Le « jeunisme » de nos sociétés traduit un engouement toujours vif pour la jeunesse, mais son avers reste vivace d'une jeunesse délinquante et dangereuse, affublée du nouveau vocable de « jeunes des banlieues ». Mouvante, protéiforme, transitionnelle, la jeunesse est conditionnée par les contextes sociétaux et les politiques publiques. Il n'existe pas de définition unique de la jeunesse, pas de bornes d'âge certaines, pas plus en France qu'en Europe.
Les conditions de vie des jeunes, leurs modes d'insertion sur le marché du travail, leurs pratiques sportives et culturelles sont diverses, en dépit de convergences générationnelles. Après la démocratisation de l'enseignement qui a favorisé l'émergence d'une culture juvénile, l'apparition d'un chômage de masse a profondément altéré le mode de passage à la vie adulte, allongeant le temps de la jeunesse, même si le mouvement semble trouver ses limites. Face à un système économique en crise, la société a institué une précarité propre aux jeunes et s'en remet aux familles, au risque de creuser les inégalités sociales.
Si la cohabitation avec les parents se passe dans un climat plutôt serein, la précarité des premiers temps de la vie active, l'enchérissement des logements, les difficultés d'accès à une mobilité autonome, souvent tributaire du permis de conduire en grande couronne, vouent un grand nombre de jeunes Franciliens, davantage les non diplômés ou les peu qualifiés, à l'insécurité économique au moment de gagner leur autonomie.