On connaît surtout Agatha Christie comme une romancière de génie, créatrice des personnages d'Hercule Poirot et Miss Marple, auteur de centaines d'histoires policières au suspense haletant. Ce que l'on sait moins, c'est qu'elle a également été, tout au long de sa vie, une auteure dramatique à succès.
La raison de cet oubli est simple : les pièces d'Agatha Christie n'ont quasiment jamais été publiées en français. Gérald Sibleyras, auteur fêté du théâtre parisien, et Sylvie Perez, journaliste et essayiste, se sont attelés à la traduction de huit des pièces originales qui constituent son oeuvre dramatique. Elles paraîtront toutes à L'oeil du Prince dans une collection créée spécialement pour l'occasion, jusqu'en décembre 2019.
Souvent adaptées de ses romans, ou, plus rarement, ayant été adaptées ensuite sous forme romanesque, ces pièces donnent à voir le talent de la Reine du Crime sous un autre jour. Christie se révèle en dramaturge précise, maîtrisant parfaitement la tension dramatique du huis-clos. Sa plume de romancière perce à travers des didascalies fournies, qui permettent de traverser ses pièces comme des récits. Les fans de ses romans ne seront pas déçus.
Lorsque John Cristow est retrouvé mourant dans la véranda, chez Lady Angkatell, au cours d'un week-end entre amis, les suspects sont nombreux.
Il y a d'abord Lady Angkatell elle-même, si attachante mais si étourdie ; son mari, un ancien gouverneur ; Henrietta, la sculptrice, qui vit chez le couple Angkatell ; Édouard, amoureux déçu d'Henrietta et jaloux de la relation adultère qu'elle entretenait avec la victime, dont tout le monde semble être au courant sauf, précisément, la femme de ce dernier, Gerda. La jeune Midge, amoureuse d'Édouard, qui ne semble pas la remarquer. Et enfin Veronica Craye, la star de cinéma, dont on ne connaît pas bien le passé trouble qu'elle partage avec John Cristow.
Les derniers mots de la victime ne font qu'obscurcir le mystère et vont mettre à rude épreuve les qualités d'enquêteur et les connaissances de la psychologie humaine de l'inspecteur Colquhoun.
On connaît surtout Agatha Christie comme une romancière de génie, créatrice des personnages d'Hercule Poirot et Miss Marple, auteur de centaines d'histoires policières au suspense haletant. Ce que l'on sait moins, c'est qu'elle a également été, tout au long de sa vie, une auteure dramatique à succès.
La raison de cet oubli est simple : les pièces d'Agatha Christie n'ont quasiment jamais été publiées en français. Gérald Sibleyras, auteur fêté du théâtre parisien, et Sylvie Perez, journaliste et essayiste, se sont attelés à la traduction de huit des pièces originales qui constituent son oeuvre dramatique. Elles paraîtront toutes à L'oeil du Prince dans une collection créée spécialement pour l'occasion, jusqu'en décembre 2019.
Souvent adaptées de ses romans, ou, plus rarement, ayant été adaptées ensuite sous forme romanesque, ces pièces donnent à voir le talent de la Reine du Crime sous un autre jour. Christie se révèle en dramaturge précise, maîtrisant parfaitement la tension dramatique du huis-clos. Sa plume de romancière perce à travers des didascalies fournies, qui permettent de traverser ses pièces comme des récits. Les fans de ses romans ne seront pas déçus.
Clarissa Hailsham-Brown reçoit une visite étrange, alors qu'elle passe la soirée en compagnie de son parrain et deux de ses amis. Un certain Olivier Costello, le nouveau mari de la première femme de l'époux de Clarissa, tente de la faire chanter. Le ton monte, mais le visiteur finit par s'en aller. Un peu plus tard dans la soirée, il est retrouvé mystérieusement assassiné. Clarissa, qui a découvert le corps, tente de le cacher avec l'aide des trois hommes présents dans la maison.
La police est déjà prévenue et la situation se complique. Clarissa doit surenchérir dans le mensonge, car l'inspecteur ne la croit pas lorsqu'elle dit la vérité ! Mais cela ne fait qu'épaissir le mystère. La gouvernante Miss Peake est-elle bien celle qu'elle prétend ? Et qu'est-ce qui intéresse autant Jeremy, l'ami de Clarissa, dans ce secrétaire à tiroir secret ?
Désobéir.
Nous avons choisi d'interroger de jeunes femmes issues de la première, seconde et troisième générations de l'immigration pour questionner chacune sur son lien à la famille, la religion, l'avenir.
Il y a eu la rencontre déterminante avec 4 jeunes filles de moins de 25 ans, Lou-Adriana Bouziouane, Charmine Fariborzi, Hatice Özer, Séphora Pondi. Chacune a nourri l'écriture du spectacle en apportant sa propre histoire, et à travers elle celle de ces parents.
À travers leurs témoignages, s'entrecroisent des bribes d'aveux, de souvenirs, d'évidentes soumissions, de nostalgies ambivalentes, de révoltes.
Nous aimerions faire entendre la façon dont elles empoignent leurs vies, dans un monde souvent violent où il faut lutter pour tracer sa route.
Chacune à sa manière témoigne d'un NON posé comme acte fondateur. Non aux volontés du père, non face aux injonctions de la société, de la tradition.
Nous souhaitons raconter l'histoire de victoires, de victorieuses, d'obstinées, de désobéissantes.
La Tendresse.
Ce titre La Tendresse, comme Désobéir, contient une ligne souterraine qui agit comme un programme.
Les filles de Désobéir devaient mentir aux autres pour s'affranchir des injonctions de la famille, de la société ou de la tradition.
Les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à la « fabrique du masculin ».
Pourtant, chacun à leur manière, ils ébranlent les assignations d'une identité d'homme fondée sur la performance, la force, la domination de soi et des autres.
En se demandant « comment être un mec bien aujourd'hui ? », ils font bouger les lignes d'une éducation reçue.
Nous postulons avec eux que c'est sans doute dans l'acceptation de sa vulnérabilité, dans l'accès à ses sentiments, dans la revendication d'une égalité de faits entre les hommes et les femmes (plutôt qu'une complémentarité de principes qui reste l'arme du patriarcat) - que réside l'une des clefs de la réinvention de soi.
Ceci est mon corps interroge l'histoire du corps d'une femme de 30 ans en 2021, et scrute la construction de l'injonction à l'hétérosexualité :
« En fait, la question que je me pose, enfin je veux dire ce que j'ai besoin de raconter avec ce projet, c'est comment ça se fait tu vois, comment ça se fait que des corps comme ton corps et le mien, des corps qu'on dit de femmes, à première vue des corps qui ont été protégés, qui ont été l'objet de mises en garde, l'objet d'attentions particulières, de conseils dédiés, comment ça se fait que nos corps dits de femmes, oui comment ça se fait que ces corps-là, ces corps dits de femmes de presque trente ans, ils aient subi toutes ces violences et qu'ils soient - à l'intérieur comme à l'extérieur - aussi marqués par des violences qui ont étouffé la vérité des désirs ? Parce que tu sais, le désir, c'est comme la liberté, c'est comme le feu. Ça s'étouffe. Le désir, c'est comme un cri que personne ne veut entendre. Si personne n'y prendre garde, ça se laisse étouffer. » Agathe Charnet retrace, avec beaucoup de finesse et de recul, la vie de son corps, sa vie, de sa naissance à aujourd'hui, et fait de son vécu une expérience universelle. Avec une apparente simplicité elle pose des mots sur les moments charnières de cette histoire. Il s'en dégage une force, aussi cathartique que rassurante, qui permet de comprendre.
Seules face à lui retrace librement l'histoire de l'attentat antiféministe de l'École Polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989, lors duquel un homme a tué quatorze femmes. Cette pièce de théâtre chorale réinvente en France une histoire jumelle oscillant entre documentaire et fiction, récit et action, 1989 et 2019.
Aujourd'hui, les tueries en Europe sont saisonnières et la terreur perdure. Dans le monde, les femmes sont encore des cibles, leurs corps une monnaie d'échange et l'égalité femme-homme, un sujet clivant, brûlant d'actualité.
Seules face à lui est un hommage aux survivantes, aux survivants, qui tentent chaque jour de continuer, de se battre, de comprendre.
La pièce tire sa subtilité et sa force de la multiplicité de ses points de vue. Elle évite à tout prix d'être moralisatrice ou accusatrice. Là n'est pas l'enjeu, ni l'intérêt. Le but est d'entendre, de comprendre.
On écoute les femmes, la mère, la soeur, les victimes, ainsi que les hommes, survivants parce qu'épargnés. On entend aussi le tueur. Alors on comprend mieux comment cela peut arriver. Alors, peut-être, on saura mieux comment l'éviter.
Un jour au collège, Talia voit débarquer Jade, intervenante en méditation.
En suivant les conseils de Jade, Talia tente de faire le vide en elle pour atteindre le but suprême : NE PENSER À RIEN.
Seulement, il y a une voix à l'intérieur de Talia qui n'est pas prête à se taire : c'est Taliabis, qui n'arrête jamais de parler, d'imaginer, d'interroger, d'analyser, de juger, de questionner.
Moi c'est Talia décortique les méandres de la pensée d'une collégienne qui prend soudainement conscience de ses bavardages mentaux. À travers le dédoublement du personnage, le spectacle dissèque le tournant de l'adolescence du point de vue de la pensée. On observe les zones de friction et de contradiction entre ce que le monde extérieur attend de la collégienne et ce que lui dicte sa voix intérieure.
Intégralement situé à l'intérieur de l'espace mental de Talia, le spectacle est un parcours qui conduit le personnage à apprivoiser ses vagabondages mentaux.
Grand Pays s'appuie sur des événements réels, notamment le parcours médiatique et judiciaire de Cédric Herrou entre 2016 et 2020, ainsi que l'incident du 30 juin 2017 lors duquel les forces de l'ordre françaises avaient renvoyé illégalement des mineurs en Italie depuis la gare de Menton.
Pour autant, la pièce n'est pas à proprement parler du théâtre documentaire. De ces événements, l'autrice tire des personnages et des faits fictifs. Cette fiction proche du réel lui permet une liberté de ton qui dédramatise les faits et évite l'écueil d'un texte moralisateur.
Au contraire, le sérieux mêlé d'humour aboutit à un propos d'une grande finesse qui donne à voir l'absurdité de la situation.
Dans Grand Pays, on suit plusieurs personnes condamnées pour avoir apporté leur aide à des migrants. Étonnamment, les faits qui leur sont reprochés se sont tous produits le même jour, le 2 mai 2016. Ce point commun va les réunir et les conduira à médiatiser leur défense pour mettre en lumière les contradictions inscrites dans la loi.
Procès, médias, opinion publique, tous les enjeux politiques et sociaux sont ici habilement retranscrits pour faire apparaître les rouages d'un système absurde.
On assistera également à un conseil constitutionnel rocambolesque qui, sous ses airs grotesques, se montre bien plus intelligent qu'il n'y paraît pour détricoter le noeud du problème.
En effet Cédric Herrou avait posé au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (6 juillet 2018) qui avait abouti à la reconnaissance de la Fraternité comme principe à valeur constitutionnelle.
Au Petit Trianon, dans le domaine du Parc du Château de Versailles, peu de temps avant la fameuse révolution, Louis XVI, roi de France a offert une nouvelle cuisine à sa femme, la reine de France, Marie-Antoinette. C'est ici qu'ils reçoivent leurs amis pour deviser tranquillement sur le cours des choses.
Dans une atmosphère de fin de règne bercée dans les eaux douces d'une musique proto-baroque spécialement composée pour l'occasion, Le Rêve et la plainte est un conte bavard, parfois drôle, souvent contemplatif, qui s'attache moins à des événements qu'aux récits qui sont fait d'eux. En somme, la pièce est une longue conversation qui dresse un panorama d'opinions humaines égrainées affectueusement sur la peau du temps qui passe.
J'aime penser que mon travail consiste à enquêter sur la beauté du petit, du raté, du médian, du moins sur sa source (l'égoïsme et la lâcheté, par exemple) plutôt que mettre en lumière les lieux communs de la bravoure ou de la détresse.
À l'époque où j'ai écrit la pièce, je rêvais de silence et de concorde. Je craignais que le séparatisme anesthésie notre nation et j'avais envie de faire mon métier pour ce que je lui trouvais de précieux : le pouvoir de communier avec des inconnus, au-delà de toutes considérations de classe, de couleur politique, religieuse ou d'origine ethnique. Je trouvais mon métier merveilleux parce qu'il offrait un refuge neutre pour l'humanité. Dans un théâtre, les gens (qui deviennent des spectateurs), ne se jugent pas entre eux, ils ne se méprisent pas, ils sont assis les uns à côté des autres. On entre en anonyme, on sort comme tel et on emporte chez soi les effets d'une soirée passée entre anonymes. Je voulais exposer cette concorde au plateau en faisant jouer ensemble des personnages qui, malgré les tensions et les altérités, font preuve de gaité comme d'un devoir civique.
Nicole Genovese
Avec sa précédente création, Les Femmes de Barbe-Bleue (également aux éd. L'OEil du Prince) - réinterprétation du conte de Perrault -, Lisa Guez mettait en scène cinq comédiennes qui parlaient d'un absent, leur grand amour et leur bourreau.
Le texte, parce que d'une brûlante actualité, a connu un succès important, couronné du prix du festival Impatience et dernièrement joué au théâtre Paris-Villette.
Du point de vue des femmes assassinées, on y regardait comment se déclenche le désir, comment on se prend dans la toile de l'emprise de l'autre, jusqu'à une mise en péril de sa propre identité.
Celui qui s'en alla, c'est l'envers des Femmes de Barbe-Bleue. Cette fois, l'autrice et metteuse en scène travaille sur l'autre part de l'emprise. La figure du manipulateur. Qu'est-ce qui motive un être humain à collectionner et à échafauder les désirs des autres ? Comment est-il lui-même esclave de toutes les projections qu'il suscite ?
À nouveau, le travail d'écriture s'appuie sur les improvisations des comédiens et sur la réinterprétation de deux textes classiques : Les Démons, de Dostoïevski et le conte des frères Grimm, Celui qui s'en alla connaître la peur.
Les personnages du texte de Dostoïevski, leurs enjeux relationnels, permettent une réécriture qui vient appuyer sur l'emprise que chacun a sur les autres. On prend conscience de la complexité de ces relations, que l'on peut être sous emprise tout en manipulant quelqu'un d'autre et que ce cercle vicieux, à force de petites choses qui ne paraissent rien, des mots, des gestes, peu conduire loin, trop loin.
Un building. Une entreprise. 13 étages. 32 employés. Une journée. Une scène par heure et par niveau. Hôtesses, comptables, agents d'entretien, cadres, directeurs des ressources humaines, chargés de communication s'agitent, déjeunent, coachent, prospectent ou brainstorment au rythme intempestif des crashs d'oiseaux contre leurs baies vitrées. Une ascension vers la chute...
L'écriture de la pièce, féroce, caustique et ponctuée de chansons, met en relief la noirceur des thèmes abordés : la perte de notre identité dans l'entreprise et, avec elle, celle de nos idéaux.
Comédienne et auteure, il m'a fallu, au cours des périodes creuses, rester perchée de longues heures sur des escarpins d'hôtesse dans le hall climatisé du palais des congrès de la porte Maillot.
Building est né d'un mal de pieds.
Léonore Confino Building est donc le fruit de l'experience. Léonore Confino sait trouver les mots pour peindre un monde de l'entreprise sans concession mais sans cliché. Elle porte un oeil à la fois grinçant et dénonciateur des abus du monde de l'entreprise, tout en conservant un regard bienveillant sur ses personnages. À mesure que l'on gravit les étages, l'aliénation de chacun se fait plus pesante, au rythme des pigeons qui s'écrasent dans les baies vitrées comme autant de chocs qui ramènent à la vie les personnages les uns après les autres. Mais l'on ne peut empêcher le chaos final qui prend place au dernier étage, si haut que toute réalité terrestre n'a plus prise en ces lieux.
Aujourd'hui, dans le monde globalisé, nous sommes tous des migrants... Mais avons-nous la sagesse de comprendre notre nouvelle identité ? Avons-nous l'intelligence d'imaginer un nouveau modèle de société pour que la vie devienne vivable pour tous ? Et surtout, trouverons-nous les moyens d'imposer la paix globale et un état de droit universel pour que les migrations ne poussent pas à des nouvelles violences et à un repli inhumain sur soi ?
Matéi Visniec use de son humour et de son expérience - lui qui a fui le régime de Ceausescu, lui qui a vu, par son travail de journaliste, l'histoire se répéter - pour montrer, raconter, ce que sont les « migrants ». Ces hommes, ces femmes, ces enfants, ils ne viennent pas que d'un pays, d'un continent. Ils n'ont pas qu'une seule couleur de peau, qu'une religion. Qu'ils fuient la guerre, la famine, les dérèglements climatiques, ils ne sont pas que des instruments politiques...
Toujours avec subtilité, toujours avec intelligence et avec l'humour qui est son arme privilégiée pour aborder les sujets graves, l'auteur nous parle avec le coeur de notre humanité qu'il ne faut pas perdre.
Malheureusement, ce texte est encore et toujours d'actualité. Mais ces oeuvres sont d'autant plus nécessaires dans ce contexte qu'elles ont la force de sensibiliser les gens, et de parler pour ceux qu'on n'entend pas.
A Domrémy, Jeannette est bouleversée, elle interroge Dieu : " Que faut-il faire ? " Survient Hauviette, une petite paysanne qui, répondant à la question de son amie, conseille d'en rester là. Entre alors Madame Gervaise, religieuse, que Jeannette a fait appeler espérant qu'elle saura lui répondre. Jeannette veut comprendre pour agir. A la question du mal, Gervaise répond par la Passion du Christ longuement racontée.
17 scènes de couples qui oscillent nerveusement entre rire et drame : parents, amants, étrangers, maris et femmes, divorcés, veufs, tous se débattent avec leurs susceptibilités, leurs instincts, leurs idéaux. D'une étincelle se propage un feu, d'un malentendu éclate une guerre, malgré les efforts surhumains de chacun pour coexister avec l'autre sexe.
Quand des papillons carnivores envahissent la ville, mais ne dévorent que les personnes faisant des mouvements brusques, on est bien obligé, tout d'un coup, de prendre son temps. Le ver dans la pomme se pose bien des questions sur le monde à l'extérieur de son fruit. Un interrogatoire intense avec pour enjeu de la ficelle.
Autant de scènes curieuses qui nous font réfléchir avec bienveillance.
Toujours avec cette écriture qui touche à l'absurde qui le caractérise si bien, Matéi Visniec pose un miroir déformant devant le monde et joue avec malice de nos repères. On pourrait y voir des saynètes à l'humour grinçant, poétiques, parfois graves, parfois loufoques, mais c'est avec beaucoup de subtilité que l'auteur, en sous-texte, nous parle de nous, de nos émotions, de notre société, de nos excès.
Une guerre oubliée quelque part en Europe... Un journaliste français qui découvre une communauté frustrée de ne pas avoir eu la chance de participer, "comme les autres ", au grand festin de la société de consommation et du frisson médiatique. Des rats qui proposent à l'humanité un pacte métaphysique pour l'aider à sortir de son plus grand dilemme : comment continuer à vivre l'abondance sans finir engloutie par ses propres déchets...
La Mémoire des serpillères est une pièce sur l'hypnose médiatique. Elle n'en reste pas moins une comédie. Pour faire du rire une résistance.
Recueil de modules théâtraux, Du paillasson considéré du point de vue des hérissons pourrait avoir comme sous-titre « Scènes de la folie et de la tendresse dans le monde d'aujourd'hui et depuis toujours. » On y trouve une suite de tableaux, de situations dramatiques, de miroirs humains brisés où l'auteur a laissé aux metteurs en scène la liberté de choisir les « modules » qui leur parlent le plus. Certaines de ces micro-pièces sont une exploration de ce que l'auteur appelle « théâtre vague » : un instrument capable de sonder nos imprécisions existentielles, nos égarements par rapport à ce que devrait être l'homme, et qui en fin de compte lui apparaît plutôt comme un homme vague dans un monde vague dont l'avenir est vague...
Et si on ne se mentait plus ? raconte l'amitié de Lucien Guitry, Jules Renard, Tristan Bernard, Alfred Capus et Alphonse Allais. Au cours de déjeuners mémorables chez Lucien au 26, place Vendôme, ces cinq stars de la Belle Époque ne s'arrêtaient de sourire que pour rire aux éclats. Lors de ces moments fraternels les répliques fusent et le vin coule à flots. Pourtant, en octobre 1901 ils font face à un tournant dans leur amitié : pendant que les uns doivent faire un choix entre la gloire et l'amitié, d'autres se demandent si, pour une femme, ils peuvent mentir à leurs amis. Et pour de l'argent ?
Le mensonge, surtout en amitié, c'est ce qui met du poivre dans le sel de l'existence.
Dans cette première pièce, les auteurs parviennent à restituer avec brio la saveur particulière de l'amitié qui unit ces cinq hommes de lettres.
Émaillée de citations croustillantes, mais aussi de trouvailles originales, cette pièce tout entière est un hommage au bel esprit qui illumine les lettres françaises et brille avec un éclat particulier au théâtre.
Les Uns sur les autres met en scène une famille presque ordinaire : la vie, dans un pavillon de banlieue, d'un couple sans histoires. Lui fuit la maison pour se réfugier au bureau, elle s'active en cuisine et tente vainement de réunir tout le monde autour d'un repas. Le grand-père ressasse un passé auquel personne ne s'intéresse et les deux enfants, Robin et Jane, sont sans arrêt pendus au téléphone. Le jour où Jane, anorexique, atteint son but (le poids zéro), la voilà si légère qu'elle devient invisible. Avec l'étrange phénomène, chacun va retrouver la parole, jusqu'à la mort du grand-père qui ne partira pas sans dévoiler son secret.
Les Uns sur les autres est la troisième pièce écrite par Léonore Confino. Après le couple dans Ring, le travail dans Building, elle traite ici de la famille avec toujours cette plume critique et pertinente et l'humour pinçant mais bienveillant qui la caractérise.
Les membres de cette famille, hauts en couleur, naviguent dans un environnement dissonant où les discussions se croisent et où personne ne semble réussir à interragir véritablement avec les autres.
C'est la mort du grand-père et l'invisibilité de la fille, élément fantastique qui passe pour naturel aux yeux de tous, qui déclenchent le dialogue et révèlent les angoisses. Dans toutes les situations quotidiennes poussées jusqu'à l'exagération Léonore Confino appuie sur les enjeux de la famille et détricote les liens très particuliers de ses membres.
Vivante ! Marguerite Steinheil est vivante ! Elle a menti. Elle s'est vendue. Elle a trahi.
Elle a fréquenté les alcôves lambrissées du pouvoir.
Elle a surmonté le scandale le plus licencieux de la troisième République.
Elle a survécu à la très mystérieuse et très sanglante affaire de l'impasse Ronsin.
À la force du poignet, elle est devenue l'honorable, la richissime Lady Robert Brooke Campbell Scarlett- Abinger, baronne et pairesse d'Angleterre.
Alors elle cuisine.
Obstinément elle cuisine.
Avec jubilation. Avec hargne.
Juste pour nuire encore un peu.
Marguerite Steinheil fut surnommée la « Sarah Bernhardt des Assises », tellement sa fascination fut grande sur le jury et les magistrats qui l'acquittèrent en 1909 dans des applaudissements frénétiques !...
Elisabeth Tudor, la reine vierge, règne sans partage sur l'Angleterre depuis plus de vingt ans.
Éperdument amoureuse du jeune comte de Leicester, elle profite d'un séjour au château de Kenilworth pour lui avouer la passion qu'elle a pour lui et lui offrir le trône d'Angleterre.
Mais elle ignore que Leicester a épousé secrètement la très belle et très jeune Amy Robsart.
Entre les mortels dangers d'un refus et les séductions d'un destin royal, Leicester, manipulé par son valet le redoutable Varney, va se retrouver pris au piège.
Cette pièce néo-élisabéthaine est une réécriture d'Amy Robsart de Victor Hugo. Christian Siméon en profite pour dépoussiérer le drame aux allures de tragédie classique et revient, par son écriture si personnelle, à une langue plus crue par endroits. Loin d'un effet de style gratuit et provocateur, cette langue parfois viscérale donne un contraste aux maintiens nobles des personnages, héritiers des princes antiques, et renforce l'horreur et l'injustice du drame implacable qui se joue.
Olaf règne en maire tyrannique, en bourgmestre violent, sur sa petite ville quelque part dans un lieu inconnu, dans une époque inconnue. Mais lorsqu'il choisit de faire peindre son portrait, l'improbable se produit. Le portrait est affreux, ça saute au yeux, il manque quelque chose. Olaf n'a pas d'humanité. On a beau essayer de l'entourer de sa mère, de sa femme, de son conseiller, de courtisans, rien n'y fait, il n'y a pas d'humanité dans ce tableau. C'est Clara, la fille du peintre, qui trouve la solution : il faut placer, au premier plan, son chien, plus humain que toute cette cour grotesque. Ce qui est fait. Puis l'on se débarrasse de la bête qui pue. Elle a des gaz et elle pue.
Mais Olaf l'ambitieux rencontre trois sorcières qui lui prédisent son ascension : il deviendra roi. Oui, roi, mais a une seule condition, qu'il garde toujours auprès de lui ce chien ; le chien du roi, le chien du roi au cheveux rouges.
S'en suit alors une succession d'événements absurdes et grand-guignolesques qui surviennent dans la quête d'Olaf pour le pouvoir et l'annexion des pays voisins afin d'acquérir leurs réserves de tomates - seul élément capable de donner ce rouge si particulier aux cheveux du roi.
Pierre Notte nous offre une presque relecture de Macbeth avec son écriture si particulière, drôle, sauvage, parfois grossière mais jamais vulgaire qui fait rire l'enfant comme l'adulte en chacun de nous.