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Signe|Signes Et Balises
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Courants noirs : Oeuvre poétique complète
Nikos Kavvadias
- Signes Et Balises
- 24 Novembre 2022
- 9782491287078
"Le ciel est noir et pâteux, il pleut des mines,
du plomb, du porridge et des conserves anglaises.
Étrange et délicieux jeu des chairs
tandis que passe un chien de mer."
(Brume)
Le volume contient l'ensemble des poèmes de Nikos Kavvadias: Marabout, Brume, Traverso et ses poèmes épars ou inédits.
Édition bilingue grec-français. -
Le narrateur enquête sur son grand-père, personnage autour duquel semble planer un lourd secret. De fait, atteint semble-t-il de maladie mentale (mais de laquelle, au juste ?), il a été interné à plusieurs reprises, à l'époque de Franco. Les traitements qu'il y a reçus n'ont permis que de l'abrutir. Parallèlement à cette enquête familiale intervient alors un autre niveau de lecture : l'histoire de la psychiatrie espagnole sous Franco. Une autre enquête en somme, passionnante, qui dénonce des abus (l'enfermement des femmes de Républicains, le commerce de leurs bébés volés etc.) et interroge donc profondément le sens et le rôle de l'institution psychiatrique, et par là-même le statut de ce qu'on appelle " folie ".
Un autre personnage se dessine au fur et à mesure des pages: "l'île", où la famille du narrateur, s'est installée dans les années 1960. Et en particulier le quartier West End, quartier de la fête et de la débauche, des jeunes, des riches, des étrangers venus y perdre la tête. Autre histoire de folie?
Diverses strates, divers discours, diverses mémoires de l'histoire du pays, qui confèrent au roman une particulière richesse, accentuée encore par des registres de langues différents pour chaque " lieu " du récit. On est emporté, pris par la découverte de ces années sombres décrites de façon si vivante et émouvantes, sans pathos, mais avec une réelle empathie, par l'auteur. -
CinéROMAn : Ville éternelle, regards croisés
Corina Ciocarlie
- Signes Et Balises
- 26 Juin 2024
- 9782491287108
De Madame de Staël à Michel Butor, en passant par James et Hawthorne, Zola et Gogol, Moravia et Gadda, Patrick Modiano ou Thomas Bernhard, tous les chemins romanesques mènent à Rome. Avec Rossellini, Woody Allen, Fellini, William Wyler, Pasolini, Marguerite Duras ou Paolo Sorrentino..., toutes les caméras, ou presque, tournent autour du Colisée et de la piazza Navona.
Le jeu de piste que voici emboîte le pas de personnages qui, pour une raison ou une autre - flânerie ou voyage d'affaires, mission diplomatique ou relation extraconjugale - ont fait de la Cité éternelle leur point de chute, leur fief ou leur tombeau.
CinéROMAn invite à parcourir la via dei Fori Imperiali, à suivre les méandres du Tibre, à arpenter les sept collines en revisitant les scènes-cultes qui leur ont été consacrées. Au fil des pages et des images, on se laisse happer par la toile d'araignée tissée par une kyrielle de voyageurs dont les visions et les péripéties se répondent, de sorte que les paparazzi de Fellini et les ragazzi de Pasolini finissent par donner la réplique au Manfred de Lord Byron et à la Corinne de Madame de Staël. -
Louna parle grec avec un fort accent judéo-espagnol, elle commet de nombreuses fautes, qui tantôt me font honte, tantôt me font rire aux éclats. Dans mon cerveau d'enfant, tante Louna ressemble à ces personnages des histoires drôles d'autrefois, l'oncle Ezra, par exemple, qui se trompe de bus car il ne sait pas lire les panneaux en grec. La langue maternelle de tante Louna est bien le judéo-espagnol. À l'époque, j'ignore que c'est la langue de ceux qui ne sont pas revenus.» (Rika Benveniste)
Rika Benveniste enquête sur le vie de Louna, Juive de Thessalonique qui exerçait le métier de tapissière d'ameublement, était pauvre et illettrée. De sa vie il ne reste que très peu de traces. L'historienne est alors amenée à déchiffrer l'histoire de la ville et des Juifs qui la peuplaient - si nombreux avant-guerre, si peu nombreux à avoir survécu à la Shoah. Ce faisant, elle restitue les lieux où ils habitaient, leurs modes de vie et les réseaux de sociabilité.
Grâce soit rendue à Rika Benveniste d'avoir écrit avec talent, rigueur, sensibilité un livre hommage à cette femme de peu au destin poignant et qui, en l'inscrivant dans l'histoire des Juifs de Thessalonique, nous la rend présente.« (Annette Wieviorka, Kaddish pour Louna) -
Europe Zigzag : Petit atlas de lieux romanesques
Corina Ciocarlie
- Signes Et Balises
- 14 Octobre 2021
- 9782491287023
Les villes ont une mémoire. À Paris, Londres, Berlin ou Lisbonne, Bucarest ou Trieste, des statues, des jardins ou des édifices en indiquent l'épaisseur ; des romans s'en emparent. Corina Ciocârlie s'y promène et rêves, souvenirs, images se font jour et se mêlent. Europe Zigzag : un livre de voyages dans la littérature, de métaphores au sens propre... ce mot qui signifie « transport » en grec.
"Cette odyssée moderne et toute personnelle, écrite à plusieurs mains, commence dans le port du Pirée, passe par Paris, Milan, Lisbonne, Rome, Prague, Ferrare, Berlin, Trieste, R??inari, Balcic, Bucarest, Londres, Turin, Luxembourg, Bruxelles, Copenhague et s'achève, logiquement, à Ithaque. Les rencontres les plus surprenantes se produisent lorsque des lieux mythiques - mi-réels, mi-inventés - se font écho dans l'imaginaire des auteurs. Ainsi, Jean Echenoz prend le relais de Milan Kundera et de William Faulkner pour observer l'attitude altière des reines du Jardin du Luxembourg, alors qu'Emil Cioran, qui s'est installé rue de l'Odéon, rôde lui aussi dans les parages. Grâce aux bons soins de la fiction, les horloges de Westminster et du Quartier latin, les clochers des églises de Transylvanie, les minarets de la Dobroudja et l'horloge florale de Differdange finissent par marquer la même heure, celle d'un monde qui s'en va, d'une illusion qui perdure ou d'une attente qui se prolonge, dans les pages du récit et au-delà." -
Comment voit-on sa ville quand on a cinq ans? dix ans ? vingt ans ? Quand son pays de naissance n'est pas une nation mais appartient au «Pays du Bonheur» dirigé par le Métaphysicien et ses ministres Amour, Sagesse et Droiture, et qu'un jour il devient indépendant?
Le pays que raconte Artur Klinau, artiste plasticien et écrivain biélorusse né en 1965, c'est la «Cité du Bonheur »: Minsk, aujourd'hui redevenue capitale de la Biélorussie. Au milieu des édifices en béton où courent les chats et pousse l'herbe libre et sauvage, le narrateur se souvient avec humour et tendresse de ses cinq, dix et vingt ans, du jour où Brejnev est mort, et des grandes figures de l'indépendance encore toute jeune de son pays.
Traduit du russe par Jacques Duvernet.
Ouvrage soutenu par le CNL. -
Écris-moi à Mexico. Correspondance inédite (1941-1942)
Victor Serge
- Signes Et Balises
- 5 Novembre 2017
- 9782954516356
Mars 1941. Victor Serge doit fuir la France occupée et le Mexique est le seul pays à lui accorder un visa. Il quitte Marseille sur le navire Capitaine Paul-Lemerle,
laissant sur le quai sa compagne, Laurette Séjourné. Le voyage est éprouvant : il lui faudra six mois pour gagner Mexico, via Saint-Domingue et Cuba. Les persécutions administratives sont innombrables, l'attente, insoutenable. Laurette ne parvient à le rejoindre qu'un an plus tard. Voici les lettres, inédites, échangées durant ces longs mois de séparation, la "séparation vaincue".
Des lettres poignantes et belles. Les lettres d'amour de réfugiés.
Précédé de "Victor Serge au Mexique : le dernier exil", de l'historien Adolfo Gilly.
Extrait:
"... mes valises sont enfin arrivées de Ciudad Trujillo (ça te donne une idée de la facilité de voyager) et j'y ai retrouvé un carnet datant de nos premiers jours où j'avais noté beaucoup de choses sur toi. Ça a été comme si par miracle tu étais entrée, comme si j'avais pu te prendre pour un centième de seconde dans mes bras, la sensation de toi, de cette merveilleuse allégresse de t'avoir, de t'aimer, d'être aimé de toi, d'avoir ton sûr amour, ta chaleur, ta lumière. Pas de mots, cela dépasse tellement la pensée." -
Athènes, ville en crise, ville humaine, trente-cinq photographies et trente-cinq textes de Christos Chryssopoulos pour en explorer les bas-fonds, les parkings abandonnés, les bureaux souterrains. Mais Athènes-Disjonction, c'est aussi Athènes mise au grand jour, avec ses lumières, ses mouvements de foule et ses façades. Les photographies sont autant d'instantanés d'une ville en contradiction. Avec inquiétude, mais non sans tendresse, Christos Chryssopoulos nous découvre la ville jusque dans ses souterrains. La nature sauvage coexiste avec le béton, il y a de la poésie dans les terrains vagues.
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Christophe Dabitch nous offre une déambulation le long du 45e parallèle, qui traverse la Dordogne de part en part, à égale distance de l'Équateur et du pôle Nord. Une ligne à la fois imaginaire - aucun tracé ne la matérialise - et réelle, comme le savent les géographes et les astronomes. Une ligne de frontière invisible.
Et au débouché de plusieurs jours de marche en compagnie de trois camarades, il nous propose ce texte, tout autant poésie, reportage, souvenirs d'autres marches en d'autres lieux, que méditation sur le paysage et ceux qui le fabriquent.
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"Écoutez-moi. Écoutez Prométhée! Dans le mythe, j'ai voulu apporter au genre humain la puissance et la liberté. Rendez-vous maîtres des rues et des jardins publics! Où que ce soit! Avec n'importe qui! Grâce à vous, par votre corps, par votre présence, dans l'espace qui vous entoure, vous vous sentirez libérés de la folie de la vie. Un endroit où vous pourrez donner forme à vos rêves. Ensuite, rien ne vous empêche de partir et de rencontrer des gens ailleurs. Sur les lieux de travail. A l'université. Au théâtre. Alors la réalité que vous vivrez ne sera plus la même. Et vous vous sentirez vivants."
Quatre jeunes gens se retrouvent à Athènes, 15 ans après avoir passé une année ensemble dans le cadre de leurs études. C'était en 2008... : cette année-là, le meurtre d'un adolescent tué par la police avait déclenché d'immenses émeutes dans le pays. C'était aussi le début de la profonde crise qui lamina le pays durant des années.
Que reste-t-il de ces années de jeunesse, de leur amitié, de ces moments si complexes et douloureux pour le pays? A qui peut-on finalement faire confiance?
Christos Chryssopoulos s'empare du mythe de Prométhée pour éclairer ces années de plomb. L'Antiquité et la moderité se rejoignent... -
Sonderkommando : Birkenau 1944 - Thessalonique 1947, résurgence
Marcel Nadjary
- Signes Et Balises
- 25 Juin 2023
- 9782491287054
"Si l'un de nous parvenait à sortir vivant de là, il pourrait témoigner..."
Marcel Nadjary (1917-1971), juif grec originaire de Thessalonique, déporté à Auschwitz au printemps 1944, est affecté au Sonderkommando. Il écrit une lettre à des amis chers pour leur faire ses adieux et décrire la besogne effroyable qu'il effectue sous la contrainte. Puis il enfouit son manuscrit clandestin dans le sol de Birkenau. Ce document sera retrouvé trente-six ans plus tard, le 24 octobre 1980.
Ce témoignage, écrit à "l'épicentre de la catastrophe", est pour la première fois traduit et publié en français, ainsi qu'un second manuscrit, que Marcel Nadjary rédigea en 1947 pour garder une trace de son expérience au coeur de l'enfer de Birkenau.
Des textes de Serge Klarsfeld, Nelly Nadjary, Alberto Nadjary, Fragiski Ampatzopoulou, Georges Didi-Huberman, Tal Bruttmann, Loïc Marcou et Andreas Kilian accompagnent et éclairent ces deux documents exceptionnels.
Traduit du grec par Loïc Marcou.
Collection Traces ; ISBN : 978-2-491287-05-4 ; 480 pages couleurs ; 2 rabats ; format: 15 x 20 cm. Graphisme de couverture: Debora Bertol, à partir d'une aquarelle de Samis Taboh.
Prix : 28 euros TTC.
Date de parution: juin 2023. En vente en librairie le 25 août 2023.
Une coédition Signes et balises / éditions Artulis. -
Algérie - juin 1962
Les souvenirs de ce printemps à la fois chaotique et violent refluent à la mémoire du narrateur. Qui était Daniel V., engagé volontaire dans l'armée française, ce jeune homme avec qui il n'a pas eu le temps de nouer amitié ? Au fil des années, les traces des événements se sont mêlées et diluées. Plus de quarante ans après, quelle part ont la mémoire et l'imagination - se confondant parfois, jusqu'au bord de la folie ? -
Nikos Kavvadias : l'auteur d'un unique roman, Le Quart, d'inoubliables nouvelles comme Li, marin amoureux, poète rêveur triste et émerveillé, Blaise Cendrars de la littérature grecque du XXe siècle.
Dès ses vingt ans Nikos Kavvadias publiait dans des revues les textes où se lisent déjà les thématiques qu'il développe dans toute son oeuvre : l'inconnue à qui l'on écrit du bord que l'on ne quitte pas, les heures de quart qui s'étirent, les typhons des eaux du Pacifique, des pastilles tantôt grises, tantôt colorées sur les villes que l'on aperçoit depuis la passerelle - Marseille, Port Saïd, Argostoli.
Pour la première fois voici ces textes publiés en français, réunis dans Journal d'un timonier, traduits par Françoise Bienfait et postfacés par Gilles Ortlieb. -
"Et voilà qu'aujourd'hui, une rumeur se répand dans la classe, court à travers le lycée pendant la récréation de dix heures. C'est le 11 Novembre, le lycée est ouvert et nous avons cours ?! Or chaque année, le 11 Novembre est férié, on rend hommage aux anciens combattants de la Grande Guerre, ceux qui sont morts pour la France, ceux qui ont vaincu l'Allemagne ! Et cette année, le gouvernement de Pétain a décidé de l'ignorer, d'en faire un jour ordinaire !"
Le 11 novembre 1940, le maréchal Pétain, qui a capitulé devant Hitler, interdit la célébration de l'armistice de la Grande Guerre: Ivan Denys, parmi quelque 2000 jeunes gens, défie l'interdiction et va manifester sur les Champs-Élysées. Il n'a pas quatorze ans. Dès lors, la lutte va continuer, de plus en plus ample et organisée, jusqu'à la Libération de Paris en août 1944 à laquelle il participe activement, jusqu'à la lutte armée.
Un témoignage exceptionnel: le récit d'années marquées par des combats parfois mortels, mais aussi des amitiés indéfectibles, pour des jeunes gens passés en quelques mois de l'adolescence à l'âge adulte dans le Paris occupé. -
En 1999, Rosine Crémieux et Pierre Sullivan faisaient paraître ce beau dialogue élaboré au fil de plusieurs années autour de l'expérience de Rosine Crémieux qui s'était engagée très jeune dans la Résistance (dans le maquis du Vercors), puis avait été arrêtée et déportée à Ravensbrück par les nazis. Au fil de leurs échanges, elle dessinait à petites touches une expérience qui relève parfois de l'indicible mais qu'il s'agissait de transmettre, en sorte que la résistance au Mal devienne un bien commun, partagé.
Ce livre depuis longtemps épuisé reparaît sous une nouvelle forme : au texte d'origine est adjoint un bel avant-propos de Pierre Sullivan rédigé spécialement pour cette occasion, « Démêler la mort de l'avenir ». -
Nous avons la mer, le vin et les couleurs : Correspondance 1934-1974 - avec dix lettres de M. Karagatsis
Nikos Kavvadias
- Signes Et Balises
- 15 Octobre 2020
- 9782491287009
Plus de cent vingt lettres envoyées par le marin-poète Nikos Kavvadias tout au long de sa vie à sa soeur et sa nièce chéries et ses amis, tout ce que la Grèce a compté d'écrivains, éditeurs ou comédiens au XXe siècle.
Ainsi que dix lettres du romancier M. Karagatsis à son ami "La Sirène".
Traduit du grec par Françoise Bienfait et Gilles Ortlieb -
Virginie Symaniec est historienne, spécialiste de théâtre et de l'histoire culturelle de la Russie et de la Biélorussie - régions qu'elle connaît parfaitement et dont une partie de sa famille est originaire. Elle a été dramaturge et a monté des pièces dans les endroits d'Europe les plus improbables.
En 2013, elle fonde sa maison d'édition, Le Ver à soie. Et c'est par les livres qu'elle publie qu'elle continue aujourd'hui d'entretenir cette relation intime avec les pays d'Europe de l'Est et, plus largement, avec la littérature.
Mais comment faire connaître et commercialiser son catalogue ? Virginie Symaniec a imaginé d'aller au plus près des lecteurs, si possible là où le public ne l'attend pas : l'essentiel de sa production, elle la vend sur les marchés des places des villes et des villages.
C'est cet univers qu'elle nous dévoile dans Barnum - chroniques, avec beaucoup d'humour et une verve joyeuse qui alterne avec une réelle gravité. Un univers sur lequel elle porte un regard empreint d'une grande acuité politique tout autant que d'une profonde humanité : un monde de marchands, de forains et de petits vendeurs aux vies multiples et souvent fracassées, qui ne perdent jamais leur humour ou leur esprit combatif. Un monde régi par des règles strictes mais jamais écrites, animé par des acharnés du travail qui ne craignent aucun frimas, aucune intempérie, et qui portent haut le sens de la loyauté et de la justice.
Aujourd'hui, sur les marchés, on prête attention à la voix de « la Dame des livres », qui attire sur son stand des clients qui n'avaient jamais ouvert un livre. -
Je ne sais même plus quelle tête il a
Véronique Willmann Rulleau
- Signes Et Balises
- 25 Mai 2021
- 9782491287016
Dans ce roman, la littérature s'empare avec toute la délicatesse et l'élégance voulues d'un thème dont on entend (hélas) souvent parler ces derniers temps : la violence faite au corps, et à l'être tout entier, d'une très jeune femme, et la façon dont elle s'extirpe petit à petit de ce traumatisme. Une écriture dépourvue de tout pathos et de toute plainte, une écriture « blanche », proche parfois de la poésie.
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Seize photographies prises à la volée, extraites de l'album de famille, et seize textes qui disent l'enfance : l'amour indicible pour le père, le déracinement, les questions sur l'identité.
Un livre qui mêle l'intime et l'exil, la famille et la solitude, le souvenir lancinant et le flash éblouissant, dans une langue à la fois concise et concrète, tendre et virulente.
Extrait:
"Quand le Garçon est parti à la guerre, il a vu, il a entendu, il a sous-entendu et à quoi bon la loi et à quoi bon la foi quand on est amoureux, comme un bleu, comme un gueux, et quand le coeur ne bat plus mais tape, fort, oui, je suis amoureux. Je suis amoureux. Le Garçon est amoureux." -
"On avait décidé de faire une bande. C'était après qu'on avait vu West side story au Métropole, à Lille. C'est la mère de Pierre qui nous avait emmenés. On s'était entassés tous les six dans sa mini Austin, Pierre devant et nous cinq derrière, et elle avait démarré en trombe parce qu'on était en retard. Elle disait qu'il fallait absolument qu'on voie ça, son film préféré, que c'était génial, les acteurs et Nathalie Wood étaient super beaux et elle s'était mise à beugler à tue-tête « I like to be in America ! » tout en zigzaguant et klaxonnant entre les semi-remorques belges de trente-cinq tonnes qui coulaient comme un fleuve d'acier sur le périphérique. Il fallait surtout pas rater le début du film, elle disait, avec les sifflements qui résonnent sur les longs travellings aériens dans les rues de New York, ça lui faisait des frissons rien qu'à y penser."