Isabelle, grande bourgeoise confinée à Saint-Lu, appelle ses enfants pour se plaindre de Xav', son mari, entre deux chapitres de La recherche. Franck, caviste intègre et sans filtre, refuse de vendre un Saint-Emilion à un client qui voulait « impressionner beau-papa ». Mélanie, cagole du Midi, alpague des touristes parisiennes qui ont eu le malheur de s'installer sur son banc. Et qu'adviendra-t-il des amours d'Adélaïde et Livio, son épicier italien ?
Tous ces personnages sont écrits, pensés et joués par Lison Daniel sur sa page Instagram « Les caractères », qui connaît un immense succès lors du premier confinement. Chacun a son vocabulaire, sa diction et son histoire qu'on suit de sketch en sketch. On rit aux éclats devant ces archétypes, on s'attache à eux et, parfois, on s'y reconnaît. L'humour moqueur de Lison Daniel est plein d'une tendresse qui n'est pas sans rappeler Riad Sattouf et La vie secrète des jeunes.
Follement douée, elle fait vivre dans ce recueil ses douze protagonistes phares et frappe par la justesse sociologique de son regard. Tout semble plus vrai que nature. Plus qu'une satire, c'est un portrait vif et ludique de la France d'aujourd'hui qui se dessine en creux : une France fragmentée de la diversité régionale, culturelle et sociale. Un livre à mettre entre toutes les mains.
Fasciné par la machine judiciaire comme par les aperçus des replis de l'âme humaine que lui apporte son expérience de juré, l'écrivain André Gide assiste pendant plusieurs semaines à divers procès : affaires de moeurs, infanticide, vols¿ Dans ce texte dense et grave, Gide s'interroge sur la justice et son fonctionnement, mais surtout insiste sur la fragile barrière qui sépare les criminels des honnêtes gens.
Ce recueil rassemble ses chroniques parues dans la revue Le Matricule des anges entre janvier 1996 et août 2012.
Écrire son premier roman en dix minutes par jour est un manuel qui vous propose de vous accompagner, pendant quelques semaines ou quelques mois, dans l'écriture de votre premier roman. L'ouvrage aborde successivement la question de l'angoisse de la page blanche, de la construction des personnages, de la création d'une ligne narrative. Parallèlement aux questions purement techniques liées à l'art de la narration, ce manuel propose un ensemble de conseils pour aider les écrivains en herbe à créer et entretenir l'habitude d'écrire régulièrement. Il propose à la fois une synthèse de recherches récentes sur la psychologie de la création et des connaissances accumulées par les écrivains et scénaristes. Ce texte est la synthèse d'une expérience de près de vingt ans d'animation d'atelier d'écriture.
Bernard Pivot, lecteur professionnel («Apostrophes», Lire, JDD) et sa fille Cécile, ardente lectrice amateur, confrontent leurs raisons, plaisirs et manières de lire, leur usage des livres, dans des textes très personnels, joliment illustrés, où le public des librairies et des bibliothèques retrouvera ses émotions, et celui qui n'ose pas en pousser les portes découvrira stimulations et conseils.
Un tonique et savoureux éloge des écrivains, des livres et de la lecture.
Avant d'écrire, Guy Boley a lu, énormément, en vrac et à l'emporte-pièce, comme tout autodidacte. Puis, un jour, un livre de Pierre Michon, Vies minuscules. Ebloui par ce texte, il est allé le rencontrer, il y a plus de trente ans, dans une librairie, lors d'une séance de signatures. Ils sont devenus amis. Quelques années plus tard, il lui écrit cette lettre, hommage non idolâtre dans lequel il compare le métier d'écrivain à celui qui fut le sien des années durant : funambule.
Qu'ont en commun l'auteur et l'acrobate ? Presque tout de ce qui rend la vie séduisante, dont ceci : chacun doit affronter le vertige, le vide, et le risque de la chute. Parce qu'il a su braver la peur et se relever après s'être brisé maintes fois, Pierre Michon mérite, aux yeux de Guy Boley, le titre de Funambule Majuscule. Il nous dit pourquoi. Mais pour illustrer son propos, il se livre également et partage avec nous ses souvenirs d'un temps où il risquait sa peau en traversant le ciel. Il raconte comment il grimpait des mètres au-dessus du sol pour s'élever et tendre ses cordes d'acier avant de se lancer, et nous invite sur les toits, les clochers, les hauteurs, à le suivre.
Déclaration d'amour, ce court texte est le plus intime de Guy Boley. Il y assume le je pour se confier, se raconter funambule, lecteur et prétendant auteur, mais aussi revenir sur ses rêves utopiques de jeune soixante-huitard ou la mort de son père. Avec une force et une poésie brutes, il nous livre ainsi une confession inédite et une réflexion profonde et terriblement juste sur l'écriture, la littérature, et la beauté que traquent ceux qui la servent encore.
La lettre est suivie de la réponse de Pierre Michon à Guy Boley.
En permettant de découvrir plus largement un Georges Perec commentateur de son oeuvre ainsi que son discours sur la littérature et l'art dans leurs manifestations les plus diverses, les documents ici réunis témoignent de l'émergence et de l'affirmation progressive de l'esthétique de lécrivain, tout en la situant par rapport à l'actualité littéraire, culturelle et sociopolitique de l'époque.
Péguy le mécontemporain (Alain Finkielkraut, 1991), Péguy l'insurgé (Jean Bastaire, 1975), Péguy l'inchrétien (id., 1991), « Péguy philosophe » (Emmanuel Mounier, 1930) : autant d'essais sur Péguy, autant de visages différents. Péguy l'inclassable, assurément (Géraldi Leroy, 2014). Toujours actuel et éclairant à travers les changements de notre société !
Les Cahiers de la Quinzaine restent le modèle indépassable d'une grande revue d'idées : « Je révèle ici un secret de ma gérance, écrivait Péguy : tous les cahiers sont faits pour mécontenter un tiers au moins de la clientèle. Mécontenter, c'est-à-dire heurter, remuer, faire travailler. » Paul Decottignies nous donne accès à l'ensemble d'une oeuvre très vaste et variée, souvent invoquée mais mal connue. Il nous révèle un esprit visionnaire et un maître de liberté, mais aussi un écrivain brillant autant qu'insolent.
« Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est le maître du curé comme il est le maître du philosophe. [...] Et il est le maître de l'État comme il est le maître de l'école. Et il est le maître du public comme il est le maître du privé. » À l'aube du XXe siècle, quel philosophe, quel écrivain a mieux senti que Péguy ce qui allait se jouer ?
Et sur lui pourtant que d'idées fausses ! Péguy le catholique : mais il se maria civilement, ne fit pas baptiser ses enfants et la presse catholique l'avait en horreur ! Péguy le conservateur : mais il fut socialiste toute sa vie, et avec quelle ardeur ! Péguy l'intellectuel : mais, resté profondément provincial, il vomissait l'intelligentsia parisienne. À qui le comparer sinon à un Pasolini, pétri lui aussi de paradoxes, poly-graphe et militant, scandaleux et assoiffé de vérité !
« Un petit homme brusque et pressé, toujours pressé [...], le regard tendu de bas en haut, comme un taureau [...], le souffle court et le parler égal, pressé et saccadé [...]. C'était un homme à congestions. » C'est ainsi que le décrit Romain Rolland. La vie de Péguy semble faite tout entière d'étapes successives et contra-dictoires : « L'homme qui veut demeurer fidèle à la vérité doit se faire incessamment infidèle à toutes les inces-santes, successives, infatigables renaissantes erreurs. ».
Découvrir Péguy dans sa profonde fidélité comme dans ses impatiences, tel est l'objet de cet Ainsi parlait Péguy. Nul auteur pour lequel l'approche originale de cette collection se révèle aussi efficace. Faire découvrir « Péguy l'hérétique » (titre de sa préface), telle est ici la réussite de Paul Decottignies.
L'idée de cet ouvrage est née de l'activité de vulgarisation de l'auteur, docteur en linguistique ancienne, sur les réseaux sociaux : Hugo Blanchet y a en effet constaté aussi bien l'intérêt que le public peut porter aux origines des mots que l'étonnement suscité par de curieuses étymologies. La langue française, au cours de son histoire, s'est enrichie de nombreux mots d'origines variées, de ses racines latines, gauloises ou germaniques jusqu'à l'arabe, l'hébreu, le persan, le sanskrit, etc.
L'origine de certains emprunts est encore perceptible dans le vocabulaire courant mais, pour beaucoup d'autres, cette origine et le cheminement souvent insoupçonné de ces mots ont été comme effacés par l'usage qui en est fait. Par exemple, comment penser que cidre ou mesquin viennent d'une langue de la Mésopotamie de l'âge du bronze, que barge remonte aux hiéroglyphes de l'égyptien ancien, ou qu'une ville de la Palestine antique se cache derrière l'échalote ? Cet Abécédaire illustré des mots voyageurs n'est pas une simple approche lexicale : les études de l'auteur en linguistique comparée lui permettent, grâce aux données les plus récentes de la phonétique et de la morphologie historiques, d'aborder non seulement l'origine mais aussi l'arborescence multiple que portent souvent les mots les plus communs de notre vocabulaire.
Le choix de ces mots voyageurs entre ainsi dans une démarche originale, une suite de Flâneries étymologiques où les illustrations d'Anouck Ferri accompagnent merveilleusement cette invitation à un voyage inattendu.
Par où commencer ?
Premières démarches, outils indispensables : adoptez d'emblée les bons réflexes.
Toutes nos astuces et recommandations pour bien se repérer dans les archives.
Les meilleures sources, et comment s'appuyer sur Internet.
Trouver les bonnes informations... et déjouer les pièges !
Cette édition enrichie reprend tous les éléments qui en ont fait le succès depuis sa parution : elle vous guide pas à pas dans les étapes essentielles, vous donne toutes les clefs de méthodologie, et les assortit de nombreux outils précieux : des conseils pratiques en encadré, des astuces très lisibles en notes de marge, le carnet des adresses incontournables ainsi que de nombreuses annexes que vous pourrez vous approprier, y compris un arbre généalogique à remplir au fur et à mesure de votre enquête.
Textes à lire à voix haute réunit les textes de quinze auteur·ices contemporain·es brésilien·nes qui abordent les notions de soin et de privilège, dans une perspective de critique transféministe, antiraciste et décoloniale.
Indépendant, politique et poétique, l'ouvrage assemble des poèmes, chansons, essais, pièces de théâtre, manifestes, performances et autres formes littéraires hybrides, orales et/ou écrites traduites pour la première fois du portugais au français.
Le recueil est composé de textes choisis par les commissaires d'exposition et chercheuses abigail Campos Leal, Cintía Guedes et Diane Lima, toutes trois impliquées dans la mise en place de pratiques décoloniales et non hétérocisnormatives dans l'art contemporain, les milieux universitaires et mouvements autogérés brésiliens.
Textes à lire à voix haute est mené sous l'impulsion du collectif de traduction Brasa - Luana Almeida, Valentina D'Avenia, Léa Katharina Meier, aurore/a zachayus. Toutes les quatre ont écrit la postface du recueil et composé le glossaire qui l'accompagne.
Les Habits neufs du président Mao (1971) et Ombres chinoises (1974) firent la célébrité de Simon Leys. À contre-courant d'une époque dominée par la Révolution culturelle et le mouvement de Mai 68, il y dénonçait le premier les horreurs du maoïsme. Mais Leys ne fut pas qu'un pamphlétaire. Historien d'art formé auprès de maîtres chinois, il aurait voulu devenir peintre et signa, sous le nom de Pierre Ryckmans, des textes de sinologie classique qui firent date. Il fut en outre critique littéraire, essayiste et écrivain dans trois mondes linguistiques différents:quand il commença à publier en anglais, il était déjà un auteur de langues française et chinoise. Simon Leys entretint dès l'adolescence une passion dévorante pour la mer. Navigateur sur les océans comme entre les pays - la Belgique où il naquit et étudia, la France où il fut édité, l'Australie où il s'établit et enseigna, la Chine où il a puisé sa «nourriture de vie» -, Leys le fut également entre les cultures. Cette première biographie de Simon Leys s'appuie sur une abondante correspondance avec lui et des écrits inédits.
Le livre rassemble une sélection des articles les plus influents du journaliste afro-américain Ta-Nehisi Coates parus sous la présidence de Barack Obama (2009-2017) dans The Atlantic, un mensuel culturel américain fondé en 1857 dont il est l'un des correspondants. Ces articles ont fait de lui l'intellectuel noir le plus en vue de sa génération.
Se replongeant dans l'histoire américaine, l'auteur met en évidence ces moments d'émancipation et d'espoir suivi d'une violente régression. En cause, le racisme, la violence, l'inégalité et la pauvreté.
Le livre est à la fois, un témoignage sur le temps présent américain et une réflexion sur ses paradoxes.
Les huit chapitres de ce livre soulèvent, la question relative à la terrible crainte de l'Amérique, du « Nègre respectable » et du « bon Gouvernement nègre ». Abstraits et inoffensifs, les Blancs s'en accommodent. Comme dans le Cosby Show par exemple. La peur s'installe lorsque le « bon Gouvernement nègre » prétend exercer une autorité sur les Blancs, provoquant, la mise en cause de la discrimination positive et la remise en cause de la nationalité américaine d'Obama.
Ta-Nehisi Coates est un écrivain et journaliste américain né le 30 septembre 1975 à Baltimore (Maryland). Il est correspondant du journal The Atlantic où il couvre les affaires nationales, et s'intéresse particulièrement aux violences raciales. Il est lauréat du Prix Hillman pour le journalisme d'opinion et d'analyse (2012) et du George Polk Award (2014) pour son article « The Case for Reparations » publié dans The Atlantic en juin 2014.
Ta-Nehisi Coates est considéré comme l'un des penseurs afro-américains les plus influents de sa génération. Son livre Between The World And Me, a été classé numéro 1 sur la liste des Bestsellers du New York Times en 2015 et 2016, et traduit en une vingtaine de langues dont le français, avec plus d'1.5 million d'exemplaires vendus dans le monde, il a obtenu le National Book Award en 2015 pour ce livre.
Pour répondre à la douleur des enfants d'Arménie, voici un beau livre mêlant leurs dessins et des lettres d'artistes et d'écrivains engagés pour que le bruit des bombes et les horreurs de la guerre cessent enfin.
Marie-Claire Margossian est, après avoir été directrice des programmes de la chaîne Ciné+ Classic de Canal+ pendant quinze ans. Française jusqu'au bout des ongles, elle n'a pas oublié qu'elle est aussi arménienne. Une identité qu'elle a toujours portée en elle avec fierté, sans jamais l'interroger... jusqu'au jour où le conflit dans le Haut-Karabakh a éclaté. « Alors, on s'est souvenu de ce que voulait dire être arméniens, tel un second réveil. L'histoire semble se répéter et c'est le martyre de nos grands-parents, leurs récits de souffrance qui, cruellement, se rappellent à nous. Et on a crié notre douleur face à cette guerre sanglante. Chacun d'entre nous a retrouvé son âme d'enfant. » C'est justement aux enfants d'Arménie que M.-C. Margossian a voulu donner la parole. Ceux qui ont vécu cette guerre dans leur chair. Qui ont perdu des proches, ont vu leur village attaqué ou bombardé. Elle a appelé les écoles une à une pour faire dessiner les élèves, afin qu'ils donnent vie à leur Arménie. Le dessin est là-bas une véritable institution. Les oeuvres de ces jeunes artistes âgés de 4 à 15 ans sont inoubliables. Elles mêlent les couleurs chatoyantes de l'Arménie à l'acier de la guerre et au rouge du sang.
Arménie, les enfants de la guerre est ainsi la voix de ces enfants innocents touchés par la violence, dans une quasi-indifférence internationale. Peu de plumes vaillantes sont allées sur le terrain. Jean-Christophe Buisson a été l'une d'entre elles, aussi sa préface était-elle une évidence. À ses côtés, des artistes et intellectuels disent leur soutien à ces enfants du courage, dans des lettres poignantes et authentiques.Avec des contributions d'Antoine Agoudjian, Essaï Altounian, Ariane Ascaride, Serge Avédikian, Nicolas Aznavour, Youri Djorkaeff, Sophie Fontanel, Macha Gharibian, David Haroutunian, Pascal Légitimus, Andreï Makine, André Manoukian, Jacky Nercessian, Michel Onfray, Astrig Siranossian et Valérie Toranian.
Trois euros par ouvrage vendu seront reversés et partagés entre l'Association Aznavour et Santé Arménie, qui soutiennent les victimes du conflit en Arménie.
Stefan Zweig, l'auteur de 24 heures de la vie d'une femme et du Joueur d'échecs, adressa le manuscrit du Monde d'hier à son éditeur la veille de son suicide, en 1942. Au-delà du récit de sa vie, Zweig fait un formidable livre d'histoire, de géographie, un livre d'art, la narration d'un grand voyage qui le mena de la Vienne de 1900 au Paris de Montparnasse, du Berlin des années 1920 au Londres de 1940 -un chef-d'oeuvre. Ce fin connaisseur de l'âme humaine y dresse également le portrait de tous les grands hommes qu'il croisa, de Freud à Mahler, d'Einstein à Klimt, en passant par Rilke, Rodin, Dalí...
C'est enfin la description des bouleversements dont Zweig a été le témoin, autant que la victime (la MittelEurope de 1900, le grand massacre de 1914-1918, la renaissance de l'Europe après-guerre, les espoirs suscités par la République de Weimar, les craintes du Moscou de Staline, l'ascension du nazisme). Le Monde d'hier est bel et bien la biographie du tournant du XXe siècle. De ce document unique et foisonnant, Laurent Seksik a rêvé de faire un beau livre, de marcher dans les pas de l'auteur en montrant ce que Zweig a vu. Des passages entiers du livre choisis avec soin seront ainsi illustrés de photographies et de documents d'époque (avec l'accès aux Archives Zweig de l'Université de l'État de New York), introduits et commentés par Laurent Seksik.
Le texte se définit lui-même comme un monstre : « Le monstre s'est appelé d'abord Putain, maman ! Puis Corps à corps, puis Feu ! Pour devenir enfin L'eau du bain ». Le poète plonge le lecteur dans les méandres de la maternité avec une liberté, un humour et une audace entièrement inédits. L'écriture brève, fragmentaire, la recherche du discontinu et de la cassure permettent le jaillissement d'intuitions toujours mises à l'épreuve de l'expérience. Usant de véhémence, la succession de petites phrases, la menace, le sarcasme produisent l'impression de la mitraille. Rim Battal n'hésite pas à user de syllogisme pour créer une alliance entre poème et théorème proche de la rhétorique classique. A la manière des Essais, la poète, Sisyphe en escarpin, constate, tente de comprendre et de trouver le mot juste pour dire le corps, le désir, la colère, le tire-lait, le placenta, les boulettes de Kefta, la génétique, l'épuisement...
La maternité est politique et le poème seul permet cette union de l'intime et de l'universel. Comme un rap abrasif, l'écriture acide de Rim Battal délivre une pensée dont la singularité appelle les métaphores pour pouvoir éclore et se sublimer. « Première hâte de grossesse : voir se défaire ce noeud que ma mère a noué il y a trente ans. Le nombril du neuvième mois est une nudité totale » Les coupures brillent d'un éclat minéral et révèlent la nécessité pour le poète de dépasser l'ordre biologique et l'éternel retour de toutes choses en donnant naissance à un texte nécessairement monstrueux, dionysiaque, inactuel, intempestif, grotesque et sublime.
Ouvrage récompensé du Prix Révélation de Poésie de la SGDL 2020.
De 1998 à la veille de sa mort, au tout début de l'année 2015, le poète et écrivain Yves Rouquette a livré, toutes les semaines, une chronique à La Dépêche du Midi, qui la faisait paraître le dimanche, sous le titre ? Accent d'Oc ?. La présente parution rassemble l'essentiel des chroniques parues en 2013 et 2014, selon un principe immuable :
Le jeudi, La Dépêche donnait à Yves Rouquette le sujet qui ferait l'objet de la page magazine du dimanche suivant. L'écrivain disposait alors de 24 à 48 heures pour concocter son texte, puisant dans ses souvenirs et sa bibliothèque, parfois se rendant à la bibliothèque municipale de Camarès, son village, pour se documenter sur le sujet. On peut dire que ces chroniques sont celles d'un homme qui ignorait quasiment l'existence d'internet et des bases de données numériques.
Son enfance à Sète et dans l'Aveyron, les origines paysannes de sa famille, son engagement au service de langue d'Oc, son expérience de professeur de lettres classiques, son immense culture, sa fascination pour les musées ou la photographie, ses amitiés, sa vie quotidienne aux côtés de l'écrivain Marie Rouanet durant plus de 50 ans, son regard critique sur la marche du monde : tels étaient les principaux ingrédients de cet exercice hebdomadaire effectué à la main, sur du papier quadrillé, puis faxé au journal. Entre coups de c?ur et coups de gueule, ces textes témoignent d'une subjectivité éclairée et totalement assumée, et lui valaient un abondant courrier de lecteurs auquel il répondait scrupuleusement.
Le temps arrêté, suspendu, privilégié, celui de la conversation, des questions que l'on tente et des réponses que l'on cherche; ce temps des moments à jamais perdus et pourtant ineffaçables puisqu'ils vivent pour toujours dans la mémoire.
Daniel : J'ai une chose irréductible qui montre que je ne suis pas très acteur : il y a des rôles que je ne veux pas jouer. Il y a certaines énergies que je ne veux plus jouer. Même affamé, même sans travail.
Ça a été toute ma vie comme ça. Je n'ai pu échapper à ces choses-là qu'au théâtre. C'est très prétentieux à dire, c'est malveillant, c'est malodorant, c'est petit de ma part : je veux avoir une passion pour les choses que je fais. Dès qu'on me propose un rôle qui m'emmerde, je dis non tout de suite, je ne veux pas me conformer à la convention que les autres veulent avoir de moi.
C'est la bataille que j'ai menée toute ma vie.
Frédéric : Tu me disais un jour avec énormément d'humour et de légèreté : " Vous vous rendez compte, un espion qui aurait ma tête...
Daniel : ... on le découvrirait tout de suite. " (...)
« Ah ! Oui alors ! Parlons-en de la poésie ! ». Et des poètes. Ce que Georges Cathalo fait avec compétence, causticité et humour. À la manière des « moralistes » du XVII° siècle français (Pascal, La Bruyère,.) dont il renouvelle la langue tout en reprenant à son compte les qualités d'exigence, de précision et de clarté. Ses « Bestioleries poétiques » se lisent d'un trait tout d'abord, et puis on revient sur tel ou tel aphorisme pour en apprécier davantage soit la flèche dans la cible, soit le tracé d'un « caractère » auquel il taille un costume sur mesure, soit encore la saveur de la formule pour le plaisir de la langue.
Une anthologie qui rassemble 100 sagesses de Virginia Woolf sur l'amour, la littérature, le féminisme, le travail, le vieillissement, la nourriture, l'authenticité, la nature, la vérité, le bonheur, dans un élégant petit format.
Femme engagée, Assita Kanko publie un livre conforme en tous points à sa bouillonnante personnalité : un plaidoyer vigoureux et convaincant pour un nouveau féminisme. Quiconque n'a pas encore entendu parler d'Assita Kanko, ne pourra plus l'ignorer après la publication de ce livre. Dans La deuxième moitié, cette Belgo-Burkinabé confronte ses expériences personnelles à la dure réalité du sort des femmes dans notre société. D'où son constat sans appel et son message pressant : les femmes, «La deuxième moitié », ne sont toujours pas considérées et traitées à leur juste valeur. Kanko aborde de nombreux thèmes, du plafond de verre à la violence domestique, mais aussi à l'excision dont elle a elle-même été victime dans son pays natal, le Burkina Faso. Le résultat est un appel auquel personne ne pourra rester sourd.
Attention, amis lecteurs, cet ouvrage appartient à un genre en voie de disparition : le journalisme ! Et ce d'autant plus qu'il traite de la République bolivarienne du Venezuela. Cette nation n'a pas très bonne presse, vous en conviendrez. Le ton généralement emprunté pour évoquer Hugo Chávez, feu son président, ou Nicolás Maduro, l'actuel chef de l'État, est méprisant dans le meilleur des cas, hostile le plus souvent, accusateur presque systématiquement.
[...] En plongeant dans le grand fleuve de la réalité, Geraldina Colotti cherche à échapper au brouillard des préjugés et à comprendre la logique de la « révolution » qui, depuis la fin 1998, mélange de nationalisme populaire, de théologie de la libération, de courants marxistes-léninistes, de cultures paysanne et indigènes, agite et transforme ce pays.
[...] Elle prend le vent, arpente le terrain, pose des questions, tâte les pouls. Forte de ce qu'elle observe entre rues résidentielles bordées de palmiers et baraques délabrées des ranchitos de Caracas, pueblos cloqués en bordure de champs et étroites vallées andines, elle va incontestablement à contre-courant. Sans complaisance, mais sans préjugés, elle lève un coin de voile sur la nature exacte de cette révolution.
(Extraits de la préface de Maurice Lemoine) Dans ce livre, ce sont les « invisibles » qui parlent : des femmes et des hommes de toutes les couches populaires, devenus protagonistes au pied levé. Les Taupes de la Révolution bolivarienne qui, inlassablement, creusent jusqu'à faire éclater la croûte terrestre qui leur masque le soleil.
(Extrait de l'introduction)
«Rêver c'est penser et c'est penser d'une façon beaucoup plus profonde, plus vraie, plus authentique parce que l'on est comme replié sur soi-même. Le rêve est une sorte de méditation, de recueillement. Il est une pensée en images. Quelquefois il est extrêmement révélateur, cruel. Il est d'une évidence lumineuse.Pour quelqu'un qui fait du théâtre, le rêve peut être considéré comme un événement essentiellement dramatique. Le rêve, c'est le drame même. En rêve, on est toujours en situation. Bref, je crois que le rêve est à la fois une pensée lucide, plus lucide qu'à l'état de veille, une pensée en images et qu'il est déjà du théâtre, qu'il est toujours un drame puisqu'on y est toujours en situation.»«Vingt ans après», ou presque. C'est en 1977, en effet, qu'Eugène Ionesco accorda ces Entretiens à Claude Bonnefoy. Malgré l'écart temporel, se dessine un Ionesco très proche, vivant, contradictoire, s'expliquant et s'interrogeant sur l'écriture théâtrale et romanesque, sur les liens entre le rêve, la création et la vie. À la fois sceptique et plein d'espoir, un homme en questions sur le rôle de la littérature et du théâtre dans la vie d'un écrivain, dans la vie d'un homme.
Il n'est pas facile aujourd'hui d'avoir un peu d'intimité avec soi, les temps ne sont plus romantiques. Peut-être ai-je succombé au sursaut d'un coupable amour-propre en me livrant une dernière fois au plaisir d'écrire.
Ce livre n'est ni un roman, ni des mémoires, ni un ouvrage politique ou philosophique, un essai peut-être, encore qu'il soit bien tard pour moi de m'y risquer. En somme inclassable.
Simple Témoin n'est prometteur que pour ceux qui savent que présent et passé sont indissociables.
Un témoignage certes est toujours contestable.
Le ressenti des évènements peut être di èrent pour chacun, testis unus testis nullus, mais la controverse enrichit la pensée, le lecteur y trouvera ample matière .