Les enjeux liés aux luttes menées par les personnes trans' sont une parfaite illustration du fait que la visibilité ne suffit pas et qu'elle peut même parfois se révéler préjudiciable. En effet, depuis quelques mois, la presse, la télévision, la radio s'agitent dès qu'une actualité touche de près ou de loin à la transidentité.
Actuellement, les voix des trans' sont encore trop souvent couvertes par les discours cis', lesquels tendent également à délégitimer les savoirs produits par et pour des trans'.
Il est grand temps de retourner la lunette : au lieu de scruter les personnes trans' - leur transition -, il est urgent de les lire et de les écouter. Ces expériences-là ont certes des choses à apprendre aux personnes cis' : bien sûr que l'on comprend mieux ce qu'est le genre face à des personnes qui ont fait l'expérience de quitter celui qui leur a été assigné à la naissance, bien sûr que cela rend plus insupportable encore la rigidité des normes de genre, binaires et arbitraires jusqu'à l'absurde. Mais au-delà de ce que les cis' peuvent apprendre des trans' pour mieux se comprendre elles-mêmes et eux-mêmes, au-delà de cette lecture instrumentale, il s'agit désormais de laisser les marges parler. Il s'agit de se concentrer sur les luttes sociales, les revendications portées par les personnes trans' et les associations, de défendre les conditions matérielles d'existence des trans', de lutter contre les nombreuses discriminations qui pèsent encore sur elles et eux, y compris contre celles qui limitent drastiquement leur accès aux positions permettant de produire légitimement du savoir, il s'agit de les laisser libres de définir leurs cadres de pensée et la manière dont ils, elles, iels souhaitent parler ou pas de leurs parcours. De les laisser, enfin, écrire leur histoire.
Ce vingt et unième numéro de la Revue du Crieur consacre un dossier d'ouverture à la guerre que mène la Russie en Ukraine depuis la fin février 2022. Pour tenter de mieux comprendre ce séisme qui bouleverse l'Europe et le monde, nous avons choisi de nous pencher sur ses angles morts, sur les pistes moins empruntées qui, pourtant, témoignent de la réalité quotidienne ukrainienne et participent à expliquer le déclenchement de ce conflit assourdissant.
François Bonnet propose ainsi d'aller au-delà du décryptage d'une idéologie poutinienne qui serait mue par une volonté de relancer la guerre froide et l'opposition entre deux blocs, entre deux systèmes moraux et civilisationnels. Bonnet met lui l'accent sur le système mafieux dont s'est entouré Poutine et voit dans la guerre l'ultime moyen dont dispose le Kremlin pour sécuriser son avenir et préparer sa succession. La photographe Adrienne Surprenant nous rappelle pour sa part qu'une guerre, c'est d'abord une longue série de gestes : courir, enterrer, rechercher, fermer un volet, ouvrir la porte d'un bunker, cajoler, réconforter, pleurer, jouer, sauter, lever le poing... Cette série offre ainsi un aperçu bouleversant de la vie qui continue, malgré tout, en Ukraine. Enfin, Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin se penchent sur la complexe mosaïque religieuse que constituent les pays de l'ex-URSS et explorent les tensions qui agitent le monde orthodoxe, où les Églises font plus souvent figure de fauteuses de guerre que d'ouvrières de la paix. À propos des grands enjeux géopolitiques actuels, les lecteurs et lectrices découvriront également de quelle manière, au Brésil, les féministes, les personnes LGBT+, les Noir·es, les autochtones s'organisent afin d'inventer de nouvelles manières de faire de la politique, plus collectivement, plus démocratiquement, dans l'espoir de faire tomber Bolsonaro lors des importantes élections qui se déroulent en octobre 2022 dans tout le pays.
La revue poursuit par ailleurs ses enquêtes culturelles, avec un grand article de Sihame Assbague sur la fabrique - et les biais - de la plus grande encyclopédie du monde : Wikipédia. Alors que les mots d'ordre du géant numérique sont la transparence et la neutralité, des contributeurs·trices partout dans le monde semblent s'organiser pour lancer l'assaut contre les pages consacrées aux personnalités et organisations féministes comme antiracistes. Mais pour comprendre ces attaques, il faut plonger dans les rouages techniques du site et mener l'enquête sur ceux et celles qui rédigent les contenus.
Et ce n'est pas tout : ce nouveau numéro laisse également de l'espace à des réflexions passionnantes sur la géo-ingénierie (est-ce le progrès technologique qui nous sauvera du désastre climatique provoqué par... le « progrès » technologique ?), sur le rôle de la fiction dans l'éveil des consciences face à la violence et à l'injustice qui s'expriment dans les parcours de migration, ou encore sur les liens que peuvent entretenir les personnes queers avec la nature, alors qu'elles sont souvent accusées de soutenir un progrès technologique sans limite et sans éthique. Enfin, un texte important soulève une question taboue : les conséquences matérielles des violences sexuelles pour les victimes, ou comment le viol a des effets en cascade sur leur vie quotidienne, leur travail, leur logement, leurs économies...
Mediapart et La Découverte se sont associés pour créer une revue ambitieuse et novatrice destinée à un large lectorat. Si son nom sonne comme une évidence - les deux maisons ont un crieur de journaux pour logo -, sa ligne s'impose par leurs forces complémentaires : le journalisme d'investigation et l'édition d'idées engagée.
Qu'est-ce qu'être vivant ? En ces temps de pandémie mondiale et de démagogie électorale, il est urgent de déconfiner nos espaces mentaux. C'est à cet effort que nous invite le romancier Alain Damasio en ouverture du vingtième numéro du Crieur. Être vivant, écrit-il, c'est se confronter à ce qui n'est pas soi, être traversé par l'altérité. Extirpons-nous de l'obsession immunitaire qui délite les liens, détruit les collectifs et mine notre humanité.
Regarder le monde autrement qu'à travers le prisme nationaliste et masculiniste ? Une expérience à laquelle Michel Sardou a échappé, constatent Solène Brun et Claire Cosquer dans un portrait consacré au chanteur, idole des milieux conservateurs depuis des décennies et chantre de la lutte contre la « bien-pensance ». L'écrivain Mario Vargas Llosa, récemment élu à l'Académie française, aura lui aussi été épargné par les tentations progressistes. Le parcours du prix Nobel péruvien, retracé par Ludovic Lamant, est marqué par un soutien sans failles à la droite dure latino-américaine et espagnole. Changer le monde fut en revanche le rêve de Charles Piaget, le syndicaliste de Lip, autour duquel une coalition militante hétéroclite s'agrégea en 1974 dans l'espoir d'en faire un candidat à l'élection présidentielle. Un épisode éphémère raconté par Théo Roumier, qui pose la question du débouché politique des luttes sociales et de la construction d'une alternative anticapitaliste.
Voir le monde différemment suppose aussi de sortir de chez soi, de se déplacer. C'est ce que propose Soline Nivet que nous accompagnons dans ses déambulations parisiennes à la découverte des multiples opérations immobilières lancées par Xavier Niel, le fondateur Free. Que révèle l'emprise croissante du géant des télécoms sur nos paysages urbains ? Antoine Pecqueur, pour sa part, s'est rendu à Karthoum, à la rencontre des street artistes en lutte contre la junte militaire au pouvoir au Soudan. Protestations populaires également dans l'ancien « pré carré » français en Afrique où ce qu'on qualifie trop rapidement de « sentiment antifrançais » cache en réalité un mouvement politique qui vient de loin, expliquent Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla : la révolte contre la Françafrique.
Au sommaire enfin, Élodie Serna mène une passionnante réflexion sur la contraception au masculin. Face au désintérêt des hommes et aux craintes des femmes, faut-il enterrer une bonne fois pour toutes ces moyens de contraception qui peinent à émerger ? Gageons plutôt que la contraception des hommes pourrait constituer un véritable enjeu des luttes féministes.
Cette année de meetings qui s'ouvre nous rappelle qu'en France, l'élection présidentielle demeure pensée comme la rencontre entre un homme (providentiel) et un pays (imaginaire). C'est cet imaginaire national, aussi verrouillé que vieilli, que la Revue du Crieur se propose de défaire et de libérer de ses pesanteurs historiques et de ses crispations idéologiques. Notre dossier d'ouverture passe ainsi au crible le rapt conservateur des principes républicains, qui nous empêche de penser la République comme garante d'une liberté émancipatrice ; revient sur le refoulement de la question coloniale et la persistance de l'impérialisme hexagonal ; décrypte le fantasme de la grandeur nationale et le mythe de la « puissance » ; lève le voile, enfin, sur la grande illusion du progrès et de l'innovation, au coeur des politiques économiques de la France depuis les Trente Glorieuses.
Ce dix-neuvième numéro continue le travail d'enquête sur les idées que mène la revue depuis sa création, en proposant de retracer soixante-dix ans de réception de l'oeuvre de Simone de Beauvoir depuis la publication en 1949 du Deuxième Sexe- avec une question centrale : que reste-t-il de l'héritage de cette philosophe majeure du XXe siècle ? ; mais aussi de dresser le portrait de Bernard Rougier, universitaire reconnu et respecté, spécialiste de l'islamisme au Proche-Orient, devenu l'« éminence grise » de la politique française de lutte contre le « séparatisme » ; et encore de décrire les critiques qui visent le symbole de l'excellence de la recherche française, le CNRS.
Au sommaire également, un reportage en photos qui nous plonge dans les arcanes autoritaires du pouvoir tchétchène et les méthodes de son chef, Ramzan Kadyrov, lequel règne sur cette fédération du Caucase du Nord depuis près de quinze ans en s'appuyant sur l'islam et le sport ; ainsi qu'une déambulation dans un univers familier aux geeks de toute la planète : celui des e-girls, ces jeunes femmes qui mêlent jeux vidéo, réminiscences de Lolita, univers du manga et amour des chatons afin de se faire un nom sur les réseaux sociaux et ainsi monnayer leur popularité.
L'anthropologie est une discipline paradoxale : science de l'altérité en ce qu'elle décrit les modes de vie et de pensée de collectifs humains auxquels n'appartient généralement pas l'ethnographe, elle est aussi une écriture du commun, qui s'attache à décrire les grands invariants et mythes fondateurs structurant les sociétés. Au XXIe siècle, les cartes ont été rebattues : peut-on continuer à penser le commun alors que ce qui nous unit n'est rien d'autre que la perspective du désastre ? Comment encore exprimer l'altérité lorsque les premiers mondes dévastés par la catastrophe écologique sont précisément ceux que les anthropologues étudient, quand eux-mêmes appartiennent aux sociétés responsables du délabrement du monde ? De quelle manière garder vivante l'anthropologie et pour quelles raisons ? Refusant de conclure à l'obsolescence d'une telle démarche, l'anthropologue Nastassja Martin répond que ce sont la langue, l'attention à la parole, le souci de traduire la diversité des êtres qui permettront de résister à la perte des mondes. « Une terre qui était belle a commencé son agonie, sous le regard de ses soeurs voltigeantes, en présence de ses fils insensés. » Les « fils insensés » du poète René Char, nous dit Nastassja Martin, se doivent désormais de protéger la dignité des vivants.
En ayant comme objectif de créer un espace de réflexion plus en prise avec la politique, plus vibrant et contrasté dans les formes d'écriture et plus varié sur le plan thématique, la Revue du Crieur est composé d'un grand essai, écrit par un intellectuel ou une intellectuelle de renom, sur une question centrale de l'actualité ; d'une enquête littéraire engagée menée par une plume célèbre ; d'une narrative non-fictionà la New Yorker, lecture-plaisir qui fera ressurgir des histoires aussi stupéfiantes que méconnues ; et enfin d'un panorama de l'actualité des idées dans le monde, sous la forme de papiers courts et dynamiques, une sorte de revue de presse boostée de la vie intellectuelle internationale.
Pour son quatrième anniversaire, le Crieur fait peau neuve, ou presque. Si l'ambition est bien de proposer une nouvelle formule, celle-ci se déclinera autour d'un même noyau, qui fait l'originalité et la notoriété de la revue : des enquêtes fouillées sur le monde des idées, des éclairages singuliers sur des pratiques artistiques méconnues, des plongées sans complaisance ni connivences au coeur de la fabrique des imaginaires et de la culture, populaire ou savante.
Sur ce socle viendront se greffer des approches, des formats et des questionnements jusqu'ici inédits dans la revue.
En ayant comme objectif de créer un espace de réflexion plus en prise avec la politique, plus vibrant et contrasté dans les formes d'écriture et plus varié sur le plan thématique, le Crieur nouvelle formule sera ainsi composé d'un grand essai, écrit par un-e intellectuel-le de renom, sur une question centrale de l'actualité ; d'une enquête littéraire engagée menée par une plume célèbre ; d'une narrative non-fiction à la New Yorker, lecture-plaisir qui fera ressurgir des histoires aussi stupéfiantes que méconnues ; et enfin d'un panorama de l'actualité des idées dans le monde (livres, revues et débats importants, courants nouveaux et inventions conceptuelles), sous la forme de papiers courts et dynamiques - une sorte de revue de presse boostée de la vie intellectuelle internationale.
Cette nouvelle formule du Crieur se voudra enfin plus positive, plus centrée sur des propositions et donc moins négativement critique. Les portraits intellectuels, par exemple, se tourneront vers des figures ou des courants théoriques qui nous semblent à la fois trop méconnus et incontournables pour penser le monde actuel. Il s'agira donc, plus que jamais, de fourbir des analyses solides sur les tendances de fond de notre époque, mais aussi de les saupoudrer des piments nécessaires au plaisir de lire, d'apprendre et de transmettre.
Dans ce dixième numéro de la Revue du crieur, un dossier spécial francophonie avec des articles d'Achille Mbembe, Alain Mabanckou, François Vergès et Nadia Yala Kisukidi.
Dans le numéro 7 de la Revue du crieur, nous découvrons d'où vient ce qu'on appelle le « self help », ou « développement personnel », comment il s'est développé au cours des dernières années pour remplacer, dans les rayons des librairies, les ouvrages de psychanalyse. Les manuels de développement personnel figurent maintenant systématiquement parmi les meilleures ventes de livres. Quelle est l'histoire de cette recherche de bien être et d'accroissement des capacités personnelles ? De quoi est-ce le symptôme ? En quoi l'époque s'y reflète avec une acuité toute particulière ? Qu'y trouvent exactement leurs lecteurs et lectrices ?
La revue a également enquêté sur la plus grosse institution française consacrée à l'art moderne, le Centre Pompidou, en essayant de comprendre comment les logiques de gestion néolibérales ont perturbé les ambitions qui avaient initialement présidé à sa création.
Le Crieur s'intéresse aussi à la politique avec une des questions les plus chaudes du moment : comment les luttes dites « minoritaires » peuvent se coaliser et trouver une expression qui transcende chapelles et particularismes ? Il s'agit ici de mettre en question l'une des notions les plus critiquées par les gauches radicales, mais au potentiel insuffisamment exploré : l'« intersectionnalité ».
Et puis la revue s'est baladée du côté de Chicago, pour voir à quoi ressemble le « real » gangsta rap aujourd'hui. Côté culture toujours, une enquête sur l'histoire du grand livre de Franz Fanon, Les Damnés de la terre, comment a-t-il été conçu ? Quelle a été sa réception, en France, mais aussi dans les pays anglophones, et en particulier aux États-Unis.
Et bien d'autres choses encore...
Pour ce quatorzième numéro de la Revue du Crieur, nous proposons une grande traduction d'un essai de l'architecte israélien Eyal Weizman qui, accompagné d'une soixantaine de photographies, analyse les révolutions à partir de la manière dont elles se déploient spatialement. Le rond-point, comme forme urbanistique, pourrait ainsi, partout à travers le monde, favoriser la construction de collectifs politiques et, partant, des soulèvements populaires.
Ces soulèvements, Bruno Latour les scrute également attentivement à l'occasion d'un grand entretien mené par l'une de ses complices, la documentariste Carolina Miranda. Ensemble, ils décortiquent les angoisses des sociétés contemporaines, que Latour nomme la « crise de l'engendrement », et imaginent ce que pourrait être la politique à venir. L'un des symptômes de cette crise, à savoir les crispations identitaires, est exploré par Lionel Cordier, dans un texte qui porte sur le mythe boréaliste sur lequel s'appuie une grande partie de l'extrême droite européenne afin de justifier ses délires racialisants ; ou encore par Laura Raim qui interroge les ressorts de l'antisémitisme aujourd'hui.
Les lecteurs et lectrices liront aussi, dans notre nouvelle rubrique « Position », une réflexion de Norman Ajari sur l'anti-essentialisme, concept clé manié par beaucoup d'intellectuels de gauche ; un « Récit » consacré au personnage d'Eldridge Cleaver, un membre historique des Black Panther au parcours rocambolesque ; et pourront découvrir, dans le « Monde des idées », le mouvement crip, qui politise la question du handicap, une historiographie des ghettos américains ou encore un éclairage sur le philosophe Mark Fisher.
Le numéro 15 de la Revue du Crieur s'ouvre sur un texte inédit d'un personnage singulier : l'écrivaine Nathalie Quintane. Ce qu'elle décrit ici résonne fortement avec le mouvement social sans précédent qui secoue la France depuis quelques mois. Elle y évoque, pour la première fois, son métier d'enseignante du secondaire qu'elle exerce depuis plusieurs décennies et porte un diagnostic sans appel : la mort de l'Éducation nationale.
De grandes enquêtes et récits rythment également cette nouvelle livraison du Crieur : on y découvre comment l'Organisation internationale pour les migrations finance des artistes africains afin de diffuser un message sédentariste auprès de ceux et celles qui pourraient être tentés par l'émigration ; on y apprend de quelle manière la France entend retrouver une place privilégiée dans le milieu de l'art, l'un des marchés les plus opaques du monde ; on est plongé dans le New York de l'été 1977 qui a connu, pendant une nuit, une gigantesque panne d'électricité aux conséquences inattendues ; on passe de l'autre côté de la caméra pour déambuler dans les coulisses de Strip Tease, la mythique émission de documentaires.
Mais ce n'est pas tout : les lecteurs et lectrices y trouveront aussi un portrait de Renaud Camus, l'une des idoles des suprémacistes blancs ; une réflexion sur le pouvoir exercé par les adultes sur les enfants, ou comment justifier la toute-puissance des premiers par la vulnérabilité supposée des seconds ; une analyse édifiante du modèle économique d'Uber par le politologue Timothy Mitchell ; une histoire des sex-toys qui remet en question le mythe de la révolution sexuelle... Et bien plus encore !
Le numéro 11 de la Revue du Crieur s'ouvre sur un grand dossier « Comment changer le cours de l'histoire ? ». Cette question, posée par l'anthropologue anarchiste David Graeber et l'archéologue David Wengrow dans un article qui interroge à la fois les apports récents de l'archéologie et le « sens » de l'histoire, en appelle d'autres : par quels moyens peut-on résister à la mise en place d'un ordre étatique intrinsèquement inégalitaire ? Une organisation sociale horizontale n'est-elle possible que pour la vie en petits groupes ? Jean-Paul Demoule, Irène Pereira et Emmanuel Todd ouvrent la discussion.
Ce nouveau numéro continue également à explorer les méandres du monde des idées et de la culture : une enquête sur l'envers des friches culturelles qui essaiment à travers la France montre comment public et privé avancent main dans la main et fabriquent la gentrification en engrangeant d'importants profits sous couvert de valoriser des quartiers dépréciés ; un décryptage de l'idéologie de Mike Pence permet de comprendre de quelle manière le vice-président des États-Unis navigue entre ultra-libéralisme et conservatisme religieux ; deux articles interrogent les politiques culturelles contemporaines et la façon dont s'articulent les intérêts des grands groupes privés avec les actions du service public.
Les lecteurs et lectrices entreront par ailleurs dans la boîte noire des algorithmes, qui régissent de plus en plus de pans de notre société qui est allée jusqu'à se rendre intégralement calculable, circuleront dans les allés du mythique festival Burning Man devenu le prolongement de la Silicon Valley, ou pourront réfléchir à ce qu'il reste du pouvoir critique de la littérature aujourd'hui...
Huitième numéro de la revue lancée par Mediapart et La Découverte, mêlant journalisme d'investigation et édition d'idées engagée. Dix enquêtes et reportages et un reportage photographique pour replacer les idées au coeur du débat public et traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel.
Neuvième numéro de la revue lancée par Mediapart et La Découverte, mêlant journalisme d'investigation et édition d'idées engagée. Dix enquêtes et reportages et un reportage photographique pour replacer les idées au coeur du débat public et traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel.
Alors que la Revue du Crieur sort son douzième numéro, les rues de France se teintent hebdomadairement de jaune tandis que journalistes et intellectuels multiplient les analyses et se déchirent entre diverses interprétations. Pour le Crieur, l'heure n'est toutefois pas au bilan général. Nous proposons donc une histoire des supporters, ou comment le stade a pu déborder sur le mouvement social et fournir un nouveau répertoire d'actions par l'émeute, ainsi qu'une approche large, « à côté », pouvant éclaircir la période actuelle avec un décryptage du renouveau des clashs entre intellectuels par médias interposés.
L'histoire côtoie l'actualité dans cette nouvelle livraison du Crieur, deux longs articles se penchent sur l'historiographie du génocide au Rwanda, vingt-cinq ans après ces « quelques jours en avril », et sur les bilans jamais tirés de la guerre du Kosovo qui hante l'Europe depuis vingt ans. On y parle également féminisme, avec le déconcertant « Manifeste xénoféministe », un texte futuriste du collectif Laboria Cuboniks dans la lignée du « Manifeste accélérationniste » version queer ; antiféminisme, dans une enquête glaçante sur la galaxie masculiniste ; et analyse littéraire féministe - la new romance, entre machine normative et espace d'expression des désirs.
Sans oublier la culture et les idées : détour par d'étranges innovations architecturales au coeur des villes chinoises, déambulations dans le labyrinthe bruxellois à la recherche de ce qui reste d'une politique européenne, ou encore exploration de la scène punk à Shanghai comme à Pékin...
Le numéro 16 de la Revue du Crieur paraît à la suite d'un confinement qui aura été assourdissant, exposant comme jamais les méfaits d'un système aussi injuste que contre-productif et obsolète. De ce monde largement à l'arrêt nous donnons des aperçus grâce aux photographies de Martin Argyroglo, prises depuis son appartement du XIXe arrondissement parisien, tandis qu'Étienne Balibar nous aide à penser, plus largement, la « démocratie après son déclin » et à saisir comment la catastrophe environnementale détermine notre relation au monde et aux institutions.
Pierre Zaoui nous propose pour sa part un grand texte d'ouverture sur un objet qui traditionnellement échappe à la sociologie, l'économie comme la philosophie : le couple. Une tentative de théorisation ambitieuse aussi drôle que bienvenue, alors que nombreux sont ceux et celles dont le regard sur leur vie conjugale a été profondément modifié par ces quelques semaines de face à face.
Les lectrices et lecteurs retrouveront aussi les grandes enquêtes qui rythment la revue : ils découvriront l'invraisemblable gestion du Château de Versailles ; s'intéresseront au phénomène du dark tourism, particulièrement éclairant pour penser nos manières de voyager sous régime néolibéral ; s'interrogeront sur la formation des journalistes en France, de plus en plus excluante ; apprendront de quelle manière l'édition indienne manoeuvre face à la censure ; ou encore exploreront les arcanes de l'armée française, ou comment celle-ci tente de pénétrer nos imaginaires...
Dans le cinquième numéro du Crieur, nous croiserons d'abord quelques hautes figures des idées, de la culture et de la politique contemporaines : le pape François, supposément en butte aux éléments les plus réactionnaires de l'Eglise, un autre pape, congolais celui-là, Papa Wemba, qui a placé, avant sa mort récente, son pays sur la carte mondiale des musiques populaires, et Pierre Rabhi, le paysan-colibri-auteur de bestsellers-entrepreneur et défenseur de l'agroécologie. Des uns et des autres nous apprendrons ici bien plus que ce que leur légende s'applique à laisser filtrer...
Nous découvrirons aussi le phénomène qui se cache derrière le « trumpisme » : un surgeon américain de la Nouvelle Droite d'Alain de Benoist, soit une bande d'intellectuels organiques se réclamant de Gramsci ou de l'École de Francfort et bien décidés à fabriquer le consentement des électeurs américains à une Amérique suprématiste blanche et antidémocratique.
Mais le Crieur n° 5 a également mené l'enquête sur des tendances de fond et déterminante pour notre avenir : le burn-out du capitalisme, tenu à bout de bras par des politiques monétaires de banques centrales prêtes à bousculer toutes les orthodoxies en ce domaine (jusqu'à mettre en place des taux d'intérêt négatifs, que les économistes considéraient il y a peu comme irréalisables) ; ou encore la fin de notre système mondialisé, sur laquelle planche une bande de « collapsologues » soucieux de fabriquer un savoir adéquat, et donc transversal, pour penser le grand effondrement et ses suites.
Enfin, nous redécouvrirons les charmes d'un énorme bestseller des années 60, le Matin des magiciens, qui s'est appliqué à brouiller les pistes entre occultisme et modernité. Puis nous irons fouiller les entrailles de la poésie française contemporaine, et vérifier si la sociologie est toujours un sport de combat...
Pour son deuxième numéro, la Revue du crieur maintient son cap en accueillant, à nouveau, de grandes plumes du journalisme et de la pensée critique contemporaine (Joseph Confavreux, François Cusset, Laura Raim et Claire Richard), des enquêtes intellectuelles au long cours mais aussi des regards incisifs sur la vie internationale des idées et de la culture (la science-fiction africaine, la chanson pop arabe, les influences intellectuelles de Podemos.) et le portrait sans concession d'une institution très particulière qui continue de jouer un rôle de premier plan dans la politique « culturelle » de la France à l'étranger, la Villa Médicis.
Au sommaire de ce numéro 2, Joseph Confavreux et Marine Turchi, Aux sources de la nouvelle pensée unique - Michaël Moreau, À quoi sert la villa Médicis ? - Nicolas Chevassus-au-Louis, Pourquoi Badiou est partout - Oulimata Gueye, La science-fiction africaine, laboratoire d'un autre futur - Laura Raim, Le krach de la pensée économique - Kiluanji Kia Henda, Icarus 13 - Ludovic Lamant, La boîte à idées de Podemos - Zoé Carle, Les étranges métamorphoses de la chanson arabe - Philippe Bihouix, Les technosciences, ou l'utopie corrompue - François Cusset, Les nouvelles logiques de la révolte - Claire Richard, Penser internet.
Pour son troisième numéro, la Revue du crieur maintient son cap en accueillant, à nouveau, de grandes plumes du journalisme et de la pensée critique contemporaine, des enquêtes intellectuelles au long cours, mais aussi des regards incisifs sur la vie internationale des idées et de la culture.
Mediapart et La Découverte ont décidé de s'associer pour créer une revue ambitieuse et novatrice destinée à un large lectorat. Si son nom sonne comme une évidence - les deux « maisons » ont un « crieur » de journaux pour logo -, sa ligne s'est, elle aussi, imposée par leurs forces complémentaires : le journalisme d'investigation et l'édition d'idées engagée. Son ambition sera donc de traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel, en l'envisageant comme un objet d'investigation journalistique.
Les enquêtes porteront sur la vie de la pensée, nationale et internationale (au Nord comme au Sud), sur les idées nouvelles, les sciences ou la théologie, la littérature, l'art, les séries, le cinéma, le spectacle vivant., sous la forme de longs articles vivants, privilégiant la réflexion sur l'actualité.
L'enjeu est de taille : désenclaver les domaines de la pensée et de la culture et faire de la revue le lieu central d'un journalisme d'idées, proposant une vulgarisation de qualité. Mais il s'agit aussi, comme son nom même de « revue » le revendique, d'assumer une certaine filiation intellectuelle. Autrement dit : rendre vivantes et accessibles des idées qui nous concernent tous, sans en rabattre sur l'exigence du contenu.
Parmi les premiers auteurs : Enzo Traverso, Grégoire Chamayou, François Cusset, Joseph Confavreux, Razmig Keucheyan, Marion Rousset, Jérôme David, Marine Turchi, Olivier Alexandre, Nicolas Chevassus au Louis, Marc Saint-Upéry.
Le numéro 6 de la Revue du Crieur se branchera indirectement sur l'actualité, comme elle l'avait fait après les attentats de Paris, en novembre 2015. Il ne s'agira bien sûr pas de se plier au diktat de l'agenda politico-médiatique, ni de tenter, serait-ce de manière critique, de rendre compte des propositions politiques prétendument rivales qui s'affronteront dans l'arène électorale. Nous consacrerons en revanche une large partie de la revue à plusieurs enquêtes sur la fabrique des idées politiques contemporaines. Quelles sont les grandes lignes de fracture intellectuelles qui empêchent aujourd'hui la gauche d'avancer ? Quelles sont les éminences grises ou les influences inavouables d'une fraction du PS ? Qui sont les fantômes qu'on croyait disparus qui reviennent hanter les consciences politiques ? Quelles sont les idées dominantes de notre temps, et pourquoi ?
Mais ce numéro comprend aussi une grande enquête sur une prestigieuse institution culturelle nationale, source de nombreuses polémiques au cours des derniers mois ; ou encore d'un portrait fort peu complaisant de Boris Cyrulnik, star de la « résilience »...
La Revue du crieur poursuit son travail d'enquête intellectuelle et culturelle sur le monde contemporain. Ce quatrième numéro fait notamment écho aux expérimentations politiques et mouvements sociaux en cours avec les articles d'Ugo Palheta sur l'influence des écrits du Comité invisible (pour le coup très visible dans les luttes contre la loi-travail), et de Mathieu Léonard sur l'utopie Kurde, lueur aux accents anarchistes-libertaires au Moyen-Orient. Yves Sintomer y traite de la post-démocratie et du devenir-autoritaire de la démocratie française. Laura Raim mène l'enquête sur les pratiques culturelles des grands patrons, entre instrumentalisation et distinction, et Dan Israel dévoile les petits secrets du journalisme culturel. On y découvrira aussi, via un reportage de Joseph Confavreux et Aurore Gorius, comment l'État français limite de plus en plus sa politique culturelle au seul pouvoir de nomination aux grandes institutions, ou encore, avec Richard Mèmeteau, comment les polémiques sur l'« appropriation culturelle » touchent de plus en plus la culture de masse, et en particulier l'industrie musicale. Le cahier photo est consacré au travail de Mikhael Subotzky, qui nous montre la brutalité de l'Afrique du Sud rural post-Apartheid, univers largement méconnu.