" Tu crois que je veux porter tes enfants sous ma peau, les nourrir avec mon sang. te faire un fils et prendre ton nom ! Au fait, quel est ton nom ? Je ne l'ai jamais entendu, ton nom - tu n'en as même pas, probablement. Je serais "Mme la gardienne" ou "Mme Durand", chien qui portes mon collier, laquais qui as mes armes sur tes boutons ! Moi, te partager avec ma cuisinière, être la rivale de ma propre servante ! Oh ! Oh ! Oh ! Tu penses que j'ai peur et que je veux filer ! Non, maintenant, je reste, souffle le vent, tombe la foudre ! " (Mademoiselle Julie).
" Ainsi je me promène comme un bourreau et anthropophage. Quel métier d'être écrivain : d'avoir à tuer et de vendre comme un boucher. " Ces mots écrits en 1898, Strindberg (1849-1912) les a envoyés, après le divorce de sa deuxième femme, à sa fille Kerstin qui habitait alors chez sa grand-mère en Autriche. Peu importe que la fille n'ait que quatre ans et ne sache pas lire. Écrire fut pour Strindberg un acte magique : avant tout comptait l'acte lui-même. C'est par là qu'il a sauvé sa vie et s'est libéré de la peur de devenir fou. En quelque sorte, il n'y a dans son oeuvre qu'un seul personnage principal : lui-même, dans toutes ses variations, transformations, évolutions. Mais attention : talent oblige, il était parfaitement conscient, et son oeuvre le montre, qu'il faisait partie d'un monde et d'une époque auxquels il ne pouvait pas échapper.
Lorsque baal grandissait dans le sein de sa mère, déjà le ciel était très grand, calme et si pâle, et jeune et nu et formidablement étrange, et tel que baal l'aima, lorsque baal se montra.
Cette dernière pièce de Fausto Paravidino réactive la grande comédie italienne, en mêlant tragédie d'inspiration biblique et drame socio-économique de notre temps.
La médecine s'étudie dans les livres, mais elle ne s'apprend qu'au bout de plusieurs années de pratique sur des êtres humains complexes, sujets à l'inquiétude. Il en va de même pour le théâtre. Dans cet ouvrage, David Mamet partage ses anecdotes et ses conseils, en laissant place à la fantaisie qu'on lui connaît. Sans compromis, il bouleverse nos certitudes et nous questionne : le théâtre doit-il être politique ? Qu'est-ce que la vie intérieure d'un personnage ? Pourquoi l'acteur ne doit-il ni rire ni pleurer, et au contraire toujours conserver son portefeuille sur lui, même sur scène ? Voici un livre stimulant dans lequel David Mamet nous offre une bouffée d'air frais.
David Mamet est connu pour ses pièces de théâtre et ses films qui ont fait le tour du monde. Il est à la fois acteur, producteur, réalisateur, scénariste, auteur et essayiste.
Des années 1930 à sa mort en 1953, Joseph Staline a fait exécuter plus d'un million de Soviétiques. Des millions d'autres ont été victimes de travail forcé, de déportation, de famine, de détention et d'interrogatoires. Dans cet ouvrage, Norman M. Naimark relate cette tragique histoire et enquête sur la nature exacte de ces crimes : il conteste la notion largement répandue selon laquelle les crimes de Staline ne constitueraient pas un génocide - notion que les Nations Unies définissent comme le meurtre prémédité et organisé d'un groupe de personnes en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité ou de leur ethnie.
Norman M. Naimark explique comment Staline est devenu un tueur en série, au regard des épisodes de destruction systématique de son peuple : la répression des koulaks, la famine ukrainienne, la purge des nationalités et la Grande Terreur - tout en les comparant aux autres génocides de l'histoire. Le livre met en avant l'argument important selon lequel les massacres perpétrés dès les années 1930 seraient en effet des actes de génocide, le dictateur en étant lui-même à l'origine. En outre, Naimark rapproche les crimes de Staline de ceux du plus célèbre génocidaire de l'histoire, Adolf Hitler.
Falk Richter est un dramaturge au coeur de son temps. Né en 1969 à Hambourg, il appartient à une génération ayant appris la méfiance envers notre civilisation. Le terme " progrès " ne coule plus si facilement. Les crises répétées, les inégalités accrues ne mettent qu'en lumière le chantier sociétal. Dans ses pièces précédentes, Richter excellait dans l'art de capter des moments cruciaux de la vie quotidienne - et surtout occidentale (au travail, à l'occasion des déplacements, lors de la communication). C'est là où se révèle le vrai caractère de notre existence.
Conçu comme un " work in progress ", My secret garden relate la confession autobiographique de l'auteur. Un Allemand de la jeune génération passe à l'introspection. S'agit-il d'un journal intime ? Ou d'une autofiction ? " Je me prends moi, dit-il, ma vie, mes pensées, mes souvenirs, comme un matériau. C'est le matériau d'où naît la fiction dramatique. La fiction et la réalité se confondent, deviennent inséparables. " Sans indulgence, il livre une vision personnelle de l'Allemagne où, à ses yeux, tout vient se heurter au passé nazi. Sur un fond de mélodie wagnérienne, Richter pointe l'invasion du capitalisme, qui se substitue à toute forme de pensée - quelle qu'elle soit. Puis, la pièce dérive vers une partition à trois, où l'auteur se subdivise pour chercher un titre à son drame et analyser son rapport au théâtre. Sans se dissimuler, il est le sujet de sa propre pièce. Ce texte, écrit pour et créé lors du Festival d'Avignon 2010, est publié à ce jour en langue française uniquement.
Je vais te heurter avec ma tête jusqu'à ce que tu t'effondres ! C'est toi que je hais le plus ! Qu'est-ce qui fait, muraille, que je n'arrive pas à rencontrer cet homme ? Pourquoi est-il parti ? Pourquoi ne nous entendons-nous pas ? Nous savons parler, pourtant ! Pourquoi es-tu là, muraille ? Pourquoi suis-je ici, en bas, et l'homme de l'autre côté ?
L'Objecteur. En 1950, la guerre froide battant son plein, un appelé, Julien, incarcéré pour s'être assis et avoir posé son fusil par terre au cours d'un exercice, n'est pas rentré de la promenade nocturne dont les taulards ont pris l'habitude puisque la hiérarchie ferme les yeux. Il n'en faut pas plus pour que la machine se détraque.
11 septembre 2001. Texte écrit dans les semaines qui ont suivi la destruction des « Twin Towers » de Manhattan. Sa composition se rapproche de celle d'un oratorio : airs, parties chorales, récitatifs. Contre le travail de l'oubli, fixer l'événement, nu dans son immédiateté, hors de tout commentaire.
Les Troyennes, d'après Euripide. Veuves et filles de héros tués au combat ou massacrés lors du sac de la ville par les Grecs vainqueurs de la guerre de Troie. Parmi elles Hécube, Cassandre, Andromaque. Devenues butin de guerre, vouées à l'esclavage, les captives sont parquées dans un baraquement, en attente de déportation.