Plus qu'à une Quatrième Révolution industrielle, nous assistons à une Révolution Multivers qui bouleverse en profondeur le quotidien des entreprises et des citoyens. Les progrès fulgurants de l'intelligence artificielle, des Metaverses et des jumeaux numériques repoussent les frontières du possible dans des domaines aussi différents que la médecine du futur, la conquête spatiale, les villes intelligentes, l'informatique quantique ou la transition écologique. Alors que l'avènement d'Internet et du web 2.0 avaient coïncidé avec une digitalisation de nos existences, la Révolution Multivers renverse cette tendance. Grâce aux nouveaux outils de simulation, nos sociétés vont enrichir la maîtrise de leur environnement, étendre le champ des connaissances et optimiser la gestion des ressources disponibles. C'est à la confluence de la sphère digitale et de l'univers physique que se situent toutes ces innovations qui serviront à améliorer le monde réel. À condition d'effectuer les bons choix et les investissements adéquats, l'Europe peut devenir un pôle leader de ce changement de paradigme. Le Vieux Continent a même l'occasion de proposer une alternative aux modèles technologiques chinois et américains en misant davantage sur les énergies propres, la santé, l'éducation et le bien-être individuel. Au moment où les enjeux de souveraineté et d'autonomie stratégique revêtent une importance cruciale, il est urgent d'accélérer ces mutations qui seront non seulement profitables à la compétitivité de notre économie, mais aussi à la vie des citoyens européens.
Consacrés aux figures les plus éloquentes du premier Parnasse français, les quatorze essais regroupés dans ce livre témoignent de cette fonction originale de la littérature dans un contexte particulier : la prose devient affaire d'Etat et lien social, elle irrigue le tissu conjonctif de la nation française.
Du vivant de Molière, ses comédies ont été acclamées, commentées, voire attaquées, sans que nul n'émette le moindre doute sur leur paternité. Mais dans la foulée de la remise en cause de Shakespeare, accusé depuis le XIXe siècle de n'être pas l'auteur de ses pièces, Pierre Louÿs proclama en 1919 que les comédies de Molière avaient été écrites en secret par Pierre Corneille. La faiblesse des arguments de Louÿs fit rapidement oublier l'affaire, mais l'idée d'un complot s'implanta malgré tout dans quelques esprits. L'irruption des « théories alternatives » au XXIe siècle redonna vigueur à cette thèse, et le sentiment que de nombreux mystères entourent Molière s'installa durablement.C'est à tenter de dissiper ces prétendus mystères qu'est consacré le présent ouvrage. Georges Forestier analyse ici l'écart immense qui sépare les manières respectives de Corneille et Molière de composer leurs pièces de théâtre, et rétablit la réalité de leurs rapports. Il propose ce faisant une réflexion sur les processus intellectuels et cognitifs qui font naître et se perpétuer des théories complotistes capables de renverser des vérités attestées.
Cet ouvrage propose pour la première fois une histoire de l'école de Genève à travers l'étude comparée des oeuvres de Georges Poulet, Jean Starobinski et Jean-Pierre Richard. Une première partie retrace l'histoire intellectuelle du groupe à une époque marquée par l'influence de la phénoménologie, puis par la pensée structuraliste, ainsi que par les tensions entre la nouvelle critique et la critique universitaire. Pour ce faire, l'auteure s'appuie abondamment sur la correspondance, en partie inédite, entre ces trois auteurs. Une deuxième partie analyse les textes de Poulet, Starobinski et Richard pour tenter de cerner la spécificité de leur démarche critique au-delà des différentes théories et méthodes auxquelles leurs oeuvres ont pu être associées. L'étude de leurs « gestes critiques » permet d'observer les mouvements de la pensée interprétative et la façon dont celle-ci naît d'une « imagination critique » qui leur est propre et qui caractérise tant leur lecture des textes littéraires que leur écriture critique.
Le parcours social d'Édouard Glissant, l'analyse de sa pensée créatrice et de son discours littéraire développé entre 1950 et 2011, laissent transparaître l'existence de deux moments décisifs dans son traitement de la question du monde et du sujet : entre 1950 et 1981, le « temps du poète », et, entre 1982 et 2011, le « temps du penseur ». Ce parcours s'objective dans des choix qui ont orienté la conception de ses productions textuelles. Ces dernières expriment une poétique discontinue et confirment sa posture de poète et de penseur.
Surplombant l'oeuvre entière, Dans la solitude des champs de coton brille des feux de la rhétorique et retrace le cheminement des corps et des discours à l'orée du lien social, du désir et du rapport à la Cité. Koltès redécouvre le modèle antique de la sophistique pour en tester l'efficacité tragique.
Le présent essai s'interroge sur le sens et la portée d'un tel retour. En croisant anthropologie, philosophie, psychanalyse et sociologie, l'analyse opère un salutaire coup de force, car elle délocalise le regard porté sur l'oeuvre et montre comment la torsion de l'écriture s'empare de cette forme supposée désuète pour la hisser sur la crête de la contemporanéité.
La contrefaçon des procédures de discours empruntées au marché fait ainsi bon ménage avec une rhétorique érotisée qui manque son but mais élève les esprits et les coeurs. Partage difficile entre la « blague » et le sérieux, qui témoigne d'une très actuelle manipulation des valeurs.
Les rapports entre fiction et théorie ont été multiples, et ils intéressent l'historien de la philosophie comme celui de la littérature. Le présent volume s'est efforcé d'explorer cette diversité en partant des fictions cartésiennes de l'origine et en s'arrêtant à ce qui fut sans doute, en pleine tourmente révolutionnaire fut-ce un hasard ? , la première réflexion explicite sur ce thème, à savoir l'Essai sur les fictions de Madame de Staël.
Dans ce parcours, on rencontre ce qu'on pourrait appeler des tendances ou des usages majeurs : d'une part, des artifices élaborés dans le sein même de la théorie pour découvrir la vérité par défaut, c'est-à-dire du fait de l'impuissance à mettre en oeuvre des procédures mieux assurées ; d'autre part, des fictions qu'il s'agit de conjurer de l'extérieur, parce que la raison ne peut se résigner aux flottements indéfinis du scepticisme ; enfin, des histoires que le romancier invente pour faire voler en éclats les fragiles constructions du philosophe.
La commande d'un monument à Balzac, lancée en 1891, obsédera le sculpteur pendant des années. Achevée sept ans plus tard, l'oeuvre va connaître d'autres vicissitudes.
On appellera " démophobie " toute méthode de contournement ou de rejet de la " parole" du peuple qui procède de l'allergie, de l'appréhension ou de la défiance que ce même peuple suscite, qu'on l'estime " ignorant ", victime de ses affects - surafecté ou désaffecté.
Elle est le propre des gouvernements, chaque fois que, confrontés à une contestation ou des revendications " populaires " qui les dérangent, ils commencent par minimiser cette parole ou la discréditer. Mais elle constitue aussi le point commun aveugle des théoriciens qui fustigent les " dérives " de la démocratie et se méfient des élections et de leur résultat, quand ils ne lui refusent pas toute légitimité.
En interrogeant les présupposés de ces pratiques et de ces théories " démophobes ", le présent essai entreprend de redonner son sens au suffrage " populaire " et d'en rétablir les enjeux.
Cet essai a pour objectif d'expliquer le mouvement lettriste, fondé par Isidore Isou (1925-2007) et s'annonçant comme la dernière avant-garde légitime et prometteuse après l'écroulement du surréalisme. Le mouvement a anticipé ou influencé divers mouvements culturels et artistiques comme le situationnisme, le happening, l'art conceptuel...
" L'expérience esthétique, n'est autonome, écrit Adorno, que lorsqu'elle se débarrasse du goût culinaire, la voie qui y conduit passe par le désintéressement.... ", à ce lointain écho de la rupture transcendantale au sein de l'Esthétique du goût, à ce déni pur et simple de la sensibilité et du plaisir " sensuel et grossier ", comme principes du goût , on préfèrera , ici, une présentation non morale, ou non kantienne, de la notion de goût ; une réflexion qui, de Voltaire et Montesquieu à Brillat-Savarin, prend en compte le goût " lui-même " et non seulement sa métaphore ; on cherchera le raffinement et la délicatesse du goût non seulement dans les sphères supérieures de l'existence, mais aussi dans les relations primordiales de la vie, celle de la consommation, de la préparation et de la production, ainsi que le voulait Charles Fourier, (beau) frère de Brillat-Savarin.
Dans les deux essais, ici étudiés, s'impose, en effet, la dimension organique et sensuelle mais néanmoins esthétique du goût, dans les choses de la nature et de l'art. L'Essai sur le goût de Montesquieu et La Physiologie du goût de Brillat-Savarin, témoignent, dans des domaines distincts mais étroitement liés, de l'Esthétique comme " science de la sensibilité ". Par leur rapprochement, on entend montrer que le goût n'est pas une " chose mentale " mais l'affaire de tous les sens, que l'âme qui goûte est l'âme qui sent.
On cherchera à dépasser le divorce, qui semble s'être installé, entre le jugement esthétique et le plaisir esthétique, on tentera par là, de restaurer la continuité entre les deux pôles de la sensibilité gustative et de redonner, par une réévaluation du goût culinaire, une assise réelle, vitale et réconfortante à la notion de goût, comme sentiment délicat.
Prophète et lexicographe, homme de la synthèse géniale et du tâtonnement prudent, diderot, dont les salons fascineront ledoux, balzac, baudelaire et tant d'autres, magnifie dans cet ouvrage le deuil somptueux de toute transparence, de toute transcendance.
Ce texte s'impose par ses dimensions et par la maîtrise du genre dont il témoigne. diderot domine son sujet, il perçoit plus nettement les chemins qui mènent des beaux-arts aux problèmes politiques et à l'interprétation de la nature ; c'est le creuset où se préparent les grandes synthèses des années suivantes.
Nietzsche, le philosophe briseur d'idoles, reste à découvrir, car il se trouve comme enseveli sous des altérations, des mensonges et des falsifications. En fondant à Weimar, en 1897, le Nietzsche Archiv, sa soeur Elisabeth Förster, veuve de l'auteur de la Pétition antisémite de 1880, a entrepris une démarche publicitaire et politique qui devait être marquée par un point culminant : une visite officielle de Hitler, peu après sa prise du pouvoir en 1933. Elisabeth fabrique, sous le titre La Volonté de puissance, une édition tronquée des inédits de son frère. Truquage redoutable envers un Nietzsche qui rejetait avec véhémence « la folie du Reich », la « canaillerie antisémite », le « balourd bavardage aryen » lui qui, très expressément, se déclarait « l'Anti-antisémite ». Dans l'après-guerre, en 1961, le Nietzsche de Heidegger a semblé amorcer une fausse « réhabilitation » nietzschéenne. C'était oublier que ce livre n'est que la suite des Leçons prononcées durant dix années de Reich hitlérien, de 1936 à 1945, par l'auteur de la Profession de foi en Adolf Hitler de novembre 1933. Ces leçons déploient une longue stratégie du discours, par laquelle ce membre du Parti nazi défend avec âpreté ses positions face à un autre clan plus acharné qui, depuis 1934, l'accuse violemment de représenter le « nihilisme métaphysique ». Formule de dénonciation que Heidegger, curieusement, tout en la questionnant comme « aberrante », va reprendre à ses adversaires pour en faire le tournant de sa « seconde philosophie ». Mais en la retournant à contre-sens, et de façon provocatrice, précisément contre Nietzsche. Pour l'introduire de force dans cette « polémique aveugle ». Détournement plus subtil, certes, que celui d'Élisabeth. Mais qui renazifie indûment Nietzsche, sur une autre échelle du discours. Et qui va diffuser un brouillage durable de la pensée nietzschéenne, dans tout l'après-guerre. Il faut donc retrouver le véritable Nietzsche et son attention virulente aux renversements des perspectives. Celui qui, tel Cézanne, recherche la perspective par la couleur par ses pensées multicolores. Le Nietzsche ironique, témoin passionné du voyage vers l'Europe Une, vers le bon Européen qui sait penser extra-européen. Nietzsche déclare la guerre à la paix armée de l'Europe, à la guerre des nations et des empires. À la guerre du criminel écarlate du jeune Hitler et de ses noirs valets. Au Nietzsche contre Wagner s'ajoute ainsi en finale un Nietzsche contre Hitler. Ce Nietzsche-là s'attribuait la prémonition des deux prochains siècles. Il nous reste un siècle encore pour le penser, après l'avoir trouvé. À l'horizon qui, d'Héraclite à Nietzsche, va laisser voir, renarrer et déchiffrer ce que nous faisons en dormant. Dans le cauchemar de l'Histoire. Mais déchiffrement qui compte les enjeux. En cela que Nietzsche nomme déjà le Grand Danger. La gravité des enjeux est ici à la mesure de l'ironie qui les capte. C'est la tâche que s'est donnée Jean Pierre Faye, l'auteur de Langages totalitaires. Elle suit le fil conducteur que trace la rigueur de la philosophie à l'horizon de l'Histoire.
Écrit dans un style alerte, par un écrivain de talent, Darwin parmi les machines adresse aux machines une déclaration de guerre. À première vue, les machines sont nos esclaves et sont un instrument au service de notre domination : elles favorisent l'extension de la vie, la conquête et la maîtrise de la nature brute. Mais elles deviennent bientôt nos rivales dans la lutte pour la suprématie sur terre. Si les machines ne peuvent pas encore se passer de nous pour leur survie et leur reproduction, déjà les humains ne peuvent plus se passer d'elles pour quantité d'opérations voire pour leur propre reproduction. Aussi la question est-elle celle de la co-dépendance ou co-évolution entre humains et machines. Pour bénéficier de l'assistance des machines, n'avons-nous pas abdiqué une grande part de notre autonomie ? Que sont ces machines à qui nous avons confié les clefs de notre survie ? Les machines que nous connaissons aujourd'hui ne sont que la préfiguration grossière de ce que seront les machines de demain. Les machines, prédit Butler, vont évoluer, et bien plus rapidement que les humains : si bien qu'elles finiront par nous dépasser et feront de nous leur bétail.
Ce livre part de l'oeuvre d'Yves Bonnefoy pour interroger un moment cardinal de la poésie moderne, celui de l'épiphanie, cette illumination qui interrompt le cours du temps pour restituer l'unité de l'être et du monde. Les travaux de la philosophie et de l'histoire des religions sont convoqués pour poser la question : est-il naïf de penser que ce qu'Yves Bonnefoy nommait la présence puisse avoir lieu en poésie ? Dans le registre de la représentation et du langage, la présence est analysée ici comme une visée lointaine, mais qui change la parole elle-même, au présent. Le livre soulève un autre problème : l'épiphanie se donne avec une telle intensité qu'Yves Bonnefoy veut fonder sur elle une existence ; mais comment la faire durer ? Et peut-on décider à partir d'elle qu'il y ait de l'être et non pas seulement le néant ou de « vaines formes de la matière » ? Que peut décider la poésie ?
La victime est le héros de notre temps. Être victime donne du prestige, impose l'écoute, promet et promeut la reconnaissance, active un puissant générateur d'identité, de droit et d'estime de soi. Cela protège de toute critique, garantit l'innocence au-delà de tout doute raisonnable. Comment la victime pourrait-elle être coupable, ou même responsable de quelque chose ? Elle n'a rien fait, on lui a fait. Elle n'agit pas, elle subit. Au coeur de la victime s'articulent le manque et la revendication, la faiblesse et la prétention, le désir d'avoir et le désir d'être. Nous ne sommes pas ce que nous sommes, mais ce que nous avons subi, ce que nous pouvons perdre, ce que l'on nous a enlevé.
Il est désormais temps de dépasser ce paradigme qui nous paralyse pour redessiner les contours d'une praxis et d'une action du sujet dans le monde, tourné vers l'avenir et non vers le passé.
Jean Cavaillès (15 mai 1903-17 février 1944) était un philosophe français, héros et l'un des organisateurs de la Résistance, avant d'être fusillé à 40 ans par les nazis.
Une journée d'hommage lui a été consacrée le 17 février 2014 à l'École normale supérieure de Paris. Pierre-Yves Canu, Tommy Murtagh, Hourya Benis Sinaceur, Paul Cortois, Alya Aglan, Baptiste Mélès, Gerhard Heinzmann et Jacques Lautman présentent un Cavaillès indissociablement philosophe et Résistant, explorent les racines de sa pensée, montrent l'actualité de ses concepts.
Jean-Jacques Szczeciniarz et Christian Houzel proposent une analyse du Mouvement de la jeunesse allemand, un historique de la société Les Amis de Jean Cavaillès, éditrice du présent recueil, et deux hommages à celui qui la présida de 1989 à 1995, le mathématicien Henri Cartan.
Il y a un peu plus d'un siècle et demi, en 1857, la censure visait trois auteurs célèbres : Flaubert, Baudelaire et Sue, poursuivis par un même homme : Ernest Pinard, appuyé par un système de censure alors à son apogée. Les circonstances sont probablement inédites dans les annales de l'histoire de la littérature, mais servent toujours de témoignage dès lors qu'Anastasie tente de brandir ses ciseaux. Le responsable de la frénésie moralisatrice de 1857 n'était ni le premier, ni le dernier de son espèce. Jeune procureur aux convictions fluctuantes, mais assez habile pour se hisser à la hauteur de ses ambitions, Ernest Pinard gravit les échelons de la magistrature à la faveur du régime autoritaire et bourgeois de Louis-Napoléon Bonaparte, selon lui parangon du gouvernement idéal.
Qui sont, en 1857, les auteurs victimes du zèle d'Ernest Pinard, et que s'est-il joué précisément dans les procès de Charles Baudelaire, Gustave Flaubert, Eugène Sue ?
Au rêve, Roland Barthes préférait le fantasme. Bien avant Comment vivre ensemble, un fantasme grec et méditerranéen l'a poussé dès 1936 à mettre en scène et à jouer Les Perses d'Eschyle à Paris et à Athènes. Très tôt, Barthes a uni sa passion pour la musique et son goût pour les auteurs anciens, pour Nietzsche, pour Gide, dans une pratique du théâtre originale. Dès lors, et pendant plus de quarante ans, il se tournera vers Platon, Aristote, Eschyle, Sophocle, Pyrrhon, vers Bach, Beethoven, Schumann, Webern, Cage, pour critiquer radicalement la civilisation « gréco-occidentale » au nom de la modernité. De la philologie à la thématique, de l'histoire marxiste de la musique à la sémiologie structurale, de l'ancienne rhétorique à la théorie du Texte, il ne cessera d'aspirer à une subversion de la littérature et de la société sans jamais oublier ni la Grèce ni la musique. À partir d'essais célèbres et de textes inédits ou méconnus jusqu'à présent, le présent ouvrage montre comment Barthes a attribué une place centrale à la Grèce et à la musique dans la contestation des stéréotypes, de l'héritage classique et de la Doxa, afin de produire une nouvelle expérience esthétique, sans trahir la visée éthique qui lui était propre : la quête de la Coïncidence.
Ahmadou Kourouma (1927 - 2003) est l'auteur africain le plus étudié dans les universités du monde entier et celui sur lequel on a écrit le plus. Devenu écrivain pour réparer des injustices, notamment celles de la colonisation en Afrique, il avait affirmé : « Écrire pour moi, ça sert à vider une colère, à relever des défis ». Et c'est bien sur cette affirmation que repose la présente analyse de son deuxième roman, Monnè, outrages et défis. Elle s'articule autour de deux axes différents et pourtant complémentaires. Le premier défi est celui de la dénonciation des méfaits de l'Autre les colonisateurs pour l'invasion de l'Afrique , mais aussi du Soi les Africains pour les politiques africaines du postcolonialisme. Quant au second défi, il passe par la langue du colonisateur, le français, dont Kourouma va casser le lexique et la syntaxe en jouant sur le rythme et l'oralité du malinké, sa langue maternelle. Ainsi langue et histoire s'entremêlent dans une seule oeuvre, comme les couleurs sur un même tableau.
Avec ce colloque, tenu alors qu'Ilya Prigogine (prix Nobel de Chimie) venait d'écrire avec Isabelle Stengers son célèbre ouvrage La Nouvelle Alliance, d'importantes contributions, notamment celles d'Ilya Prigogine lui-même, de Paul Glansdorff et d'Adophe Pacault pour le domaine physico-chimique, celles de Peter Allen et de Jacques Lesourne pour les domaines de la biologie et des systèmes économiques, celles de Félix Guattari, de Serge Moscovici et de Jean Petitot pour le domaine de la philosophie, ont souligné ce qu'il faut appeler quant à la notion du temps un renouveau radical, introduisant les concepts de bifurcations et de structures dissipatives, ce qui a particulièrement mis en lumière l'interaction entre sciences et cultures.