Réunion de famille : il y a la mère, sa fille, ses deux fils, et un absent, le père, disparu depuis dix ans. S'il est revenu sans crier gare dans la maison familiale, c'est pour y mourir. Autour de la mère gravitent les revenants, fantômes des vivants et des morts, restes d'enfances et vestiges d'amours contrariées ou gâchées. Tous sont entraînés dans une spirale de deuils infernaux. Et bien sûr, pas de testament... La création de Mon Père (pour en finir avec) a eu lieu en janvier 2023 à la Scène nationale de Dieppe, dans une mise en scène de Pierre Notte avec Muriel Gaudin, Benoît Giros, Silvie Laguna, Pierre Notte, Shékina et Clyde Yeguete.
Mauvaise farce, tragédie lucide, dystopie joyeuse... L'homme qui dormait sous mon lit esquisse un monde parfait ou` une prime d'indemnité serait allouée aux citoyens responsables qui hébergent un refugié, où une récompense supplémentaire leur serait accordée au cas où ledit refugié, pousse´ a` bout, se suiciderait, sans faire de tache. Zéro culpabilité. Parce qu'un bon migrant est un migrant qui se suicide, proprement, sans engager la responsabilité de la France, de l'Allemagne ou de l'Italie. Mais on compatit, naturellement. On n'est pas des chiens... La création de L'Homme qui dormait sous mon lit a eu lieu en août 2020 dans le cadre du festival « D'un été particulier », dans une mise en scène et des musiques de l'auteur, avec Muriel Gaudin, Silvie Laguna et Clyde Yeguete.
Perchés au septième étage d'un immeuble de bureaux dont il ne reste rien, sauf une petite plateforme surplombant un monde en ruine et dépeuplé, le supérieur et son assistant tentent de continuer à travailler sans pouvoir se départir des rôles qui ont forgé leur identité. Autour d'eux, on monte des échafaudages pour une hypothétique reconstruction, à laquelle personne ne croit. Jeux de pouvoir et d'humiliation, jalousies, rancoeur, mauvaise foi ; les plus misérables travers de l'humanité ont résisté au cataclysme.
L'oeuvre du spectateur et celle à laquelle il assiste sont deux choses complémentaires, différentes et insolubles. L'oeuvre fait travailler ma mémoire, mon imagination anéantie par l'usure et la consommation molle. Elle excite ma liberté d'éprouver un monde offert - poème, épopée, discours, paysage, portraits, rêve ou voyage. Face à l'oeuvre, comment je travaille. Comment j'oeuvre, spectateur, comment les outils me sont remis pour refaire, comprendre, transcender le monde, y vivre mieux après qu'avant.
L'invention, c'est le territoire des artistes, leur terrain de jeu. C'est la nécessité pour moi spectateur d'assister à l'émergence d'une surprise, d'une innovation, d'une vision innovante d'un monde inconnu. C'est le besoin viscéral d'avoir affaire à l'ignoré. D'une manière ou d'une autre, j'exige d'être surpris.
Une petite fille marche dans la rue, et bute sur la soucoupe remplie de pièces d'une mendiante. On l'accuse d'avoir fait exprès. Elle n'y est pour rien, même si on persiste à croire que si. Le sentiment de révolte qui l'assaille, la culpabilité et la honte où on la plonge vont faire d'elle une méchante fille. Ça va germer, dégénérer en elle. Bientôt, la petite blonde ne craindra plus les jugements ni les accusations, elle ne redoutera plus le mal qu'elle est susceptible de faire, à quoi bon, puisque le monde entier est injuste.
Olaf règne en maire tyrannique, en bourgmestre violent, sur sa petite ville quelque part dans un lieu inconnu, dans une époque inconnue. Mais lorsqu'il choisit de faire peindre son portrait, l'improbable se produit. Le portrait est affreux, ça saute au yeux, il manque quelque chose. Olaf n'a pas d'humanité. On a beau essayer de l'entourer de sa mère, de sa femme, de son conseiller, de courtisans, rien n'y fait, il n'y a pas d'humanité dans ce tableau. C'est Clara, la fille du peintre, qui trouve la solution : il faut placer, au premier plan, son chien, plus humain que toute cette cour grotesque. Ce qui est fait. Puis l'on se débarrasse de la bête qui pue. Elle a des gaz et elle pue.
Mais Olaf l'ambitieux rencontre trois sorcières qui lui prédisent son ascension : il deviendra roi. Oui, roi, mais a une seule condition, qu'il garde toujours auprès de lui ce chien ; le chien du roi, le chien du roi au cheveux rouges.
S'en suit alors une succession d'événements absurdes et grand-guignolesques qui surviennent dans la quête d'Olaf pour le pouvoir et l'annexion des pays voisins afin d'acquérir leurs réserves de tomates - seul élément capable de donner ce rouge si particulier aux cheveux du roi.
Pierre Notte nous offre une presque relecture de Macbeth avec son écriture si particulière, drôle, sauvage, parfois grossière mais jamais vulgaire qui fait rire l'enfant comme l'adulte en chacun de nous.
Une actrice au chômage est confondue avec une célébrité par un jeune travesti qui la prend en otage pour obtenir une rançon et financer son opération. Leurs solitudes et leurs marginalités se répondent et finissent par s'entraider dans leurs projets...
C'est l'histoire d'une femme, comme beaucoup d'autres. Elle est chaque jour confrontée aux allusions, sous-entendus, insultes qui prolifèrent dans un monde d'hommes. Après l'humiliation de trop, elle décide de ne plus lutter, de ne plus participer. Alors elle se tait, elle refuse, mais sans pour autant cesser de vouloir vivre, rire, jouir, désirer. Car elle veut comprendre comment ça marche, les hommes.
Deux septuagénaires sont assises, côte à côte. Ultimes vraies vieilles d'un monde où on ne mange plus ni gluten ni sucre et où rôde une brigade sanitaire, elles exhibent les effets du temps sur leur corps sans collagène, ni bistouri, ni Botox. Elles attendent quelqu'un, un passant, un client, un fils. Mais personne ne vient. Elles se battent pour garder leur place, préserver leur pré carré, mais finissent par s'unir, peut-être même par se lever, pour quitter ce monde aseptisé où elles en viendraient à avoir la nostalgie des blattes.
Marie ne veut pas qu'on la touche, elle a horreur de ça.
Elle préfère se couper les bras toute seule, juste pour trouver quoi faire de ses mains et de son ennui. Elle a ses raisons, et sa famille, qu'elle voit vivre, qu'elle va fuir. Elle écoute chanter Clémence, le fantôme de sa grand-mère, qui sait pourquoi se coupent les enfants. Marie rêve de faire gardienne de péage sur une autoroute. Elle part, traverse les continents, croise la mort et des héroïnes de théâtre, avant de rencontrer une sorte de douceur d'être au monde en compagnie d'un petit gardien de phare.
Les deux enfants, la petite fille qui se coupe et le petit garçon qui se brûle, vont soudain et ensemble cesser de se faire du mal pour s'accorder un peu de clémence et pourquoi pas du bonheur.
Une jolie blonde, une petite brune et un jeune homme que l'une veut aimer, et dont l'autre veut faire des crêpes.Tout en chansons, en surprises, en sucre et en beurre, La chair des tristes culs raconte la réconciliation des êtres, morts et vivants, enfants perdus et pères indignes. Fantasque et grave, décalé et grinçant, tout l'art de Pierre Notte s'exprime dans cette nouvelle pièce.
Elles sont soeurs, et âgées.
Un peu tassées, peut-être. arrondies par le temps. a la mort de leur mère (quatre-vingt-dix-sept ans), annette et bernadette réalisent qu'elles n'ont jamais revu la tombe de leur père, enterré vingt-cinq ans plus tôt du côté du nord. elles décident alors de partir comme à l'aventure, embrasser papa et lui dire que maman est morte.
D'un côté une cuisine avec table, de l'autre une sorte de cave avec piano.
L'une des filles décide qu'elle est Catherine Deneuve. La seconde se substitue à sa mère, se découpe en morceaux et se prend pour une chanteuse de variétés françaises. La mère rate son dernier gâteau et le fils ne parle que pour corriger les fautes de français des autres. Plus loin, plane le fantôme lamentable du père... De chansonnettes en affrontements, chacun vit sa folie pour finir entre un cake au citron, un couteau de cuisine et un revolver.
«À Tokyo, je ne reconnais rien, aucune image, aucune description, aucun signe du connu. Je n'y retrouve aucun plan d'aucun film, aucun mot d'aucun texte. Je n'ai rien lu, je n'ai rien vu. Les images des autres mondes, européens, américains, s'imposent d'elles-mêmes, elles nous sont imposées tout le temps et partout. Celles-ci nécessitent un travail, une recherche. Je n'ai pas cherché, je n'ai pas travaillé. Et je ne retrouve rien, je ne trouve pas, je perds tous repères, et j'ai tout à bâtir».
La voix de Pierre Notte est multiple, en pleine métamorphose. Elle parle, tant elle redoute qu'on ne l'occulte. Cest sa façon d'exister, sa manière de dire «Je suis là», de faire partir la peur. Dans ce Japon déroutant où tout existe et son contraire, écoutons la ville et la voix assourdir ou se taire.
Le récit commence dans une chambre d'hôpital où le narrateur rend visite à un certain Not, victime d'une attaque dont on ne sait pas encore si elle sera fatale. Le narrateur mène peu à peu une sorte d'enquête qui l'amène à côtoyer les proches de Not, qui se méfient, s'étonnent puis laissent apprivoiser. À travers ces échanges entre le narrateur et les proches (collègues, amants, amis, dont Nicole Croisille) et des retours en arrières (enfance, adolescence), se dessine un portrait saisissant, séduisant et terrible de Not.
Celui-ci rédigeait des notices pour une entreprise de moules à tartes, travail absurde qu'il accomplissait sans se révolter. Mais la tragédie est ailleurs : dans la difficulté quasi-viscérale de Not à aborder le quotidien de ses passions, à comprendre les autres, à réagir à chaque rupture avec ses amants. Chaque crise aboutit à une tentative de suicide ou des séances d'automutilation. Dans cette descente aux Enfers, l'enfer, ce sont les autres, mais c'est aussi et surtout soi-même.
Un véritable coup de théâtre, révélation ultime au moment du réveil miraculeux de Not, autour de qui sont assemblés tous les proches croisés par le narrateur, vient rendre l'atmosphère plus troublante encore et ouverte à mille projections.
Le soir de noël. Un jour en famille. Le rite social et catholique est observé. Les préparatifs : on installe le sapin, on prépare les santons de la crèche. La famille va enfin se réunir, se retrouver presque malgré elle autour d'un rite. Elle va se réconcilier peut-être. Les cadeaux, la nourriture, le rite prévaut et rapproche, reforme, ressoude. Autour du petit jésus, on se réconcilie, on se retrouve, on se réunit. Mais autour de la grand-mère qui meurt, on se déchire, on se juge, se jauge, on se condamne. Pour finir, l'amour l'emporte sur tout, surtout quand les suicides ratent et que les enfants acceptent de bien vouloir suivre l'ordre normal des choses et de ne pas mourir avant leurs parents.
POUR L'AMOUR. : Années 1960 : un enfant nommé Philippe Gérard - parce que sa mère voulait qu'il soit Gérard Philipe - ne se révèle qu'en devenant le contraire de ce qu'on attendait de lui. Il s'accomplit en fuyant les faux modèles fantasmés par les autres et ce, malgré son infirmité. Le jeune homme suit ainsi la route du dernier petit cirque français avec animaux, dans lequel, de drames en rencontres inattendues, il parvient à devenir quelqu'un.
Explorant tous les registres d'écriture au sens le plus large - texte, chanson, musique, danse -, Pierre Notte nous fait suivre dans ce théâtre-cabaret l'accomplissement d'un individu qui cherche sa place dans le monde. Peuplé de monstres familiers, de la mère dévorante au père absent, en passant par le jeune homme rêvant d'évasion, le théâtre de Pierre Notte jette un regard tout à la fois angoissant et burlesque sur notre société.
Le père et la mère, un orage dans l'air.
Elle passe par la fenêtre, lui glisse, tombe en arrière. Le chien lève la tête, observe, puis raconte. Lui seul s'émeut, et chante. La mère se prend les pieds dans la corde à linge, sauvée de justesse. Le père tombe à la renverse, il s'est cassé le coccyx. Le sale état de la famille éclatée. Le fils et la fille, jumeaux, vont jongler avec ce qui leur tombe sur les bras : un deuil à faire, une mère qui part sucrer les fraises, des infirmières impuissantes, des fantômes un peu seuls, et un héritage très inattendu.
Que faire de ce qu'on nous laisse, mauvaises surprises, et cendres humaines ? Et surtout, que vient-elle faire là-dedans, Elizabeth Taylor ?
Cardélio, Montépulet et Gleçouster voient un Strindberg à Dijon, amadouent les attachées de presse, draguent les rédactrices en chef des magazines nationaux, enterrent la Grande Dame du Théâtre français.
Mais l'un d'eux élabore un plan, et prévoit de commanditer un putsch pour faire tomber les têtes de toute la critique dramatique. Trois jeunes pigistes, et avec eux les tentations de quelques petits barbares mondains aspirant au pouvoir, au soi-disant confort de la responsabilité et de la reconnaissance professionnelle, espèrent comme tout un chacun devenir les courtisés de leur temps et de leur milieu.
Ils se révèlent, au cours de l'épreuve endurée, en petits monstres civilisés face à tous les fantasmes que diffuse le corps de métier des critiques et des journalistes de théâtre.
Un mur effondré ; une ruine de cloison. D'un côté, Mademoiselle Rose. De l'autre côté, Macha et sa petite soeur Nina. Les trois femmes sont voisines, depuis toujours, mais l'effondrement de la cloison les condamne à vivre ensemble. Tout est chanté, de bout en bout. C'est l'aventure de quelques femmes qui décident de sortir de leurs ruines, qui choisissent de s'accomplir sans plus attendre ni regretter un homme providentiel. C'est une histoire de gens humiliés et de leur voisinage tragique. Mais ici tout finit dans la fête et la musique.
Dix pièces courtes mettent en scène d'étranges personnages mi-humains, mi-animaux : la Rose, la Zébrette, l'Otarie, le Lion, la Girafe, etc.
Evoquant tour à tour des thèmes aussi essentiels que l'amour, la mort, la fraternité, les retrouvailles, ces contes théâtraux dessinent avec tendresse, humour mais aussi cruauté un parcours menant le lecteur de l'enfance à l'adolescence.
Perchés au septième étage d'un immeuble de bureaux dont il ne reste rien, sauf une petite plateforme surplombant un monde en ruine et dépeuplé, le supérieur et son assistant tentent de continuer à travailler sans pouvoir se départir des rôles qui ont forgé leur identité. Autour d'eux, on monte des échafaudages pour une hypothétique reconstruction, à laquelle personne ne croit. Jeux de pouvoir et d'humiliation, jalousies, rancoeur, mauvaise foi ; les plus misérables travers de l'humanité ont résisté au cataclysme.
Tout l'univers poétique de Pierre Notte, tantôt drôle, tantôt grave. Demain dès l'aube est l'histoire d'un couple de femmes, une jeune femme et sa grand-mère, leurs liens d'amour et leurs chamailleries. C'est l'aventure du relais à passer, du lien à tisser, du cycle à poursuivre. Noémie Rosenblatt met en scène ce conte fantastique et sensible, afin d'explorer le lien générationnel. Une partition vive et délicate, un sas entre la vie et la mort qui offre de tout réinterpréter, de tout réinventer.