À propos

Certaines personnes qualifient Star Wars de bande dessinée, et je ne m'en formalise pas. Tout comme le pop art, la bande dessinée a une tradition. Une tradition qui nous renvoie aux cavernes, et nous propulse -à mon avis- dans les étranges labyrinthes d'oeuvres aussi indéniablement intéressantes que celle de Druillet. Car le fait est que la bande dessinée n'est pas un support comique à part entière. Elle peut, aux yeux de ses "adeptes", toucher parfois au plus sérieux. Si la bande dessinée telle que l'imaginent des gens comme Druillet apparaît encore moins comique aujourd'hui, c'est parce que la naïveté des jeunes, l'innocence de leurs rêves vont s'amenuisant. Il y a eu une rapide croissance cosmique. Il n'est donc pas surprenant que les enfants se tournent aujourd'hui vers des interprètes de leurs fictions, psychologiquement plus complexes, vers quelqu'un comme Druillet, qui ouvre la voie à toutes sortes de visions étranges. La vérité est qu'à une époque où nous supportons mal l'illusion quotidienne, nous en savons encore peu sur ce qui existe au-delà, dans d'autres environnements. Pourtant, nous attendons des sondes qu'elles nous révèlent l'existence d'une forme de vie sur Mars, tandis que de Vénus nous parviennent des images qui passionnent les scientifiques. Mais pour un monde en attente, avide d'espoir, cela ne procure qu'un embarras éclairé d'une brève expectative, ce qui ne soulage guère l'impatience de nos rêves. Car tout le reste n'est que chimères, tout le reste n'est que rêves, et ces rêves appartiennent en propre à chacun d'entre nous ; ils lui collent à la peau, aussi solidement que sa personnalité secrète. Certains rêveurs vont plus loin, voilà tout, et leurs fantasmes les entraînent aux confins de l'imaginaire. Philippe Druillet est de ceux-là. Ses rêves ont été publiés sous forme de recueils, Délirius, Yragael, Urm le fou... à travers lesquels leur est rendu un culte singulier. Ses légendes barbares n'ont pas fini de me fasciner, et je le considère comme un superbe illustrateur, doué d'une puissante vision créatrice. Devant l'âpre symbolique qui traduit l'horreur et la violence de ses univers infernaux, on pense souvent à Blake, de même que saute aux yeux l'inspiration gothique de ses architectures émaciées. J'aime ses misérables, consumés du désir démoniaque de posséder le pouvoir absolu, et plus encore ses héros, héritiers des sagas nordiques. On me dira que c'est de la folie pure, et d'une certaine manière on aura raison. Mais si le monde qui nous entoure est sain d'esprit, alors je mesens solidaire de Druillet, sur qui tôt ou tard s'abattra le courroux divin. Comme sur tous les authentiques créateurs.


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  • Auteur(s)

    Philippe Druillet

  • Éditeur

    Glénat

  • Distributeur

    Hachette

  • Date de parution

    22/01/2003

  • EAN

    9782226135391

  • Disponibilité

    Manque sans date

  • Nombre de pages

    88 Pages

  • Longueur

    32.5 cm

  • Largeur

    24.5 cm

  • Épaisseur

    32.5 cm

  • Poids

    861 g

  • Support principal

    Grand format

Philippe Druillet

Philippe Druillet est né en 1944 à Toulouse. C'est un artiste complet, protéiforme et précurseur dans de nombreux domaines.Dès 1966, la création du personnage de Lone Sloane marque une rupture dans le paysage de la bande dessinée mondiale. Au fil de parutions (La Nuit, Delirius, Yragaël, Urm le fou, Salammbô.) et de coups d'éclat restés fameux (Avec Jean Giraud/Moëbius, il claque la porte du journal "Pilote" en 1974 pour devenir l'un des fondateurs de "Métal Hurlant" et de la maison d'édition Les Humanoïdes Associés), il va faire exploser les cadres traditionnels du médium BD, et influencera durablement plusieurs générations d'auteurs.Mais ses talents ne s'arrêtent pas là : depuis ses débuts, Druillet s'est toujours plu à emprunter les passerelles tendues entre les différentes formes d'expression artistique. Il a ainsi exploré avec réussite des domaines aussi divers que la photographie - son premier métier -, la peinture, la sculpture, l'opéra-rock, l'architecture ou l'infographie. En 1996, il réalise le court métrage en images de synthèse, La Bataille de Salammbô, spectacle multimédia. En 2005, il conçoit la totalité des décors de la mini-série télévisée Les Rois Maudits de Josée Dayan. Parmi de nombreuses récompenses, il est honoré en 1988 du Grand Prix de la Ville d'Angoulême, puis est élevé au rang de Commandeur des Arts et Lettres en 1998. Une exposition rétrospective de l'ensemble de son oevre sera proposée à la rentrée 2011 à Paris.

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