« Le plus poignant des romans d´amour contemporain.» Raymond Queneau« L´écume des jours, c´est Roméo et Juliette sans confl its familiaux, Tristan et Yseut qui n´ont pas besoin de philtre, Paul et Virginie à Saint-Germain-des-Prés, une Dame dont les Camélias sont remplacés par un Nénuphar, Héloïse sans castrer Abélard. Voilà un tournant : le moment, après la guerre, où le roman français se dit que ce qui importe, c´est de faire bouger le lecteur sur un air de be-bop. Boris Vian en a marre des académismes, il veut faire rire et swinguer la langue, il veut obtenir les larmes, il veut aussi faire rêver et proposer davantage qu´une romance: une fenêtre ouverte sur le merveilleux.» Frédéric Beigbeder
28 août Le sentier longeait la falaise. Il était bordé de calamines en fleur et de brouillouses un peu passées dont les pétales noircis jonchaient le sol. Des insectes pointus avaient creusé le sol de mille petits trous ; sous les pieds, c'était comme de l'éponge morte de froid.
Jacquemort avançait sans se presser et regardait les calamines dont le coeur rouge sombre battait au soleil. A chaque pulsation, un nuage de pollen s'élevait, puis retombait sur les feuilles agitées d'un lent tremblement. Distraites, des abeilles vaquaient.
Non, en politique, les extrêmes ne se rejoignent pas. Ce livre démontre pourquoi.
Dans une maternité, une femme épuisée, sous perfusion. Elle vient d'accoucher d'une fille, Adèle, et contemple le berceau, entre amour, colère et désespoir. Quelque chose la terrifie au point de la tenir éveillée, de s'interdire tout repos : la loi de la reproduction. De génération en génération, les femmes de sa lignée transportent la blessure de leur condition dans une chaîne désolidarisée, sans merci, où chacune paye l'ardoise de la précédente. Elle le sait, elle en résulte, faite de l'histoire et de la douleur de ses aînées. Elle voudrait que ça s'arrête. Qu'Adèle soit neuve, libre.
Alors comme on vide les armoires, comme on nettoie, elle raconte. Adressant à Adèle le récit de son enfance, elle explore la fabrique silencieuse de la haine de soi qui s'hérite aussi bien que les meubles et la vaisselle. Défiance du corps, diabolisation de la séduction, ravages discrets de la jalousie mère-fille... Elle offre à Adèle un portrait tourmenté de la condition féminine, où le tort fait aux femmes par les femmes apparaît dans sa violence ordinaire.
Et c'est véritablement un cadeau. Car en mettant à nu, rouage après rouage, la mécanique de la transmission, elle pourrait parvenir à la détruire.
Maria Pourchet est romancière. Elle a notamment signé Rome en un jour (Gallimard, 2013) et Champion (Gallimard, 2015).
Mouvement des Citoyens du Monde (Garry Davis) et prend part à de nombreuses manifestations publiques, Publication de Martinique, charmeuse de serpents, ouvrage écrit en collaboration avec le peintre André Masson. 1952: polémique avec Camus à propos de la révolte. 1953: publication de La Clé des champs. 1956: fondation de la revue Le Surréalisme, même . Prise de position contre l'intervention soviétique en Hongrie. Adhésion au comité des Intellectuels contre la poursuite de la guerre en afrique du Nord. 1960: Breton signe parmi les tout premiers le Manifeste des 121 sur le droit à l'insoumission . 1966: mort d'André Breton. Une foule de jeunes gens se rend au cimetière des Batignolles.Le surréalisme s'est attaqué, s'attaquera aux problèmes qui ne sont éternels que par la peur qu'ils n'ont cessé d'inspirer à l'homme.René CrevelLe temps était aux aurores boréales invisibles dans les salles d'attente du dictionnaire _ Tu lançais le Manifeste du surréalisme _ comme une bombe explosant en vol de paradisiers faisant le vide dans la basse-cour _ et les éclats atteignaient au passage quelque digne vieillard à trogne d'élégie...Benjamin PéretCe qui frappe aujourd'hui dans ce texte historique (Poisson soluble), c'est une certaine légèreté, _ une légèreté d'élément, qui n'est pas celle de la poésie légère, mais celle de la première montgolfière, et qui comme elle brûle le papier.Julien GracqNous ne savons ce qu'est réellement mourir, sinon que c'est la fin du moi _ la fin de la prison. Breton plusieurs fois fit éclater cette prison, dilata ou nia le temps et, dans un instant sans mesure, coïncida avec l'autre temps. Cette expérience, noyau de sa vie et de sa pensée, est invulnérable et intangible: elle est au-delà du temps, au-delà de la mort, au-delà de nous.Octavio Paz
"L'Histoire de l'oeil" sans doute le premier livre de Georges Bataille, a été publié en 1928 sous le nom de Lord Auch. Le "Plan d'une suite de l'histoire de l'oeil" a paru pour la première fois dans l'édition de 1967.
PREFACE DE PATTI SMITH"Le ciel s´est éloigné d´au moins dix mètres." Ainsi débute ce livre culte, récit de la cavale d´une jeune fille de dix-neuf ans évadée de la prison où un vol l´a conduite et qui, dans sa fuite, s´est brisé un os du pied nommé astragale. La route d´Anne croise celle de Julien, qui deviendra l´amour de sa vie. Il parle comme elle le langage des prisons et va l´aider à échapper aux autorités qui la traquent. De planque en planque, de rencontre en rencontre, la mineure en cavale lutte au prix de toutes les audaces pour sa fragile liberté. Quoi qu´il en coûte, chaque rayon de soleil est à prendre.Anne, c´est Albertine Sarrazin (1937-1967), qui, avec ce livre paru en 1965, a fait découvrir à des milliers de lecteurs son style mêlant verdeur de l´argot, trouvailles poétiques et humour. Le destin scandaleux d´Albertine est devenu cette oeuvre romanesque dont la vitalité littéraire défie le temps. Au point que quarante-six ans plus tard, fin 2011, alors qu´elle vient elle-même de publier un livre, Patti Smith parvienne à convaincre son éditeur, New Directions, d´en rééditer la version anglaise devenue introuvable, et se propose de rédiger une préface à ce roman qu´elle désigne comme son préféré. Cette publication prévue en 2013 devrait être accompagnée de nombreuses autres dans différentes langues. Vitalité cinématographique, aussi, puisque longtemps après une première adaptation en 1969, Brigitte Sy en acquiert les droit en 2009, avec Leila Bekthi et Reda Kateb au casting.
Paru pour la première fois en 1948, Et on tuera tous les affreux est le troisième ouvrage de Boris Vian écrit sous le pseudonyme de Vernon Sullivan.Sexe, sang, anticipation scientifique, suspense, espionnage et froide rigolade y sont superbement dosés.
Tu es un bourgeois.
Mais le propre du bourgeois, c'est de ne jamais se reconnaître comme tel.
Petit test :
Tu votes toujours au second tour des élections quand l'extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage.
Par conséquent, l'abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible.
Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel.
Tu es bien convaincu qu'au fond les extrêmes se touchent.
L'élection de Donald Trump et le Brexit t'ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d'assez loin ce qui se passe aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Naturellement tu dénonces les conflits d'intérêts, mais tu penses qu'en voir partout relève du complotisme.
Tu utilises parfois (souvent ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi.
Tu leur préfères définitivement le mot ouverture.
Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi.
Prends le risque de l'ouvrir.
Romancier, essayiste et dramaturge, François Bégaudeau est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Deux singes ou ma vie politique (Verticales, 2013) et En guerre (Verticales, 2018).
A dire vrai il n'est pas question de Pékin dans ce roman, et d'automne guère plus - mais seulement d'un homme qui, ayant raté son autobus, se retrouve à construire des voies de chemin de fer en plein désert. Ils seront d'ailleurs plusieurs, bientôt, à s'en mêler : archéologue, médecin, abbé... , chacun venu là pour des raisons qui restent à élucider mais avec une vision des choses bien précise, des rêves et des désirs bien singuliers.
Flirtant avec l'absurde de façon aussi drôle que poignante, ce roman de Boris Vian paru une première fois en 1947 puis une deuxième en 1956 n'a pourtant jamais connu le succès du vivant de l'auteur. Mais la postérité lui a rendu justice de manière éclatante.
La vieillesse renouvelle la terreur à l'infini. Elle ramène l'être sans finir au commencement. Le commencement qu'au bord de la tombe j'entrevois est le porc qu'en moi la mort ni l'insulte ne peuvent tuer. La terreur au bord de la tombe est divine et je m'enfonce dans la terreur dont je suis l'enfant.
Le verbe vivre n'est pas tellement bien vu puisque les mots viveur et faire la vie sont péjoratifs. Si l'on veut être moral, il vaut mieux éviter tout ce qui est vif, car choisir la vie au lieu de se contenter de rester en vie n'est que débauche et gaspillage. A son niveau le plus simple, le Bleu du ciel inverse cette morale prudente en décrivant un personnage qui se dépense jusqu'à toucher la mort à force de beuveries, de nuits blanches et de coucheries. Cette dépense, volontaire et systématique, est une méthode qui transforme la perdition en connaissance et découvre le ciel dans le bas. Face à la mort, et sachant que rien ne lui échappe, il ne saurait être sérieusement question de " salut ", aussi la volonté de se perdre est-elle la seule éclairante _ la seule d'où puisse surgir une nouvelle souveraineté. Le Bleu du ciel en décrit l'apprentissage en dénudant au fond de chacun de nous cette fente, qui est la présence toujours latente de notre propre mort. Et ce qui apparaît à travers la fente, c'est le bleu d'un ciel dont la profondeur " impossible " nous appelle et nous refuse aussi vertigineusement que notre vie appelle et refuse sa mort.
Facétieuse, acerbe et hilarante, Pensez avant de parler. Lisez avant de penser est l'anthologie ultime des textes de Fran Lebowitz, la légendaire satiriste new-yorkaise révélée par la série documentaire de Martin Scorsese, Pretend It's a City.
Fran Lebowitz s'attaque aux vicissitudes de la vie quotidienne - des enfants (« rarement en position de vous prêter une somme d'argent intéressante ») aux gérants d'immeubles (« tout propriétaire digne de ce nom a le solennel devoir de s'assurer que son bien immobilier dispose d'un stock fourni de cafards »). Quant à sa conception du travail, elle est le parfait antidote à notre épuisante culture de la performance (« 15 h 40 - J'envisage de me lever. Idée aussitôt rejetée car nécessitant un effort physique insurmontable. Je continue à lire et à fumer »).
Tour à tour ironique, sarcastique et espiègle, Fran Lebowitz nous entraîne dans une déferlante ininterrompue d'éclats de rire.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Demarty
Les onze récits de ce recueil ont été rassemblés par Boris Vian lui-même; leurs nombreuses rééditions ont apporté la preuve de l'importance de cet ouvrage dans son oeuvre.Onze récits où se conjuguent l'émotion, la verve, la fantaisie, la tendresse et la saine insolence de Vian.
Guillaume Apollinaire a écrit deux romans érotiques. Les Onze mille Verges sont infiniment plus célèbres que Les Exploits d'un jeune Don Juan, dont les éditions sont aussi beaucoup plus rares. C'est peut-être parce que les thèmes et la manière dont ils sont traités sont tellement différents dans les deux livres, que l'on a longtemps hésité à les croire du même auteur. La truculence, l'énormité et parfois la violence du premier, font place ici à la fraîcheur et à la naïveté de l'érotisme adolescent.
Dans sa préface, le professeur Michel Décaudin restitue définitivement et magistralement Les Exploits d'un jeune Don Juan à Guillaume Apollinaire.
À la façon d'un Candide sous kétamine, Le futur ne tardera plus dépeint le New York des folles années 1986-1996 à travers l'histoire d'une amitié entre un faux ingénu homosexuel et une riche héritière désabusée.
New York, septembre 1986. Fraîchement débarqué de sa petite ville perdue du Wisconsin, Baby, un jeune homme encore ingénu, est sauvé in-extremis d'un squat sordide par Adeline. Tel un ange gardien, cette étudiante en art anticonformiste le guide à travers la Grosse Pomme et ses charmes empoisonnés. Dans Times Square, où les pièges à touristes n'ont pas encore remplacé les cinémas érotiques, les premiers émois d'une homosexualité encore inexplorée cèdent bien vite la place aux soirées clubbing avec drogues à foison.
Au temps du New York des premières grandes drag-queens, de la contre-culture no future et d'un East Village résistant à la gentrification, il ne restera qu'Adeline pour sortir Baby de sa spirale kétaminée.
Avec Le futur ne tardera plus, Jarett Kobek signe un roman d'apprentissage explosif et une grande histoire d'amitié. Sa plume ressuscite le New York disparu de cette décennie de folles nuits et de profondes transformations, entre nostalgie et critique acerbe des dérives qui deviendront les maux de notre époque. « On ne peut pas revivre le passé ? Bien sûr que si. »
Par quoi sommes-nous hantés ? Qu'est-ce qui nous défi nit mieux que ce qu'on désire, ce qu'on a perdu, ce vers quoi on tend sans jamais pouvoir l'atteindre - vies alternatives, relations brisées, morts, paysages habités par l'amour et la violence ?
Après avoir consacré un ouvrage à l'étude de l'empathie, Examens d'empathie, et un essai aux liens entre écriture et toxicomanie, Récits de la soif, Leslie Jamison explore dans La Baleine solitaire les questions du manque et de l'obsession. Parmi les quatorze textes qui composent ce recueil, elle s'intéresse notamment à 52 Blue, un cétacé considéré comme la baleine la plus seule du monde, objet de curiosité et de fascination aux quatre coins du globe ; aux « citoyens » de Second Life, un univers entièrement virtuel ; ou encore à un musée croate unique en son genre, dont la collection est constituée de reliquats de relations brisées.Leslie Jamison examine ces sujets hétéroclites au miroir de sa propre existence - ce qui la conduit à évoquer son mariage à Las Vegas, sa découverte du rôle de belle-mère, personnage si redouté des contes de fées, ou encore la naissance de son premier enfant. Poursuivant l'ambition de l'ensemble de son oeuvre, consistant à explorer les relations humaines en mêlant érudition, esprit critique et empathie, le tout sublimé par une écriture incisive riche de fulgurances, Leslie Jamison livre un recueil de textes kaléidoscopique aussi singulier que fascinant.
Lire À la recherche du temps perdu pour la première fois, c'est prendre un moyen de transport inconnu pour un voyage d'une longueur peu ordinaire. Certains évoquent un train de souvenirs, d'autres dont je suis témoignent du train de vérités qu'est ce récit initiatique traçant un chemin spirituel vers « la joie du réel retrouvé ». Aux lectures suivantes, c'est en connaissance de cause que le lecteur croit reconnaître les scènes qu'il aime entre toutes comme autant de stations heureuses. Force est pourtant de constater que tout a changé d'être retraversé : les paysages eux-mêmes semblent aussi mouvants que le point de vue depuis le train, ce « laboratoire » dont chaque wagon se transforme en une étonnante « chambre magique qui se chargeait d'opérer la transmutation tout autour d'elle ».
Illustration parfaite de la relativité proustienne à l'articulation du temps et de l'espace, le train permet de retraverser la Recherche d'autant mieux qu'il la parcourt incessamment, depuis la toute première page de Du côté de chez Swann envahie par ses sifflements nocturnes jusqu'au Temps retrouvé, où le coup de marteau d'un employé des chemins de fer généra l'une des réminiscences majeures du bouquet final. Alors le train du souvenir pourra bondir hors du tunnel inerte de la mémoire, dégageant bientôt cette vérité inédite qui, au sens le plus fort du verbe, anime à jamais la Recherche.
>Boris Vian Elles se rendent pas compte Que Gaya s'apprête à en épouser un autre, Francis, son ami d'enfance et amoureux d'occasion, aurait peut-être pu l'admettre à la rigueur. Mais que le fiancé lui fournisse de la drogue, non !
Surtout qu'il appartient à une drôle de bande, ce fiancé. Et qu'en plus il n'aime pas les filles. Et là, ça devient carrément louche. Parce qu'elle est d'une famille très riche, la petite Gaya.
Alors il fonce, Francis. Beaucoup de bagarres, pas mal de sexe, quelques morts.
Il faut ce qu'il faut : sans ça, elles se rendent pas compte !
Un «Vernon Sullivan» percutant, qui classe sans conteste Boris Vian parmi les classiques du polar noir.