et de l'épisode «Protée» d'Ulysse.
Le présent recueil contient, de plus, une dizaine de poèmes entièrement inédits en français.
« Avec la découverte récente de quelques pages de brouillons égarées, c'est le chaînon manquant entre Ulysse et Finnegans Wake qui a été mis au jour.
Pour se relancer alors qu'il traversait une période d'incertitude, Joyce s'est mis à écrire de curieuses vignettes sur des thèmes irlandais. Ces petits textes, apparemment simplistes, sont les germes de ce qui deviendra le plus complexe des chefs-d'oeuvre du vingtième siècle.
Nous publions ici pour la première fois, dans la langue originale et en traduction française, le coeur de cet ensemble qui s'organise autour de la légende de Tristan et Iseult et notamment du premier baiser des deux amants. Joyce s'efforce de décrire, dans une veine tantôt grotesque, tantôt lyrique, ce baiser, présenté aussi bien comme un événement cosmique que comme un flirt sordide. L'étreinte se déroule sous le regard libidineux de quatre voyeurs séniles, dont les divagations donneront le ton et fixeront le style de Finnegans Wake.
Ces textes nous révèlent un aspect inattendu de la démarche créative de Joyce et offrent une voie d'accès à qui voudrait commencer à s'aventurer dans l'univers si intimidant de sa dernière oeuvre.» Daniel Ferrer.
Anna Livia Plurabelle est le chapitre le plus illustre de Finnegans Wake. T. S. Eliot le publia en petit volume chez Faber & Faber en 1930 dans une première version.
Il connut, du vivant de Joyce, plusieurs traductions auxquelles il participa. Et enn, alors qu'il lui était possible de faire un enregistrement de lui-même lisant un extrait de son ultime ouvrage, c'est un extrait de ce chapitre qu'il choisit.
Anna Livia Plurabelle est l'un des sommets du Wake et son chapitre le plus autonome.
S'il introduit, d'autre part, si bien à l'ensemble c'est qu'il donne merveilleusement à entendre la singularité du chant joycien, sa tendresse, son humour et ses inventions incessantes.
Choeur tenu au bord de la Liey, où résonnent les voix de tous les héros de la fable et de son auteur. Anna Livia Plurabelle peut se lire comme un long poème, une longue apologie où se mèle orgueil, autodérision et l'ultime ambition d'un écrivain de génie. Chant de et à propos de l'héroïne centrale dans lequel sa vie, celle de son amant, de ses enfants, leur vie commune deviennent légendaires, mélancoliques, comiques et bouleversantes.
En annexe : les dernières et les premières pages de Finnegans Wake dans une nouvelle traduction.