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Généralités sur l'art
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Nicolas de Staël est peintre d'abord.
Ses tableaux ne supposent pas de spéculations conceptuelles, ni ne s'y prêtent. Et ifs ne donnent pas, non plus, prise aux cortèges infinis des interprétations allégoriques et iconologiques. S'il n'a eu d'autre être que la peinture, un destin, sa manière d'aller jusqu'au bout de soi, mettant en jeu l'art et le tout de l'existence : ce destin, ses idées et sa pratique, indistincts, sont immanents à la peinture.
Staël est l'un des derniers à voir affronter tous les problèmes picturaux - juste avant que d'autres techniques et une autre époque ne changent complètement tout.
Comme s'il lui incombait, dans la violence de la contrainte et du choix, de maintenir en vie un héritage par un renouvellement continu : le traitement, avec des instruments quasi immémoriaux, de la couleur-matière sur une surface et le geste, le toucher surtout, de la matière sensible. Leurs rapports à l'espace, la lumière, la forme. Et le pictural dans sa relation avec le visible et la perception : l'univers des corps, des objets, des paysages dont se constitue le monde des hommes.
Ce qui, sur les tableaux, devenait image et qui en avait été exclu, avec l'invention de la photographie, ayant ouvert à la peinture la possibilité de déployer ses puissances propres. L'oeuvre de Staël englobe les deux extrêmes de la pure présence picturale et de l'image. Mais, pour cela même, d'une image spectrale - " revenante " - ayant changé d'essence : non plus la présence d'un irréel plein de sens rachetant le monde des phénomènes, mais ce monde " transfiguré " dans le nulle part ailleurs du non-être et de l'absence.