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Tadeusz Konwicki
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Dans une Varsovie dédalesque et dévoreuse, plus personne ne croit en rien, si ce n'est en l'absurde. Le narrateur, un écrivain qui n'écrit plus, décide donc de réfléchir sérieusement à cette proposition : se sacrifier pour une cause perdue d'avance. Il se donne 24 heures lors desquelles il rencontre les hommes qu'il aimait détester et les femmes qu'il a déçues. Mais une horde d'opportunistes - des apparatchiks devenus artistes aux dissidents faisant de l'oeil à l'Occident - le retarde sur son chemin de croix.
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Été 1939 : l'éveil des sens et la violence des sentiments, entre Witek et Alina, dans les faubourgs d'une petite ville de Lituanie, alors rattachée à la Pologne.
Des trains, des prémonitions, un jeune homme qui parle aux animaux, la forêt qui conspire, des haies, des champs, des framboises, l'air épais du printemps, le corps d'Alina : c'est l'adolescence grave, la soif d'absolu, le frisson vertigineux des premières fois, l'odeur de la rivière Vilnia, la chaleur inquiétante de l'été 1939.
Dans une technique narrative sophistiquée qui mêle les époques, Konwicki offre ici une grande fresque des amours de jeunesse, riche d'échos géographiques et politiques.
Le bois bruissait, hostile. Ce bois était sans fin.
Il entourait la ville de méandres compliqués, rejoignait par de larges bras des forêts profondes qui, à leur tour, faisaient leur jonction avec d'énormes futaies coulant vers l'est, comme la marée montante, pour inonder toute la Biélorussie.
Ce bois, dont les pointes effilochées séparaient les faubourgs les uns des autres, avait de fameux aînés. Et c'est pourquoi il y avait, dans sa voix, des accents de grande forêt.
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«Le Nouveau Monde» désigne à la fois Nowy Swiat, rue prinpipale de Varsovie non loin de laquelle habite l'auteur, et le monde d'après-guerre. Dans ce faux journal intime, sorte de carnet de notes personnelles remplies de ce mélange d'humour et d'ironie grinçante dans lequel il excelle, Tadeusz Konwicki, écrivain et cinéaste, jette un regard critique sur son évolution spirituelle et prend une distance inhabituelle par rapport à lui-même et son époque. À travers souvenirs, anecdotes, réelles ou imaginaires, et réflexions, il nous fait découvrir les multiples facettes de son univers d'homme et d'artiste. C'est avec Le Nouveau Monde qui se présente comme un dialogue avec la censure que l'écrivain a fait sa rentrée dans les éditions officielles polonaises.
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Au lendemain d'une soirée trop arrosée, le narrateur - l'auteur lui-même - est réveillé par des policiers qui l'accusent de meurtre.
Dans sa chambre gît, en effet, le corps d'une jeune femme. Serait-ce Véra, sa conquête de la veille ? Le héros, pourtant, a la certitude de ne pas l'avoir tuée. Arrêté, libéré, incapable de comprendre ce qui lui arrive, il va s'efforcer de tirer au clair ce malentendu. Mais son enquête n'aboutit qu'à la découverte d'étranges virus, dont il se serait cru préservé. Ce roman, dans sa légèreté, révèle l'aspect confus et absurde de la réalité.
Il pourrait n'être qu'une parabole d'un grotesque grinçant; c'est avant tout un roman du désespoir, où les failles que l'effondrement du communisme a provoquées font vaciller une société : trafics et magouilles, intrusion de la drogue, activisme des slavophiles, reconversion des anciens indics de la Sûreté, impossibilité de se définir dans un magma qui empêche toute forme d'individualité. Toujours attentif à ce qui l'entoure, Konwicki réussit à saisir dans son oeuvre ce que voudrait ignorer la vision commune : l'ère de l'après-communisme a bien du mal à s'ouvrir car l'Europe tout entière souffre d'une même difficulté à trouver un nouvel élan.
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